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13/10/2008

L'empire des Larmes

Je reviens un instant sur une des lectures de l’été, une parenthèse Saga, plaisir lyrique qu’il faut savoir savourer à son heure…

Il s'agit d'un ouvrage en deux volumes, regroupés sous le titre commun de L’Empire des Larmes.
Cet empire, au sens propre c’est celui du Milieu, la Chine du XIXe siècle, où l’auteur José Frèches nous emmène à la découverte de la colonisation économique du pays par un autre empire, celui de la Couronne Britannique. En considérant la seconde partie du titre, le lecteur prendra la mesure des ravages engendrés par l’asservissement des chinois à une oppression d'un genre très particulier...
l’impérialisme britannique passe par l’introduction massive de l’opium sur le territoire chinois, en provenance des Indes le plus souvent, et revendu massivement à un peuple misérable, dans une Chine ravagée par la corruption et la déliquescence du régime impérial. L’action se déroule sur presque trente ans, c’est le principe d’une Saga, et nous permet de suivre les destinés de personnages très divers.

Le premier tome de l'ouvrage, la guerre de l'opium, commence en 1847 et dresse le tableau de cette page d'Histoire. La première intrigue se noue autour d'une famille anglaise expatriée en Chine pour faire fortune dans le commerce de pianos, et se venger d’un sort difficile. Mais l’Eldorado s’avère pourri et les chinois définitivement imperméables à la musique occidentale. Premier fil à dévider, nous suivons la descente aux enfers de cette famille, la mort du père, la contrition de la mère et son ultime sacrifice, le courage et la vertu de la fille Laura, qui prend en charge son frère trisomique en dépit des difficultés où la fratrie se trouve engluée. C’est le destin de Laura qui dévide la pelote, en rencontrant La Pierre de Lune, fils caché de l’Empereur Mandchou Daoguang. Le jeune homme est menacé de mort par de cupides conseillers mais ignore le péril qui le guette. La Pierre de Lune et Laura s’aiment et leur lien dessine la trajectoire de l’intrigue : bien sûr leur amour est contrarié, les amants se perdent et se cherchent jusqu’au dénouement du second volet. En parallèle se noue une autre idylle hors norme, celle du Prince Tang avec une jeune paysanne contorsionniste qu’il sauve du Gynécée impérial. D’abord rallié au pouvoir par confort, ce personnage change son système de valeurs en rencontrant l’Amour en la personne de Jasmin Éthéré, se déclare félon au pouvoir et entre en résistance. Mais pas plus que la jeune Anglaise et le Bâtard Impérial, le prince ne pourra conserver près de lui sa paysanne. Car ces amours-là reposent sur des mésalliances, la pureté de leurs liens s’affranchit des tabous victoriens et impériaux, sur fond d’évangélisation forcée, de manipulations politiques, de détournements d’objets précieux. José Frèches observe un schéma romanesque assez classique : ses personnages « purs » évoluent parmi les représentants de la lie morale. Le portrait de l’Angleterre victorienne est peu flatteur : à travers la Compagnie des Indes et les corporations marchandes, les représentants diplomatiques de la Couronne, les ordres religieux plus affidés aux trafics de Biens qu’à la transmission de leur foi, l’Europe civilisée apparaît plus dépravée encore que le pouvoir impérial chinois, pourtant roulé dans la fange de la décadence absolue. Isolé de tous et tout, l’empereur n’est plus que la marionnette de ses conseillers cupides qui s’affrontent par clans. Au point de ne plus se souvenir d’avoir abandonné son fils…

Le second volet de l’ouvrage, le sac du palais d’été, nous permet de suivre les épisodes d’une guerre interne, la rébellion contre le pouvoir Mandchou menée par Hong, un curieux illuminé passé par la case évangélisation avant de s’investir en Christ rédempteur. Dans ce contexte de guerre civile Laura se retrouve mêlée à ce groupe de partisan qui la protège plus ou moins, elle, son frère débile et l’enfant qu’elle a eu de La Pierre de Lune. Tandis que les péripéties des combats se succèdent, le destin du fils caché de l'Empereur connaît de sinistres rebondissements, sa mère,concubine "libre", réapparaît pour le sauver, mais elle meurt victime des eunuques, qui craignent que cet héritier improbable ne contrecarre leur influence. Violence et passion constituent la toile de fond de ce second roman, folie meurtrière et destructrice, Laura est contrainte de fuir la société des rebelles, rencontre des pirates japonais, manque périr dans un naufrage, tandis que la Pierre de Lune est victime à son tour de brigands rebelles… Voilà pour l'essentiel des péripéties et la menée d'un suspense à rebondissements multiples. Les personnages sont dessinés à grands traits, ils s'apparentent aux archétypes romanesques monoblocs: héroïsme, droiture , félonie ou cupidité . Peu donc de psychologie dans les déchirements que vivent les personnages, mais de nombreuses figures secondaires emblématiques du genre. Du jésuite affairiste au barbare chef de la rébellion, celui-ci étant par ailleurs le personnage secondaire le plus original et le plus fascinant.
Le sac du Palais d’été dessine la fin d’une dynastie, l’achèvement d’une civilisation usée de l’intérieur, ce qui l’affaiblit contre les dangers venus d’ailleurs. Rongé de misère, miné par l’opium et la veulerie, courbé sous les caprices de la corruption, L’Empire du Milieu sombre sous les coups de l’autre Empire, celui des Britanniques représentant un monde tout aussi sournois, cupide et vain. José Frèches construit de ces deux sociétés un portrait cruel qui nous éclaire peut-être sur le fossé qui persiste entre Asie et Occident.

José Frèches a écrit d’autres ouvrages sur la Chine et son histoire, ce roman, manifestement très documenté, apporte un éclairage particulier sur un pan de notre propre passé, guère glorieux. Voilà un intérêt qui n’est pas des moindres. La Saga romanesque convient à merveille aux séances de lecture cocoonage, petite gourmandise que les soirées fraîchissantes autorisent autant que les siestes- lecture à l’ombre de la piscine… Ne boudons pas ce plaisir.

L'empire des Larmes, de José Frèches , tome 1: la guerre de l'opium, tome 2: le sac du palais d'été, édition XO, année 2006.
Lien avec le site de l'auteur pour apprécier sa culture asiatique:http://www.josefreches.com/ouvrages.php

12/10/2008

Venimeuses

Ou encore:
"Ce que Carla doit endurer!"*


Longtemps sourde muette et aveugle à ce si puissant ressort humain, j'ai attendu ma cinquième décennie pour m'y frotter le cuir…Et alors là, je vais vous dire: ça pique, ça racle, ça mord et ça brûle. En un mot ça agace et ça détruit.
Oh les situations sont multiples! J'ai caressé un temps l'envie tenace d'en dresser un répertoire, une suite de "Caractères" en belles Lettres, celle-ci avec ses amitiés inventées, celle-là avec l'inventaire de ses vacheries distillées au compte-gouttes,parfois par personnes interposées, celui-là encore avec ses envies et sa mauvaise foi, toutes les remarques hypocrites et les ficelles coupe-jarret.
Et puis à quoi bon tomber dans le piège de leur accorder tant d'importance, à ses faux dévots de l'amitié, à ces pissent-vinaigre familiaux, à ces despotes racornis sur un rêve d'allégeance, fondé sur qui, sur quoi?
Tout est prétexte aux jaloux: une amitié qui se crée sous leurs yeux, quelques kilos de moins sur les hanches qui pèsent sur le coeur en face, quelques compliments trop publics, un meuble en héritage ou même un malheur dont on parle et un Bonheur qu'on reconstruit, crime suprême!… La palette est vaste, infinie pourrait-on dire, et presque personne n'y échappe.
Alors sans règlement de compte particulier mais dans le but bien défini de jeter la coupe au loin et de me débarrasser des scories de ces jalousies larvées qui grouillent sous nos pavés, je me suis amusée un brin et bois la lie: je confie mon délire à la toile, si ça vous amuse, c'est parfait mais éphémère, , si ça vous lasse, fuyez, ça ne vous rattrapera pas…

De tous les fléaux de l’Humanité
Le plus écoeurant, Ce Virus infâme
Logé au coeur, il pourrit les âmes
Tare les fratries, gâte les amitiés
Se joue de nos amours, ficelle nos peines
De ses recettes "Querelles pleines."

Sur son chemin, muni de deux outils
Bien aiguisés, parés et apprêtés,
Il darde ses aiguillons, ses flèches
Empoisonnées comme des pointes sèches
Au plus profond des liens régentés
Par la tyrannie de Haine ressentie.

Dès le berceau on l’a vue réagir
À la bile du nouveau- né, son fiel
Ajouté, débordant sur ses frères
Son haleine surie, ses jeux pervers
Instituant leur devoir potentiel
« À la Petit’ vous devez obéir!»

Calomnie et Zizanie pour amies
Elle s’entoure d’une volée d’ennemies
Aveuglées de médisances choisies
Bonnes paroles, mensonges à demi
Elle sème à tous vents, message trahi
Vérités arrangées, Amour banni.

D’une voix forte, parfois, elle aboie :
Ses franches remontrances ouvrent grand
Le débat, la mesure du désarroi
Elle s’épanche, déverse ses émois,
Réclame Attention et Dévouement,
Compassion, Profession de Foi…

Méfiance pour sa victime émue !
Elle ne suit qu’une règle, qu’une loi
Sur les Humains, elle a jeté sa glue
Sous Pardon ni Pitié elle ne ploie
Calomnie et Zizanie pour amies
Sur le Monde règne La Jalousie.


*Rassurez-vous, je n'établis aucun parallèle entre ma petite personne et la superbe jeune femme qui parade sur les unes des magazines, merci à elle de ne pas se froisser du clin d'oeil …

08/10/2008

Un air d'automne


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Elle a l'air bien tentante, toute propre , à s'offrir ainsi sans pudeur à l'objectif.
Jusqu'au 20 Septembre, GéO s'est offert son bain quotidien, l'eau se dégustant encore à 25°, soutenus il est vrai par le système de chauffage maison, vous vous souvenez?
Je confesse que ma petite nature frileuse renonce aux joies du bain de pieds un peu plus tôt…
Approchez-vous un peu plus près du coin, là, vous voyez ce qui nous motive?
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Aidée par la fraîcheur nocturne,la température est descendue au point de départ, nous avons bouclé l'été et ses délices. Il faut se résigner…


Ouverte en Avril cette année, les premiers baigneurs se sont montrés hardis dès dix-huit degrés.
Pour notre part, nous sommes assez satisfaits de nos cinq mois de baignade, Copain a pris goût au sauvetage de la baballe, il a même souvent résolu de la jeter lui-même dans le bassin, quand les versatiles humains se lassaient de l'exercice…
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Un air d'automne est arrivé.
Transats et fauteuils sont rangés à l'abri du Poulous.
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Aujourd'hui, la douche divine contredit mes propos d'hier…
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Décidément, l'automne réussit son entrée .
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Il ne reste à Copain que le sous-bois pour y traîner ses dernières conquêtes…
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07/10/2008

goutte à goutte ô combien …

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Constat du jour dans un petit coin de la contrée que nous surveillons avec un intérêt tout particulier.
Il existe entre collines et mer une petite vallée particulière, peu fréquentée, à l’abri des regards car la route qui y mène est étroite et sinueuse, et pour tout dire, pas vraiment bien indiquée.

Nous l’avons découverte au hasard de nos vagabondages et ce matin, sur la route de Sainte Maxime, le ciel zébré et l’inspiration du moment nous ont poussés à bifurquer vers cette oasis.

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En vue du pont passerelle que nous avons baptisé le pont de Madison, il suffit de rater le virage et nous stationnons en contrebas, le long d’un curieux plateau rocheux micassé. Au soleil, la plate-forme étincelle. De l’autre côté du lit de la rivière, les ruines d’un moulin témoignent d’une opulence révolue, nous les avons maintes fois parcourues avec respect…

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Le site habituellement verdoyant est marqué à l’ouest par une retenue barrant tout le front de la rivière, créant un joli débord qui ruisselle sur la plate- forme et alimente une fosse profonde , juste à l’endroit où le moulin fut jadis bâti et nourri du courant ainsi renforcé. Cette eau affleurante use la roche et lui permet de lustrer ses pépites dans les rayons du soleil, d’où l’attrait irrésistible de cet endroit.
Mais aujourd’hui, le spectacle est désolant.
Le plateau nous offre son aridité brutale. Il ne reste rien de cette splendeur, sinon ce plateau nu, de rares bouquets d’herbes blanchies, les mousses brunies accrochées à la roche.
Ici GéO contemple le barrage asséché, rempart inutile veillant sur le lit tari.

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La fosse naturelle devant l’ancien moulin s’est vidée de l’essentiel de son eau. Il suffit de regarder les rochers de la faille pour retrouver le niveau habituel des eaux. Plus loin sur le plateau, quelques bois flottés se sont échoués lors du dernier orage, il y a déjà bien trop longtemps.

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Une plage est apparue, avant que l’Aille ne reprenne son cours minuscule, réduit à l’état de gué .
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Quelques anfractuosités des roches ont conservé un semblant de flaques.
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Et là, petit miracle du jour, la princesse du marais a pointé le bout de son nez… Regardez, c’est cadeau !

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18/09/2008

Formation professionnelle et plus si affinité…

… Je venais alors de décider de plaquer la fac de lettres pour tenter de gagner notre vie, car il me semblait, au bout de quatre années bien remplies de lecture, analyses et critiques de toutes sortes que j’avais fait le tour du problème et que je commençais à tourner à vide. À ma décharge, en ces années de retombées soixante-huitardes, l’esprit de modernité de certains TP favorisait bigrement le nombrilisme et l’incantation littéraire, et nous, les étudiants, en arrivions à transcrire nos enthousiasmes en construction de schémas mathématiques. Je me souviens de dessins de spirales gigantesques censées transmettre le suc et le sel des œuvres dont on nous soumettait la dissection. Ce nouveau jeu architectural paraît amusant la première fois, surtout si l’œuvre s’y prête bien, comme les pièces de B.Brecht, mais appliqués systématiquement au théâtre baroque de Calderon aussi bien qu’à la rigueur de Faulkner, il en ressortait rapidement une vacuité intellectuelle qui me donnait la nausée…
Comme Hilaire, mon compagnon, semblait décidé à s’accrocher enfin à ses études d’architecture, j’avais saisi cet excellent prétexte pour m’éloigner un peu de mes élucubrations : j’allais assurer notre subsistance en m’immisçant dans le mystérieux monde du travail… Hilaire en avait été tellement ému que le soir même, il me demandait en mariage !


… Mars 1974, un coup d’œil au Figaro, une belle lettre manuscrite adressée à la société basée au Nord de Paris, trois jours plus tard, un appel téléphonique pour fixer un rendez-vous au siège dès le lendemain, et me voilà embauchée comme Hôtesse de vente dans un luxueux magasin exposition sur une des places les plus commerçantes du huitième arrondissement parisien. C’était alors aussi simple que cela, et nous étions une jolie flopée de jeunes femmes, toutes issues du circuit estudiantin, à recevoir la grâce de débuter dans un secteur d’activité sans aucun lien avec les études accomplies, et de gagner alors des salaires très confortables pour l’époque. À nos yeux innocents apparaissait un mot jusqu’alors inconnu, les primes. Nous étions récompensées de nos aimables sourires commerciaux par des rallonges salariales qui ajoutaient trois à quatre mensualités à nos enveloppes annuelles. Autre temps, autres mœurs, autres conditions de travail, mais tout n’y était pas si rose, ma curiosité allait être bien sollicitée…

L’escadron d’hôtesses de vente dépendait de LA directrice du magasin, seule habilitée à contacter directement le triumvirat directorial de Saint Ouen. L’organisation de la société reposait sur ces deux mondes totalement hermétiques l’un à l’autre, côté extra-muros, les directeurs et l’usine où fourmillaient plusieurs centaines d’ouvriers, sans compter les implantations provinciales chargées de la fabrication des grosses pièces, fontes et céramiques lourdes. Côté Paris so chic, nous étions les privilégiées, versions soft de geishas occidentales, dont les compétences devaient se limiter à présenter joliment les productions maison aux professionnels du bâtiment et aux particuliers venus achever la décoration de leur nouveau home, dépensant une fortune en porte-serviettes et armoires de toilette fabriquées en Italie. Architectes, plombiers, artistes populaires comme Monsieur et Madame tout le monde, notre show room ne désemplissait pas et le chiffre d’affaires justifiait les largesses dont nous bénéficions.
Celle que nous appellerons Janyce représentait donc la hiérarchie, l’ordre et le savoir faire de ce petit Eden, vitrine luxueuse d’un travail en amont très pénible. Elle avait déterminé que nous devions toutes porter des tenues identiques, pour lesquelles elle avait obtenu un budget. Chaque soir, elle choisissait dans la garde-robe les vêtements que nous aurions sur le dos le lendemain. Tenues strictes, à l’élégance sobre, souvent achetées Aux Trois Quartiers, rayon confection dames, mais aussi dans les diverses boutiques rue de Rome ou aux alentours. Tout un monde à découvrir pour mes tendres années provinciales.



Janyce possédait une très forte personnalité, qu’elle avait le don d’imposer d’abord en cultivant son apparence. De taille moyenne, elle tirait parti de ce qu’elle se reprochait au premier chef : sa très courte chevelure totalement grise, ondulations virant moutonnement dès que les petites racines dépassaient le centimètre, elle s’efforçait donc de conserver cette auréole argentée au plus près de son crâne. Ce choix esthétique, rarissime à l’époque, attirait le regard sur les traits de son visage, de carnation très claire. De beaux yeux noisette qu’elle avait la sagesse de maquiller modérément, juste un brossage de ricils pour allonger ses cils sans les épaissir, une pointe de blush pour rehausser de larges pommettes et distraire l’observation de son nez brutalement cassé en pointe retroussée. Ses lèvres épaisses et charnues portaient la responsabilité de conférer à l’ensemble l’attrait agressif de son rouge à lèvres, assorti à la laque de ses ongles.
Le magasin d’exposition recélant de très nombreux miroirs, la plupart en pied, Janyce déambulait toute la journée dans cette galerie des glaces, interrompant l’espionnage aiguisé de son aréopage commercial pour dessiner sa silhouette devant son reflet, caressant son buste ou ses fesses sans la moindre pudeur, que des clients ou le personnel s’étonnent de ses gestes ne troublant pas le moins du monde la satisfaction intense qu’elle semblait en retirer. Elle répétait à l’envi que « les femmes de quarante ans ont décidément bien de la chance d’être aussi épanouies de nos jours », ce qui renvoyait ses jeunes employées au rayon des gamines peu dégourdies. En réalité, sans être choquées, nous étions tout de même plus qu’étonnées, voire ébahies de ces auto caresses incongrues, elle s’offrait ainsi comme l’objet préféré de nos commentaires privés. Certaines remarques de Janyce, de retour des réunions à l’usine nous sidéraient cependant, dépassant manifestement le cadre d’une conversation de bureau.
Ainsi, un soir, alors que j’avais été désignée pour faire la caisse de la journée, attribution qui était dévolue aux « préférées », j’effectuais mon décompte et les vérifications usuelles des factures établies, toutes mes collègues réunies autour de moi, les conversations de fin de journée allaient leur train… Janyce, qui aimait bien concentrer l’intérêt du groupe, avait attendu un moment que les remarques anodines ordinaires aient été balayées dans le courant des propos et que je sois libérée de ma tâche, pour relancer l’intérêt de l’auditoire. Notoirement célibataire et sans enfant, Janyce était censée attendre un mystérieux amant qui passait la prendre chaque soir après notre départ, l’identité du personnage anonyme étant volontairement ambiguë, avec cet art consommé qui consistait à gaffer suffisamment pour nous inciter à supposer qu’il s’agissait d’un des directeurs du triumvirat … Mais tant de fausses dissimulations théâtrales nous auraient laissées de marbre si…
Toutes les opérations du pomponnage vespéral accomplies, cils langoureusement brossés et lèvres ensanglantées Diorissima, Janyce contemplait son auditoire longuement, posément. Ses yeux illuminés par avance du plaisir de nous communiquer sa fierté et son savoir faire, elle dardait sur chacune de ces tendres jeunes filles un regard pétillant, fascinant, établissant un silence attentif sur la petite assemblée. Quand enfin l’attention fut manifeste, Janyce entama son récit :
- Vous vous souvenez que j’étais au Siège ce matin, pour le bilan, mais comme Bernard a traîné sur la livraison à la comtesse de P…, évidemment, nous sommes arrivés en retard. Vous savez comme j’ai horreur de ça…
Assentiment muet de l’aréopage, rôdé à la technique de cour…
- Donc, ces messieurs étaient tous assis autour de la table, j’ai vu que Chr…, enfin, Monsieur Baldrezeck, m’avait réservé la chaise à côté de lui, et comme je m’apprêtais à me glisser discrètement à ma place, Monsieur Père, qui préside encore, a voulu me rendre hommage. Il s’est interrompu brutalement et a ordonné : « Messieurs, je vous en prie, levez-vous et rendez hommage à notre grande Dame ! » Oui oui, il a bien dit Grande Dame, alors vous pensez si j’étais embarrassée, Monsieur Père a toujours eu la réputation d’être très galant, il paraît même que, bon enfin passons, sa femme en a vu de toutes les couleurs, la pauvre, mais elle était si anodine, si ordinaire, qu’il devait se sentir bien seul le pauvre! Bon, revenons à nos moutons, donc vous imaginez comme je suis gênée, je vous l’ai dit, et je m’avance en baissant les yeux… Mais au moment où je baisse les paupières, ils sont tous déjà debout, forcément mon regard descend sur leurs silhouettes, et là, vous n’allez pas me croire, mais sur la tête de ma mère, je me rends compte qu’ils sont tous au garde à vous ! »
Pour lever toute ambiguïté, au cas où ses oies blanches resteraient définitivement trop innocentes, elle joignit ses deux mains griffues de rouge sur son bas-ventre et les arrondit afin de mieux mimer la bosse traîtresse.…
Mon dernier sujet de maîtrise, en fac, reposait sur la notion de personnage dans les romans d’Henry Miller, autant dire que je m’étais saturée de littérature érotico-pornographique, fort appréciée par Vulcain puisqu’il m’avait délivré du Tropique du Cancer en dévorant littéralement le bouquin dans sa cachette au fond du matelas éventré. Les hallucinations érotiques de notre directrice me renvoyaient à mon sujet, et l’insatisfaction de ce travail inachevé. Mes collègues n’étaient certes pas plus intéressées que moi par les développements de notre narratrice, mais Janyce étant LA directrice et le sous-entendu habile de son intimité avec le directeur commercial nous incitait à une réserve prudente, qu’elle mit sans aucun doute sur le compte d’une jalousie dissimulée de jeunes filles naïves rêvant de se confronter à son destin de femme fatale…

Au fil du temps, Janyce s’autorisait à manifester un intérêt particulier pour l’une ou l’autre de « ses protégées ». Elle adoptait un comportement de favoritisme flagrant, ordonnant de quitter l’entretien en cours pour l’accompagner prendre un café au comptoir de l’épicerie fine qui jouxtait le magasin, ou courir essayer les prochains modèles de pantalon qui complèterait la garde-robe. C’était gênant, mais peu au courant de nos recours, nous supportions plus ou moins patiemment, sans que ces accès de favoritisme ne dérange d’ailleurs plus que ça le bon esprit d’équipe qui s’était installé dès le départ. Nous savions que la préférée du moment subissait les quatre volontés de notre despote, et plaignions celle qui s’y collait. À la maison, je m’étais étonnée devant Hilaire du caractère maternel de certaines démonstrations affectueuses de Janyce, cette manie de nous prendre par la taille devant nos clients, ou de poser son bras sur nos épaules, de renifler dans notre cou, de s’inquiéter de notre température en posant sa main sur nos fronts, nos cous… Il avait éclaté de rire, et sans prendre le temps de s’expliquer sur cet accès d’hilarité, il avait changé de sujet…
Janyce, de son côté, très curieuse de nos vies, adorait que nous abondions en anecdotes diverses sur nos débuts de couples, nos joies et nos petites déconvenues sur la vie à deux. Apprenant qu’Hilaire déjeunait pratiquement tous les midis avec sa mère au lieu d’assister aux cours des Beaux Arts, elle ne se gênait nullement pour m’aider à comprendre que c’était là un comportement infantile et peu rigoureux pour l’obtention de son diplôme, qui, à ses yeux, devrait me permettre de devenir une femme au foyer, mère de famille choyée. C’était l’image de mon avenir qu’elle dressait ainsi, peu préoccupée de mes dénégations. Je bénéficiais des conseils extraconjugaux de notre mentor es relations amoureuses…Et elle connaissait son sujet, la bougresse.

Par une fin d’après-midi comme une autre, où Janyce s’était montrée particulièrement maternelle à mon égard, elle m’invita à descendre avec elle dans la cave attenante au bureau, à la recherche d’un produit particulier qui ne pouvait se trouver que là, dans ce débarras souterrain où personne n’accédait, sauf peut-être la femme de ménage et le livreur dépanneur à tout faire, que Janyce traitait comme un esclave. Brave homme, Bernard soupirait, nous adressait un petit clin d’œil et prolongeait à loisir ses livraisons, histoire de souffler un peu dès que les caprices de sa patronne bousculaient sa bonhomie et son flegme naturels au-delà de la limite acceptable par son bon sens. Lui avait ce recours, nous pas, mais nous étions assez nombreuses pour éluder les manœuvres du tyran local. Cet après-midi-là, j’étais donc la favorite, elle me suivait partout, m’emmenant prendre trois pauses café à côté pendant que mes collègues s’activaient d’un client à l’autre, bien contente en leur for intérieur que l’attention de la drôlesse se focalise sur ma personne.
J’acceptais ses lubies en songeant que le sort désignerait une autre favorite le lendemain. Cette fois, nous allions descendre dans le réduit obscur, minablement éclairé d’une ampoule faiblarde, si sale qu’on s’y prenait à deux fois pour vérifier qu’elle était bien allumée. Je me demandais bien ce qui motivait l'excitation enfantine dont Janyce faisait preuve en recherchant le fameux objet, mais en habituée de ses humeurs bizarres, je m’accommodais de la péripétie. Jusqu’au moment où les mains de Janyce enlacèrent ma taille, et remontant le long de mon torse, s’arrêtèrent sur mes seins et les pressèrent avec une telle avidité qu’il n’y avait place pour aucun malentendu !
Nos réactions sont plus souvent liées à l’instinct qu’à notre éducation. Je n’eus pas de pensée ou de calcul, ne serait-ce qu’un milliardième de seconde. Je la repoussai vivement, en hurlant, et je remontai le plus rapidement possible, sans me soucier de savoir si elle avait conservé son équilibre sur ces marches étroites et poussiéreuses…

La suite fut moins drôle… Janyce se montra nettement moins maternelle, certes. Nos relations étaient entrées dans l’ère glaciaire, jusqu’à mon mariage auquel elle avait tenu à assister, allez savoir pourquoi. Sa hargne avait cependant connu une accalmie au moment des décès de mes parents, survenu au cours de l’année suivante. Puis avec le temps, le naturel avait repris le dessus, j’avais réintégré le régime commun, ni plus ni moins favorite que mes compagnes.
Ce qui s’avère radicalement différent de l’époque actuelle, c’est que je m’étais gardée de colporter mon aventure, qu’il ne m’était pas venu à l’idée de parler de harcèlement ou de plainte, discrétion qui ne serait plus de mise dans le contexte actuel.
À l’annonce de ma grossesse, le comportement de Janyce était à nouveau devenu très hostile. Malgré les sempiternels constats d’épanouissement personnel dont elle rebattait nos oreilles tout en caressant son buste, « ah la femme de quarante ans… » , Elle qui n’avait pas eu d’enfant supportait mal les promesses de vie que l’une après l’autre nous avions arborées. Sans ostentation, la solidarité de l’équipe m’avait soulagée des incessantes corvées dont elle m’assaillait, mais j’ai clos sans regret aucun cette étrange expérience. Il m’arrive toutefois de repenser à Janyce et à sa dictature aussi réelle que feutrée à l’abri de privilèges obscurs et de l’ignorance passive des subissantes. Je me demande comment elle a pu franchir la décennie suivante, les inévitables écueils du temps, les confrontations avec d’autres jeunesses plus effrontées, plus coutumières du combat social que nous ne l’avons été. Les temps ont changé, les mentalités aussi, nous nous imaginions libres alors, mais il a fallu aussi quelques combats et plusieurs décennies pour que les idées et les réalités convergent. Dire que Janyce ne pourrait plus régner sous les projecteurs de sa vitrine, dans sa bulle de verre étouffante, je n’en suis pas certaine, ce serait, c’est sans doute moins facile.
Quand les victimes se rebiffent, les prédateurs s’adaptent…

08/09/2008

Oh les sales bêtes !!!

Ou comment vous aider à apprécier la reprise, les transports en commun, la grisaille et l’humidité, puisqu’elles envahissent nos côtes et refroidissent les ardeurs nautiques des baigneurs…

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Et côté jardin, me direz-vous ?
Des trous.
De gros trous que nous découvrons tous les matins, véritables pièges à entorse.
Quel est le Yéti qui sème ses empreintes en nos terres desséchées ?


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Bon, pour les racines de Bambou mises à nue, je ne dis rien, c'est tellement envahissant, le bambou, que l'allée est en train de sauter… Mais le réseau du goutte à goutte souffre aussi de l'opération évidemment.
Et la Sainte Patience de GéO , gravement éprouvée par la mise à sac systématique des loupiotes sensées éclairer les bordures des allées ?
Je le savais bien, que c'était une bêtise, cette petite boule noire… Mais il se montre tellement affectueux, le Joyeux Drille, avec la baballe à lancer, dix fois, cent fois, mille fois par soirée… Depuis le départ d'Aurélien, nous ne sommes plus que deux à essayer de le fatiguer un peu… Qu'il se repose un peu, nom d'un chien!

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03/08/2008

Thalasso à Saint Max…

Eh oui, rien n’arrêtera jamais le talent de notre GéO, qui vient de mettre au point une ultime utilisation de son système de chauffage pour piscine. Comme je manifeste mon peu d’enthousiasme pour la mise en chauffe du bassin aujourd’hui, arguant que les 30,6° affichés dans l’eau contre les 36° de l’air, sont déjà superflus, GéO m’invite à mettre mon cou torturé par l’arthrose sous le jet…
Quel bien-être !!!
Du coup, je récupère assez d’énergie pour ouvrir un petit pan de la chronique Saint Max…

Où l’on va retrouver les mésaventures de la bête de Gévaudan, alias Copain, perplexe devant la perspective d’un plongeon dans le grand bassin…
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Audrey l’y encourage, mais notre rat de piscine ne semble pas d’humeur : il adopte une position de repli et de son nouveau poste d’observation, il guette les avancées ennemies.

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Peu importe d’ailleurs, à l’eau, il finira par s’y retrouver, ce jour-là comme tous les autres, depuis la visite de Bastien, Lucas et Adrien, qui lui ont appris à couvrir des longueurs au grand émoi d’Olivier qui redoutait sa fatigue. Copain s’en est bien sorti, et a pris goût à la course, sauf…qu’en ma compagnie, il nage en biais, sans respecter les parallèles… De sorte que je dois le maintenir d’une main dans son couloir, faute de quoi il obstrue mon passage pour être certain de l’emporter ! Encore un mauvais joueur dans la famille, on dirait.
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Les hésitations de Copain sont restées fugaces, il a pris bien vite le rythme et l’entraînement en compagnie d’Audrey et de Sébastien. Le voici à la recherche de son coach
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ce qui lui permet de développer son instinct de berger rassembleur : localiser le mouton perdu et le ramener bien vite à la rive :
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Quel professionnel du sauvetage !
La récompense suit aussitôt ,DSCF2161.JPG
pendant qu'Audrey passe à un autre style d'exercice délicat: le brossage en règle de Grosmimi
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Et pour finir ce court exposé des délectables jeux de Juillet, je vous adresse cette devinette :
Que signifient ces scènes volées au bord du bassin ?
Qui peut les remettre dans l’ordre et les légender correctement ?
Au meilleur d’entre vous, nous dédierons un grand plouf dans la grande bleue et un glaçon supplémentaire dans le pastis…

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27/07/2008

En attendant les enfants…

J’ai terminé hier soir un roman dont j’avais entamé la lecture sans enthousiasme, un peu par devoir, alors que c’était un achat coup de cœur, dans une station- service autoroutière, autant dire une rencontre de hasard.

Le titre m’avait accroché pour son clin d’œil à une situation familière : On attend les enfants.

Aujourd’hui je vis encore cette situation. On attend les enfants, c’est le constat commun aux exilés de leur progéniture, le signe particulier de nombreux cinquantenaires et plus, qui ont vu leurs rejetons adultes quitter le nid, fonder leur famille ou ancrer leur territoire aux antipodes. Ils se confrontent alors à l’éloignement géographique et affectif de ceux qui ont été leur principal moteur durant plusieurs décennies. D’étés en fêtes de Noël, ils goûtent cette attente particulière d’un rendez-vous affectif éloigné. Ce que ne peuvent ressentir les tribus groupées qui, de dimanches autour de la table familiale en substitutions de nourrice, n’ont pas l’occasion de se créer ces espaces imaginés d’affection. Comme l’absence, voulue ou subie, développe ce sens subtil de l’accompagnement mental, que l’un d’eux vive un grand moment ou se heurte à un tracas, nos neurones se mobilisent en sourdine pour soutenir et accompagner la situation. Et, parce qu’On sait fort bien qu’il faut les laisser vivre et assumer leur choix, On s’abstient de téléphoner tous les soirs, sauf en cas de crises graves avouées, On veille à ne pas s’introduire dans le mitan de leur intimité, On se garde d’imposer notre regard trop compatissant qui alourdirait encore le souci. De sorte que c’est la spontanéité du rapport qui pâtit de la discrétion volontaire de ce On qui voudrait si bien faire !

Au début du roman, c’est la forme de l’écriture, volontairement dépouillée et linéaire, qui m’a un peu gênée et justifié ce peu d’intérêt pour les deux ou trois premiers chapitres. Madeleine Chapsal s’emploie à créer un rapport intimiste, sans construire un journal, elle cherche à nous introduire dans le déroulement mental de son personnage. Il faut donc franchir ces premières pages pour apprécier le suc de ses pensées, et ressentir comme l’écoute d’une conversation intérieure ce souci de préserver le positif de toutes les situations alors que l’on frôle à chaque instant la fragilité des rapports humains, le risque de la mauvaise compréhension, la déception ouverte ou la défaillance de la vieillesse. Cette femme solitaire se bat contre elle-même en se forgeant un alibi fragile : elle s’occupe de son père âgé en projetant sur lui ses propres attentes. Ça, Madeleine Chapsal se garde de trop le montrer, mais l’évolution de son héroïne renverse heureusement la dérive : Margot comprend qu’elle doit se détacher de ses amarres hautes et basses, pour mener sa propre barque vers Son bonheur personnel, cheminement philosophique pour lequel elle a sous-titré son roman Une réflexion sur le bonheur.…

Voilà l’intérêt de ce livre, que je quitte comme on raccroche le téléphone après une longue conversation amicale entre ami(e)s. Il en reste un lien ténu mais persistant, qui accompagne notre humeur et donne le sentiment d’être en phase, compris par quelqu’un, là-bas, pas si loin, quelqu’un dont On attend le prochain appel, la visite annoncée, la note dans un blog, la bouteille à la mer qui trouvera son écho quelque part…

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On attend notre Audrey et Sébastien, ce ciel lumineux et implacable traduit notre joie anticipée de les retrouver, sans inquiétude, dans la sérénité de cet après-midi estival. Ma grande hâte se niche dans l'imaginaire des jeux à partager avec Copain et de la sortie projetée en mer…

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Références: On attend les enfants de Madeleine Chapsal, édité chez Arthème Fayard en 1991, nouvelle édition chez Succès du Livre éditions