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15/06/2009

Petite chronique estivale


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Inaugurer la chronique de l’été 2009 avec ce bouquet, chaleur des sentiments en harmonie avec l’été qui s’est installé enfin dans notre région.
Samedi, nous avons renoué avec les soirées terrasse qui mordent  insensiblement  sur la  nuit, quand les discussions s’enroulent  autour de la tablée avec un enthousiasme communicatif où le rosé, qui coule de source, joue sans doute un tout petit rôle,  sans que la moindre fraîcheur rappelle les convives à l’heure avancée…   Tout à coup, quelqu’un lance un « mais vous savez qu’il est deux heures passées ? » et on se dit alors qu’on pourrait enfiler le petit pull de coton qui est resté avec les affaires de piscine… Car ici, on se déplace avec le panier, le sac, le balluchon si vous préférez, mais on vient avec son maillot, c’est la coutume.  
La soirée a été magnifique. Et on a eu du mal à se quitter, tant il faut apprécier ces parenthèses de bien-être. Alors, on a recommencé le lendemain, chez les copains…  Mais il y en a un qui apprécie un peu moins ces allés- venues : Comme il s’ennuie quand les maîtres s’absentent ainsi.

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Qui pourrait résister à la supplique qu'exprime ce regard ?

Bien que Zuko s'y montre  complètement insensible,

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Ce qu’il aime, lui, c’est partager  le jeu.
Copain nous a maintes fois montré qu’il pouvait jeter tout seul le joujou dans l’eau pour le plaisir de plonger à sa recherche. Mais ce grand communicant sait dire combien il est indispensable que le maître s’y colle aussi… L’été, ce sera comme ça, désormais :

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10/06/2009

Drôles de machines…

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En cette période d’écologie triomphante, je  suis fière de vous présenter un prototype de véhicule garanti sans pollution !
D’une simplicité digne des cerveaux les plus ingénieux, ce mode de locomotion ne nécessite même pas le concours de forces extérieures : pas d’aléas météorologiques à redouter… pas d’incantations aux dieux Éole,  Neptune, ou Jupiter, le Grand Maître des nuages…
Il vous faudra quand même donner de vous-mêmes, voyageurs en quête d’aventures, car faute d’énergie naturelle,  chimique et polluante, il faudra puiser  au sein de votre volonté  la source qui endurcit les mollets…
Ah, il arrive parfois que l’on cède à la facilité, à la tentation de relâcher l’effort à quelques mètres du but…

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Dautres gardent le cap droit devant, et se réjouissent  manifestement de l’effort…

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Quand surgit du fond du paysage une équipe à l’allure menaçante…

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Les renforts sont alors bienvenus, chacun prête à tour de rôle la force de ses mollets…

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Nos engins volent au-dessus des voies à grande circulation…grâce à la force conjuguée des équipiers.

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La halte est bienvenue , d’autant que les cieux justement se chargent de menaces.

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Au retour, nos compères affichent des mines réjouies pendant que leurs esclaves affrontent la longue remontée

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Ce qui n’empêche personne de renoncer à admirer le paysage depuis le versant de la sainte Baume. C’est un point de vue rare,  normalement inaccessible, sur Saint Maximin . :

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Les voies peu exploitées offrent  un terrain de conquête aux pousses de toutes sortes : cistes, genêts, conifères…
Les talus se parent de lilas d’Espagne et de pois de senteurs, mais aussi, à la grande joie des disciples de Pierre, de colonies entières d’orchis pyramidaux et autres variétés que nous avons tout le temps d’identifier ( ! !!)…

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Étrange confrontation…

 


Ces drôles de machines sur rails effectuent le parcours Pourcieux- Saint Maximin, mues par la force des mollets. Association du pédalo et de la draisine, ces engins permettent des balades originales en couple ou en famille.  C’est un moyen sympa et écologique de visiter la contrée, que Josiane a eu la bonne idée de dénicher pour organiser une balade hors des sentiers battus. L’association vélorails de France a développé un réseau de parcours récréatifs, utilisant les portions de voies de chemin de fer désaffectées.
Répartis presque partout sauf dans l’extrême quart Sud Ouest,  les différents site sont consultables sur http://www.velorailsdefrance.com, vous pouvez également consulter l’article wikipédia à l’adresse suivante :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyclo-draisine

09/06/2009

une goutte dans un océan

Courte  saynète inspirée à GéO par le long, long fleuve des exégèses concernant le scrutin de dimanche dernier:

 

Notre élégante Madonne pénètre ce matin dans le bureau tant convoité de sa rivale. Inspirée par des forces célestes, elle se prosterne devant sa  Patronne, la Mère Amptoire, et lui adresse d'une  voix implorante cette prière:

--Pardon,  Pardon, Pars donc…

08/06/2009

Parfaits Cathares (5)

Le  divertissement à Cucugnan nous ayant mis d’humeur guillerette, nous avons laissé le village accueillir ses marathoniens dominicaux, en nage, les traits tirés et la mine hâve, manifestement épuisés par cette course hors nature sur un terrain aussi accidenté.

Notre périple  s’avérait tout aussi périlleux puisque nous approchions des Gorges de Galamus.
-  Eh quoi, allez-vous rétorquer, vous cheminez en voiture, pas matière à fatiguer vos jambes… Alors ?
-  Alors, demandez-donc à Mireille ce qu’elle en pense ! Elle vous dira combien elle considère comme insensée l’idée de parcourir  volontairement, sans nécessité absolue, cette portion de  route entre roches et abîme, sur une voie si étroite que deux véhicules ne peuvent se croiser…

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Le fait est que le   défilé de Galamus fournit l’occasion de quelques émotions, surtout si d ‘aventure, au détour d’un virage complètement aveugle comme ils le sont tous, le capot de la voiture s’en vient musarder près du nez d’un véhicule un peu plus gros… Pas d’autre solution  alors pour l’un des deux conducteurs que de reprendre son dernier parcours en marche arrière jusqu’au premier refuge. C’est justement la manœuvre que Mireille redoute, tant elle en avait été impressionnée au cours d’une visite précédente. Heureusement pour notre équipée, il était encore assez tôt, ce dimanche matin, et la route des Gorges est restée peu fréquentée, le temps que nous traversions la zone délicate.
Au fond coule l’Agly, dont le bruissement des eaux agitées signale la présence, au fond de  l’à-pic, cachée parfois par la densité de la  végétation. É tonnant comme certains arbres persistent à pousser à l’aplomb des parois.

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Au débouché, nous retrouvons avec plaisir la compagnie d’un vieux repère :

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Tandis que votre narratrice, en tenue de survie comme vous pouvez le voir, se réchaufferait volontiers  d’un bon caféPICT0239.JPG

 

 

 

 

 

 


Mireille, si vaillante, mérite une récompense

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non, non, ce ne sera pas la cueillette des charmantes campanules au bord du précipice.

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mais la découverte de quelques merveilles, qui colonisent les bas-côtés :

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Nous découvrirons d’ailleurs en fin de journée d’autres orchis qui s’épanouissent aussi sur les terres audoises.

Pour l’heure, nous enchaînons au nord-ouest vers Puilaurens. Passant par Saint Paul de fenouillet :

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Puis, longeant l’Aude tumultueuse, nous gagnons Axat.
Un déjeuner  succulent à l’auberge de la petite ourse, malgré un patron un tantinet bousculé par son succès. Le village, à cheval sur la rivière et son affluent la Rebenty, ressemble déjà à un site de montagne, avec un habitat austère. L’auberge est rustique, mais la nourriture fort honnête et copieuse.

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Retour aux outils du Parfait…Touriste, afin de faciliter le repérage de notre périple :

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Nos forces retrouvées grâce au menu dégustation de la petite ourse, nous poursuivons par la N 177 vers Puivert.
Le site privé est en apparence bien conservé, mais nous sommes tout de même déçus par le rapport qualité-prix de la visite. Sans aucun élément pour apprécier le patrimoine présenté, le site paraît infiniment moins intéressant que Villerouge-Terménès que nous avons vu la veille.Parfait Cathare( 4)
Une vidéo en boucle présentée sous un appentis poussiéreux flatte le château d’avoir servi de décor naturel à de nombreux films. Je retiens surtout pour ma part le panorama somptueux que l’on mérite quand on a consenti à gravir les volées interminables de l’escalier en colimaçon, éclairées il est vrai par une guirlande lumineuse courant le long des marches. Astucieuse idée qui permet au moins d’entrevoir la suite des pierres usées sous nos pieds.…

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À l’intérieur, quelques copies de tapisseries , quelques pièces  de mobilier, quelques  détails architecturaux …

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Panorama sur la vallée, depuis la terrasse:

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Le village de Quercorb, en contrebas, est riche quant à lui d’un  écomusée qui révalorise la balade. Quelques salles permettent d’abord d'observer, en décor naturel, les scènes d’antan, sur fond de  bruitages: vieux métiers et  outils d’époque sont présentés intelligemment. Puis nous découvrons une vaste salle consacrée aux instruments de musique ancienne reconstitués et la diffusion d’un document ingénieux permet de saisir les épisodes du travail de reconstitution. http://www.quercorb.com/musee-du-quercorb/

 

Sur le chemin du retour, nous ferons encore halte à Arques, magnifique demeure bien sauvegardée :

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La cascade de Mouthoumet nous surprendra en plein délire champêtre : sous la férule de Pierre , nous traquons les orchis magnifiques qui ont colonisé la campagne. :
les orchis militaire et leur casque,  les ophrys jaunes, les pyramidaux qui pullulent aussi en Provence en ce moment, les orchis aceras homme pendu… Nous sommes éperdus d’admiration mais nos yeux saturent et se ferment bientôt devant tant d’extravagance naturelle…Il est temps de rentrer.

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07/06/2009

Parfaits Cathares (4)

Petite intrusion au parfum d'enfance…


Et puisque nous sommes toujours à Cucugnan, profitons-en pour goûter encore un peu à cette savoureuse langue d’Oc, qui chante si bien à l’oreille et dans le cœur….
Au milieu du dix-neuvième  siècle, quelques poètes et écrivains méridionaux décidèrent de réagir au parisianisme (déjà) ambiant, et  fondèrent un cercle culturel centré sur la mise à l’honneur des textes , souvent transmis jusqu’alors selon la tradition orale… Parmi ceux-ci, tout le monde connaît  le nom de Frédéric Mistral qui définit ainsi les membres du Félibrige :  « Félibre, poète provençal de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, littérateur de langue d'Oc, membre du Félibrige ».

Parmi ses élus, Alphonse Daudet en est resté l'écrivain le plus célèbre . Par ses Lettres de mon moulin,  des milliers de lecteurs ont frémi, souri, applaudi  au fil de ses histoires simples relatant les émotions naturelles des gens du midi. Qui d’entre vous ne se souvient avec béatitude de l’installation au moulin, du secret de Maître Cornille, des Vieux,  des trois messes basses et surtout, surtout, du Curé de Cucugnan…Nous y voilà et je m’émeus à ressortir ces souvenirs chantants…

Néanmoins, et malgré la reconnaissance que je lui voue pour m’avoir sensibilisé  très  jeune à l’ivresse du beau parler, force est de reconnaître que Daudet était surtout habile à se parer d’un bien reçu en héritage. Car ces histoires appartiennent au patrimoine régionnal. En ce qui concerne le sermon du fameux curé, la tradition l’attribue à Joseph Roumanille, qui le premier mit en forme écrite ce récit narré aux veillées et fêtes locales. Puis son acolyte Achille Mir cuisine à son tour un conte truculent et savoureux, enrobant ses personnages de nouvelles finesses psychologiques,  rehaussant ainsi les effets comiques. Il écrit  Lou Sermou dal Curat de Cucugna en langue d’Oc, ce qui ne nous est guère accessible. D’où l’intérêt de la traduction d’Alphonse Daudet, qui a su populariser le sujet.
En ce début de vingt et unième siècle, la ville de Cucugnan s’est proposée de remettre à l’honneur les célébrités locales et c’est à Henri Gougaud, digne héritier de cette veine de Conteurs qu’il a été demandé de procéder à une adaptation offerte à tous les publics.
Nous avons donc assisté, grâce à la ténacité de notre Mireille, à un savoureux moment, rien que pour nous, en ce dimanche matin:  dans une minuscule salle de spectacle, une scène, quelques projections d’illustrations délicieuses sur les murs, une machinerie simple  offrent un support visuel charmant et efficace au texte dit par notre traducteur moderne. Henri Gougaud a travaillé  son texte de manière à respecter la poésie et la finesse de l’original. J’ai pu me procurer l’édition bilingue et je vous en propose  quelques lignes afin de mieux vous allécher, si d’aventure…, et je pense à toi , Lina, qui envisage d' aller traîner tes guêtres prochainement dans le coin…


«   Monsieur l’abbé Marty, curé de Cucugnan,
Était bon comme le bon pain,
Et tout le monde l’adorait.

Quand un paroissien récoltait
Au jardin, au champ, quelque bonne chose,
Vite, vite un présent à Monsieur le Curé !

(……………………………………………………)

Et pourtant l’excellent curé
Tant chéri, tant honoré
De son petit troupeau
Avait son âme tourmentée.

Croyez que ce n’est pas sans raison,
Car le dimanche, à son sermon
Peu de fidèles assistaient,
Et les plus exacts y ronflaient.  


Le pauvre abbé, la larme à l’œil,
Disait souvent à son bedeau,
Homme rustre, qui avait fait la guerre :
«  Ce serait le paradis sur terre,
Cucugnan, si mon troupeau
Était un tantinet plus dévot !

Mais tu le vois, brave Baptiste,
Ce serait péché de faire la quête,
Car il ne  nous vient qu’une poignée de gens
Mal habillés, tout indigents.

Le confessionnal se vermoule ;
Araignées, rats, y font ripaille,
Et les Pâques passent vite
Sans voir s’agenouiller une tête grise. »
……………………

La parabole se déroule sur ces vers libres comme une régalade. Au son de la voix chaleureuse, à peine rocailleuse de Henri Gougaud, la déconfiture du bon curé se métamorphose en une ruse généreuse. Impossible de rester indifférent au spectacle de l’enfer et des paroissiens rôtis, notre bon curé gagne son paradis… Et nous sortons de cette lecture tout ragaillardis.

06/06/2009

Parfaits Cathares (3)

Ce Samedi, notre cheminement emprunte des noms de rébus, aux consonances étranges, d’un autre temps, d’une  autre terre. Nous entrons en plein cœur du Pays Cathare, au centre de notre projet, sous l’éclairage de l’ouvrage de T. Zayek, jeune historien qui publie sa thèse, quasiment à compte d’auteur, aux Éditions des  Corbières, et que nous avons rencontré  brièvement sur le marché de Narbonne. Il a intitulé son fascicule Le Catharisme, Une Église médiévale, sous titré origines, essor et persécution.


Voilà de quoi nous familiariser avec cette page de l’histoire et dévider le fil mental de nos pérégrinations. T. Zayek nous propose une analyse synthétique du développement et de l’imprégnation de l’idéologie cathare, issue du catholicisme et de son expansion autant spirituelle que politique au Moyen-âge. Ce Moyen-âge, qui est tout, sauf « moyen », pour répondre à une appellation fallacieuse, correspondant évidemment au regard des historiens du XIXème siècle. Les mille années que nous avons pris l’habitude de regrouper sous ce titre réducteur, ont vu se succéder tant d’événements, tant de barbarie, de guerres, de prises de pouvoir, d’abus, de crimes légitimés par des institutions en perpétuel devenir,  elles ne peuvent pas constituer une page globale de l’humanité.
Le Catharisme naît vers l’an mil, au milieu du dit « moyen-âge », à partir d’influences Bogomiles, originaires  des confins orientaux de l’Europe. Cette philosophie du catholicisme fait son nid sur l’évolution des mentalités, entre idéaux religieux, rejet des excès ostensibles de l’Église de Rome et prémices d’un polissage social par l’émergence de codes culturels, le fameux Trobar, ensemble de raffinements poétiques, de « tendances » dirait-on aujourd’hui, prescripteur du « fin amor »véhiculé notamment  par les troubadours. Il faudra bien deux siècles pour que cette marque de l’évolution s’ancre dans la société médiévale, d’abord parce qu’elle ne peut concerner qu’une part restreinte de la population d’alors, les nobles privilégiés, de par son mode de transmission, et parce qu’il y a des frontières difficiles à franchir  entre les champs de bataille et les cours des seigneuries médiévales.

C’est donc au cœur du Pays d’Oc que le catharisme trouve une source de jouvence et de croissance. La géopolitique renseigne bien sur les paramètres qui peuvent aider à la rencontre de « dissidences ». Nous sommes en contrée d’Oc, en un pays étranger au Royaume de France encore bien restreint, fragile, à la langue  peu familière, à la réalité difficilement tangible. Impossible d’imaginer appartenir à un ensemble fort et uni. On a été soumis depuis des siècles à tant d’autres dominateurs, venus brutalement, évincés tout aussi soudainement : les Wisigoths, les Andalous,  même les Toulousains, ces « cousins » pourrait-on dire, dont on se défie quand même, car les tutelles pèsent.  Les villages, autour des bastions multiples de la contrée, sont isolés. Les communications ne sont guère faciles et très bien protégées dans ce pays accidenté. D’un pic rocheux à l’autre, on voit bien comment les défenses, les surveillances se sont multipliées : il suffit de se positionner comme ce soir à Queribus, pour convenir que les hommes de Peyrepertuse, à 4 km de là à vol d'oiseau, ne perdaient rien des mouvements, entrées et sorties de sa sœur jumelle. On voit bien ce réseau étroit de garnisons nichées  au fait des promontoires disséminés sur tout le territoire. On comprend bien aussi le repli sur soi quand on songe aux difficultés extrêmes pour accéder à de telles éminences, sous un soleil de plomb, au milieu d’un maquis végétal parfois impénétrable.  L’Homme s’est bien battu pour y établir son art de vivre et apprivoiser les versants abrupts des  aiguilles rocheuses, mais il est aisé d’imaginer combien le combat fut ardu, long, pénible.
Petite illustration de l'accès à  Peyrepertuse PICT0220.JPG

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et des voies de communication :

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Depuis la forteresse de  Queribus, les contreforts de Peyrepertuse et une idée du panorama.

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D’Aguilar où l’on retrouve le sommet immaculé du Canigou qui nous tient en garde

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à Padern,

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localité installée au confluent du Verdouble et du Torgan, en contrebas des ruines ci-dessus, nous gagnons enfin Villerouge-Terménès, dernière étape de la matinée.
Une cité typique, que tout visiteur reconnaîtra comme emblématique. De son église ceinte du cimetière, au château qui se profile sur son tertre :

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Nous déambulons dans les ruelles d’un calme monacal avant d’accéder à l’intérieur du château, dont l’état de restauration est édifiant. La visite, qui se poursuit  à l’aide d’audioguide, est justement axée sur l’esprit de résistance des cathares, elle est en outre illustrée, sous forme de films vidéos,  par la vie , l’arrestation, puis le procès de Bélibaste, paysan converti, Parfait irréductible, martyr emblématique d’une cause perdue par forfaiture.

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Il n'est bonne compagnie qui ne se quitte. Laissons à Villerouge-Terménès les spectres d'autrefois, et songeons un peu aux réalités. Il s'agit de reprendre des forces et nous savons que la côte de boeuf achetée la veille nous attend au gîte. Il faut bien aussi goûter au Byrrh, préparer le barbecue, profiter de la terrasse aménagée… Hummm, vous êtes autorisés à imaginer…

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Partir en vacances avec Pierre, c'est s'exposer à ne pas connaître de vacance…Je veux dire, ces moments de bien-être lascif, où vous abandonnez votre corps repu et votre esprit comblé au bienfaisant engourdissement d'une sieste… Secouons-nous, on n'est pas là pour s'amuser… D'autant que Mireille a une idée en tête, et quand ma délicieuse Fille de L'Erdre poursuit sa quête …
Nous quittons à nouveau le camp de base, après une étape à la cave locale, pour regagner le territoire de Cucugnan.
Au pied de Queribus, à un jet de pierre en contrebas, gît le village célébré par les poètes du félibrige.
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N'allez pas croire qu'il n'est dépositaire obligé que de son moulin, en ce village réside plus d'un attrait:
D'abord, LE moulin, vous l'attendiez un peu quand même?
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Ces ailes qui tournent au souffle de la Tramontane moulinent à nouveau pour fournir le pétrin du village. Les grosses miches joufflues et dorées sont vendues à deux pas de ce parvis où  l'on imagine sans peine les culs blancs des lapins détalant au petit jour, quand le poète entrebaille la porte vénérable de son refuge…
Mais Cucugnan recèle encore une autre histoire mirifique que je viens vous conter avant de refermer cette grande page catalane…
Figurez-vous que la petite église qui hébergea le fameux curé Marty possède un trésor au moins aussi savoureux: une statue de Vierge enceinte, eh oui, une représentation de l'Immaculée Conception portant en enseigne un ventre rebondi. Oh, la statue n'est pas bien grande, mais son image inconvenante gênait fort Monsieur le Curé, dans les pudibondes années 1930. Il demanda alors à son supérieur, l'évêque de Narbonne, de bien vouloir soustraire ses ouailles à cette représentation par trop vulgaire du mystère de la naissance de notre Seigneur. Le supérieur du bon curé y consentit sans peine et la Vierge  fut retirée. Las! les affres de la guerre n'allaient pas tarder à s'abattre sur le pays et les Cucugnannais en souffrirent ici comme les autres. Alors, ils se souvinrent de la Bonne Mère qui leur avait toujours apporté protection!  En un bel ensemble,ils demandèrent  sa réintégration dans la paroisse. Ce qui finit par leur être accordé en 1945. Ils  se réjouirent à n'en pas douter, mais pas bégueules, acceptèrent de prêter leur protectrice pour une exposition quelques années plus tard, en 1953 . Se produisit alors une vraie catastrophe: la Vierge fut volée!!!
Toutefois, la Sainte, quoique vierge enceinte,  ne s'en est pas laissé conter, ou compter, car les voleurs, soucieux de monnayer leur forfait, imaginèrent cacher leur recel dans la consigne de la gare de Lille…En attendant que cessent les recherches et l'émoi causé par une telle disparition. Or voilà qu'à la suite d'un malentendu tout à fait anodin, la consigne fut ouverte …et la vierge de Cucugnan installée à nouveau dans ses murs d'origine…

 

02/06/2009

Parfaits Cathares (2)

Le fil conducteur de notre voyage, l’indispensable curiosité stimulante, nous est venue au cours d’un séjour de Pierre et Mireille à Saint Max… Et si on se retrouvait à mi-chemin de nos villégiatures habituelles, en profitant de ces moments communs pour découvrir d’autres sites ?

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De Prat Barrat à Saint Max, le milieu est assez vite défini.  Le Roussillon, les Corbières, d’accord, en termes de dégustation, ça sonne bien le terroir … Le plaisir des yeux se nourrira des paysages accidentés des contreforts pyrénéens et les traces de l’histoire de cette contrée, porte obligée vers l’Espagne, terre nourricière des rebellions, des tourments historiques… Et puis ce tournant unique dans la Grande Histoire des religions, la seule Croisade interne dans un royaume encore mal constitué, trace indélébile de la conquête du pouvoir des âmes pour mieux régir les peuples.   L’idée nous semble bonne : nous allons dérouler le fil d’Ariane de la péripétie Cathare sur les terres Audoises. Comme d’habitude, c’est à Pierre qu’il échoit de préparer le terrain et de cadrer les excursions. Organiser  le périple et  enthousiasmer ses troupes, communiquer le plaisir de la découverte, rechercher le détail esthétique, fouiller du regard la nature pour y loger la petite merveille qui échappe aux pressés, ce sont les qualités intrinsèques à notre Artiste. Sans compter bien sûr la convivialité des partages sensuels, autour d’un met, d’une bonne bouteille … Là, nous nous rejoignons toujours !

Nous avons donc installé notre QG à Paziols. PICT0153.JPG
Au sud- ouest de Narbonne, comme on l’a vu hier. Dès le lendemain, nos premiers tours de roues nous mènent vers Aguilar, d’où nous découvrons des panoramas sublimes. L’épicière a prévenu Pierre:la nuit dernière, pendant que nous réchauffions nos gosiers auprès du feu de bois,   il a neigé sur le Canigou! Quelques arrêts-photos impératifs plus loin, nous explorons les ruines du site :

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Nous prolongeons encore plus au sud, dépassant Perpignan en "grandes pompes", nous filons vers  Banyuls : arrêt obligatoire à la cave, mais la déception est vive dans les rangs quand nous constatons la  solitude du bistrot perdu dans le village apparemment tétanisé… Du coup, nous filons jusqu’à Ceret, où nous avons déjà projeté une visite au musée d’art moderne
L’arrivée dans le village est plus sympathique : premier arrêt- cerises, autre spécialité de la commune. Elles sont bien appétissantes, les Burlat carminées, goûtées de suite, comme il se doit.
Seconde étape encore plus réussie : nous débusquons rapidement une charmante petite place bien fermée au souffle du vent violent de cette fin de matinée. La place des neuf jets abrite trois ou quatre restaurants qui mêlent quasiment leurs terrasses. Nous choisissons l’accueil de La Fontaine, au sourire lumineux de la patronne autant qu’au menu annoncé. Ce très bon moment est  pourtant presque gâché que par les éternuements impitoyables que les platanes nous infligent.

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Déambulant dans la petite cité, nous admirons quelques terrasses fleuries avant d’entreprendre la visite du  musée annoncé plus haut.

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Moment très intéressant : Ceret a offert sa villégiature à de nombreux artistes du XXème siècle , en particulier bien sûr Picasso, mais celui-ci répondait d’abord à l’invitation de collègues qui méritaient son estime : Manolo, Masson, Soutine entre autres. J’y découvre également avec ravissement et émotion "les gens du voyage" de Chagall, qui me touche particulièrement car il me rappelle une séance atelier découverte, avec mes petits CP à l’époque où nous travaillions avec le Musée en herbe*… . Une jolie collection d’une trentaine de toiles, esquisses, sculptures, céramiques, mérite le détour et l’intérêt des visiteurs pour  cette bâtisse claire en plein centre ville.

Quittant Céret presque à regret, nous mettons le cap sur Thuir, histoire de récupérer l’objectif Banyuls… La Maison Cusenier, institution traditionnelle et vénérable, permet aux visiteurs d’arpenter ses anciens quais et offre dégustation -vente dans l’antre de ses bâtiments séculaires. La famille Violet doit son empire à son  ancêtre, commerçant ambulant dans les années 1860. Il vendait autant d’épicerie que de mercerie et des coupons de tissus, répertoriés par lettres alphabétiques. La légende veut qu’il inventât en 1866 un breuvage mêlant le  vin de grenache à de nombreuses épices, cannelle, graines de sureau, fèves de cacao , Quinquina, café vert…La recette paraît  complexe et n’est probablement pas entièrement dévoilée. Mais elle fit mouche tout de suite, sous le nom de BYRRH, obtenu par la suite des coupons étalés devant le comptoir le jour du baptême! Le succès fut instantané, et tel que Monsieur Violet Père renonça au commerce saltimbanque pour fonder en 1873 sa fabrique,   devenue par la suite Maison Cusenier. Belle  et édifiante histoire d’une entreprise implantée dans le terroir… Mais en parcourant les hautes structures métalliques style Eiffel, le visiteur ne ressent aucune effervescence en ce vendredi après midi…


Notre route nous ramène encore sous le promontoire  de Queribus, fière ruine dominant le panorama. Celui-ci se déguste sur 360°, de la mer à l’Est  à Peyrepertuse en face, on repère Padern, Cucugnan tout proche, Aguilar, à nouveau… Et toujours le Canigou enneigé qui ne nous perd pas de vue, engoncé sous son chapeau scintillant dans le couchant. Enchanteur !

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Aussi incroyable que cela puisse paraître,  la visite de la citadelle de Queribus permet d'admirer encore l'architecture de ces forteresses d'altitude. Le visiteur se pose toujours l'inévitable question:  coment ont-ils pu élever ces bâtiments dans de telles conditions extrêmes? Notez ici le détail des clefs de voûtes gothiques:
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