Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/01/2009

retour

C’est arrivé tout à coup.
Les trottoirs de l’avenue luisaient après cette forte averse d’avril, et elle a remarqué les larmes étincelantes sur les timides bourgeons des platanes. Le temps de se formuler la beauté simple du phénomène, elle n’y a plus pensé.

Et puis, le même soir justement, en émergeant du RER, elle a longé comme d’habitude les grilles du Parc, fermées à cette heure crépusculaire. Elle a simplement entendu la phrase qui s’est formée dans sa tête, « qu’est-ce que ça sent bon, il doit y avoir déjà des lilas éclos, il faudra venir un moment ce week-end… », Et alors seulement elle a réalisé que l’air qu’elle respirait lui semblait léger et pétillant, comme une goulée d’oxygène capable de la saouler, ça l’a fait sourire et elle s’est dit que c’était vraiment une saison agréable.
Elle a repris sa marche lente pour remonter jusqu’à la maison.

Un peu plus tard, comme elle achevait de ranger la cuisine, Jérémy est entré dans la pièce, l’a observée un moment en silence; elle a senti son regard sur elle comme une source de lumière bienveillante. Son cœur a fait un petit bond dans sa poitrine, une légère bouffée rose lui est montée aux joues, elle a soufflé sur sa frange décidément trop longue pour chasser cette soudaine chaleur, et Jérémy a murmuré timidement :
- J’aime bien ton sourire, ce soir…
Elle s’est sentie émue par cette touche de tendresse, une réminiscence de bonheur révolu.

Elle aurait souhaité répondre, mais son mari avait déjà quitté la pièce.
Une inquiétude s’est fait jour, elle s’est dit « qu’est-ce que j’ai encore perdu ? » et puis elle a repris le cours de ses rangements.

Au moment de se coucher, comme toutes les nuits, elle est allée border Églantine et déposer un bisou de plume sur le front de sa fille, elle s’est arrêtée un moment, un voile de buée aux yeux, la gorge soudainement serrée par l’envie de la réveiller pour lui dire comme elle la trouve grande, belle, et si …Merveilleuse, tout bêtement. Elle s’est retirée sur la pointe des pieds, un sentiment d’inachevé pendu au cœur…

Quel gâchis, une éternité de grisaille l’a enserrée dans sa gangue.
Ça fait un bail qu'elle ne cherche plus la sortie …

***

Le ballon multicolore roule jusqu’à ses pieds, et dans ce petit matin encore un peu frisquet, elle a eu envie de shooter dedans, de la pointe de sa chaussure, mais elle l’a ramassé pour le tendre au petit garçon des voisins. Il ne faudrait pas que le ballon se dirige vers la rue et…

Ça y est, elle s’est à nouveau raidie dans son chagrin, le regard au-delà du perron de l’immeuble, elle s’apprête à retourner dans son asile intérieur, mais Tom, le petit Tommy des voisins, qui a l’âge que devrait atteindre aussi son fils, l’Ange perdu, la regarde et lui dit :
Tu sais, j’aimerais bien que tu joues au ballon avec moi 


Alors, elle baisse les yeux vers Tommy, admire les minuscules quenottes qui barreaudent son sourire épanoui, lève les yeux vers sa mère du bonhomme, à qui elle n’a plus adressé la parole depuis…si longtemps.
- Il fait beau, n’est-ce pas, même si le fond de l’air…
Elle s’en moque bien du fond de l’air, mais ce n’est plus la même chose.
Elle a vu la beauté de ce matin du monde, un enfant inconnu ou presque courir dans la fraîcheur étincelante de la matinée, et elle a pu penser à Lui en supportant les images juxtaposées.
Elle a compris qu’elle est en train de pardonner …

Il faudra encore du temps, c’est vrai, pour échapper à la  masse paralysante de la chape grise qui l'étouffe, alourdit ses gestes et comprime sa respiration, ce poids douloureux qui ancre son corps et son âme dans un néant sinistre. Elle perçoit cependant comme les prémices d'un éveil qui essaient de fissurer la gangue… Ça tient sans doute à un rien, des couleurs, des odeurs, des sourires et la chaleur des mains de Jérémy, mais ça pousse en elle…

Elle a compris qu'elle approche du bout du tunnel,

Elle vient d'entamer la lente remontée vers la Vraie Vie, celle où les émotions sont acceptables. Un jour, elle n'aura plus peur des photos, des regards, des sourires et des invitations… Un jour, elle regardera Églantine grandir sans ressentir cette pincée au coeur, semblable à une glaciation des sentiments.

Un jour…

La peau déchiquetée de son deuil tombera…

Bientôt.

Sa douleur s'évanouira imperceptiblement…

Elle revient.



26/01/2009

Ça coule de source…

DSCN5340.JPG

DSCN5341.JPG


Le renouvellement des générations apporte fraîcheur et dynamisme à nos esprits formatés.
Sandrine a eu la gentillesse de m’adresser cette petite gourmandise, assortie des progrès culinaires de la petite dernière, Anaïs, dont vous n’avez peut-être pas oublié le sens du partage avec Copain, l’été dernier, anecdote filmée par une indiscrète caméra.
Pendant qu’Anaïs s’exerce en cuisine avec rigueur et enthousiasme, Mathis enrichit sa culture historique et développe sa pensée philosophique, au cours d’une conversation entre hommes…

- Papa : "Avant, il y a très longtemps, ce sont les rois qui habitaient les châteaux. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui."
- Mathis : "Pourquoi ?"
- Papa : "Tu sais, ils n'ont pas toujours eu de la chance"
- Mathis (4 ans et demi) : "Pourquoi, parce qu'ils n'ont pas eu la fève ?"

Je vous le disais, ça coule de source, il suffit de conserver l’ angle de vue adéquat…

DSCN5342.JPG

Conscience professionnelle, il faut payer de sa personne et ne pas servir n'importe quoi…

21/01/2009

Silence, tabou et cinéma

Comme beaucoup d’entre vous, sans doute, nous avons regardé hier soir le film qu’Amos Gitaï vient de consacrer au malaise des descendants de juifs tués par la Shoah, Plus tard tu comprendras…, qui sort aujourd’hui sur les écrans.
- Un film de plus sur les juifs, bon, bof, après l’excellent La liste de Schindler dimanche soir, la télé n’en finit pas de revenir sur un sujet porteur d’audience… Mémoire oui, mais attention au risque de rabâchage quand même … commence-t-on à soupirer in petto dans les chaumières.

En réalité, le film vu hier soir ouvre un débat différent, beaucoup plus large et touchant par l’universalité du malaise évoqué. Ce n’est plus la dénonciation d’un fait de guerre avéré, le Crime contre l’Humanité du génocide commis par les nazis, mais plutôt le combat d’un homme pour secouer un tabou familial concernant la disparition de ses grands-parents. Le nœud de l’intrigue n’est pas la découverte de la déportation du couple, mais le malaise pesant de l’occultation de ce malheur. En effet, le personnage principal n’a pas connu ses grands-parents, parce qu’il est né après leur arrestation. En revanche il a le souvenir précis d’être allé avec sa mère dans leur appartement qu’un mystérieux tour de passe-passe a déposé dans le patrimoine de ses autres grands-parents. Ce que l’enfant accepte comme un fait naturel vient heurter la conscience de l’homme parvenu à son âge mûr, d’autant que le contexte du procès de Klaus Barbie ravive la mémoire collective par la parole enfin donnée aux victimes.
À partir de ce moment, le fils joué par Hyppolite Girardot ressent une pression interne dont il ne pourrait se soulager que par la mise au grand jour des circonstances du drame, voire par la levée de l’ambiguïté relative au rôle des beaux-parents de sa mère. Telle est la thèse du film et nous suivons les efforts du fils pour obliger sa mère à expliquer, justifier, nommer le drame. À son questionnement angoissé, la mère (Jeanne Moreau,) oppose une fuite permanente qu’il ne parvient pas à casser, par respect pour sa douleur présumée, par crainte de ce qu’il pourrait être obligé de nommer.… Et tout le débat est là.
Quoi de plus douloureux en effet que le secret, le non-dit, le respect obligé du silence qui prend alors la forme d’une culpabilité. Ce qu’exprimait très justement et subtilement Simone Veil dans son autobiographie Une Vie, parue je crois en 2007.
Même quand le fond de l’affaire n’a rien de honteux, le fait d’en être le dépositaire confidentiel pèse d’un poids particulier qui peut devenir étouffant. Tous ceux qui ont vécu ce genre d’expérience se sentiront touchés par le film d’Amos Gitaï, comme ils ont pu l’être s’ils ont lu le témoignage de Jérôme Clément, que le film transpose.
La qualité essentielle du film repose sur cette quête. Je trouve intéressant que la mère parvienne à se délivrer d’une partie de son secret auprès de ses petits-enfants, les confrontant ainsi ex-abrupto à leurs racines, plutôt qu’à son fils tellement demandeur.
Les acteurs du film sont à leurs places, Jeanne Moreau incarne à merveille cette femme forte dans sa détermination, maîtresse d’un secret indispensable à la menée de sa vie. En ce qui concerne les autres comédiens, je suppose qu’Amos Gitaï a tenu à leur donner une distanciation qui entrave notre empathie. De même le parti pris de plans panoramiques très longs, balayant l’enfilade des pièces de l’appartement, tandis que nous entendons le fil d’une conversation en voix-off, ce décalage correspondant au jeu de Dominique Blanc, Emmanuelle Devos ou Hyppolite Girardot finit par lasser. Trop de naturel tue le naturel. Ou encore l’évocation de l’arrestation des réfugiés dans l’hôtel est infiniment trop longue, voire incongrue, inutile. Mais j’imagine que ces scènes devenaient nécessaires au cinéaste afin de donner corps et matière aux malaises des protagonistes. De la difficulté de monter l’indicible, d’imager l’intime et la souffrance psychologique.
Enfin la musique joue un rôle de premier plan et il me semble que ces notes soutenues transmettent alors mieux que les images l’émotion et la mémoire ciselée des événements.

19/01/2009

Le Mystère des Dieux

le mystère des Dieux205.jpg Voici donc le dernier volet de la trilogie de Bernard Werber sur les Dieux.
Pour mémoire, et afin que le déroulement reste clair pour tous, lecteur et futur lecteur, rappelons les trois étapes du cycle :
Nous les Dieux, paru en 2004
Le souffle des Dieux, paru en 2005
Le mystère des Dieux, paru en 2007

En réalité la trilogie appartient à un cycle plus vaste, puisque bon nombre des personnages que nous retrouvons sont déjà associés à la série des Thanatonautes, paru à partir de 1994. Certains, comme Aurélien, ont découvert et suivi l’auteur depuis leur pré-adolescence avec Les Fourmis (1991) et le Jour des Fourmis (1992). Enthousiasmé alors par l’aspect entomologiste de l’ouvrage, mon fils, âgé de 12 ans à l’époque, avait déposé le bouquin sur mon oreiller, assorti d’une recommandation impérative :
- Tiens, lis ça, c’est vachement intéressant. D’ailleurs, je vais d’abord t’faire passer un test
Sans plus attendre, il était revenu dans ma chambre, muni d’une boîte d’allumettes afin de faire plancher sa mère sur une construction géométrique où il fallait créer une figure composée de triangles juxtaposés avec un nombre restreint d’allumettes.
Vous vous étonnez de la digression ? Eh bien je crois que nous sommes ainsi au cœur du sujet, dans un univers à tiroirs qui peuvent s’explorer dans l’ordre ou bien en parfaite anarchie chronologique.
Le procédé narratif de Bernard Werber consiste à relier toutes ses histoires, par la thématique et par les destins successifs de ses créatures. Ainsi, d’un volume à l’autre, le lecteur retrouve ses repères, ce qui participe à la fois du rassurant et du familier, système récurrent dont nos esprits médusés sont friands. En outre, le principe veut que le lecteur attende impatiemment la suite, appâté par l’abîme mystérieux où les dernières pages de l’ouvrage précédent ont mené le héros … C’est malin, lectorat fidélisé, éditeur comblé je suppose. C’est dire que les aficionados de Bernard Werber ont pu suivre de loin les expérimentations du personnage principal, Michael Pinson.

Michael Pinson est donc passé du statut de mortel à celui d’immortel. Les lecteurs assidus de Bernard Werber ont suivi le personnage humain, donc mortel, en explorateur du monde des morts dans les Thanatonautes. Malgré son décès prématuré, les habitués ont retrouvé leur héros en apprenti ange, ce qui révèle la bonne nature du personnage, dans l’Empire des Anges, paru en 2000. Avec le cycle des Dieux, Michaël reçoit une jolie promotion et se rend dans la case…Olympe !
Le voici donc élève dieu, dans un Panthéon mythologique fortement inspiré de l’Antiquité hellène. Seul Zeus est difficile à fréquenter, mais Michaël est rapidement remarqué, à son corps défendant, par Aphrodite en personne. Pas très assidu aux cours d’Apothéose, Michaël a retrouvé ses amis du monde terrestre, dont Edmond Wells, Freddy Meyer et Raoul Razorbak, il doit par ailleurs composer avec de nouveaux venus pas vraiment incognito…Simone Signoret, Edith Piaf, Marilyn Monroe quand même… Bref, un joyeux méli-mélo assez fantaisiste de personnages tirés de l’histoire et des légendes du monde terrestre.
Au long des trois tomes cités en début d’article, Michaël et ses coreligionnaires vont pister les mystères de la dimension divine, tenter d’aborder au sommet de l’Olympe, pour découvrir ce qu’est l’essence même de la divinité et au-delà du Principe Créateur… Vaste question qu’il est hors de question de dévoiler, sous peine d’anéantir l’intérêt du feuilleton. Évidemment, pour avancer dans le récit, il faut accepter le principe de cette reconstruction, foin donc de vraisemblance et de rationalité, nous sommes dans La dimension werberienne par excellence, ce qui aboutit à un divertissement bon enfant comme le souligne l’Aurélien d’aujourd’hui, un rien désabusé malgré son amusement :
- En fait, c’est de la littérature pour adolescent, et encore, bien moins gore que beaucoup d’ouvrages étiquetés jeunesse.
Il n’empêche, comme il existe des chaînes de télévision, des films et des spectacles dédiés aux familles, pourquoi bouder le plaisir d’une lecture agréable, parfois piquante intellectuellement par une combinaison de petites notes techniques ou érudites émaillant le cours du récit. Je confesse que les extraits de L ‘Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu d’Edmond Wells, parodie de l’Encyclopédie, la grande, celle des Lumières, m’amusent et apportent un petit souffle particulier au récit. Sans se prendre la tête, ce genre romanesque offre donc de bons moments à partager avec vos ados.

Les trois volumes du cycle des Dieux parus chez Albin Michel.
Les ouvrages antérieurs sont disponibles en poche.

12/01/2009

déresponsabilisés!

Peut-être avez-vous noté ce message sur France Inter ces temps-ci :

« Attention, vague de froid…
Le froid fragilise les jeunes enfants et les personnes âgées…
Pensez à prendre des nouvelles de vos parents, grands-parents…

La voilà, la preuve flagrante que les Français sont traités comme des demeurés, des irresponsables, pas fichus de penser tout seuls à leurs proches ! Et ils laissent faire, les Français, bien contents qu’on pense à leur rappeler d’effectuer le b.a ba de la Vie, un geste ordinaire et banal, mais somme toute, une simple attention à l’Autre. Nous sommes décidément entrés dans le déclin de notre civilisation…
Cette déresponsabilisation totale de nos concitoyens rejoint et complète ces aberrations de plus en plus fréquentes depuis la décennie 90 du siècle dernier. Souvenez-vous de ces nouvelles surprenantes, comme la mise en examen d’un maire parce que des gamins désoeuvrés s’étaient blessés en jouant avec l’équipement sportif du stade de la commune, jusqu’à ce qu’un poteau cède et tue l’un d’entre eux par sa chute… Maire responsable et condamnable, mais les parents qui laissent leur progéniture errer sans but ? Ah ben non, pas les parents, ce sont des électeurs…
Et puis sont arrivés les procès » à l’américaine », contre le médecin fatigué par ses quarante patients/jour, l’infirmière sur exploitée qui assume trop d’heures à son poste, l’instituteur (ah çui-là, il est d’la race du bouc émissaire) qui n’arrive pas à se démultiplier pour surveiller individuellement chaque enfant en cours de récréation… On peut multiplier à l’infini les exemples. Au point que les candidatures deviennent rares parfois, pour endosser la fonction dans certaines communes…
En revanche, avoir exercé au plus haut degré de l’échelle sociale protège : la formule désormais célèbre : « responsables mais pas coupables… » permet à d’anciens ministres et secrétaires d’état de poursuivre leur bonhomme de chemin, alors que de sordides arrangements ont conduit au laisser-faire, pas vu pas pris… Et les scandaleux tours de passe-passe qui aboutissent à faire payer par nous tous, enfin surtout vous et moi, les bouchages des trous du Crédit Lyonnais, le remboursement des dettes d’ Hurluberlu 1er, menteur, tricheur, escroc sur les larges bords et provocateur de première classe.
On enregistre bien quelques protestations, de-ci, de là. Mais aucun mouvement construit n’a jamais vu le jour. Râleries éphémères et inutiles, comme des éructations de geyser mentaux qui ne servent même pas à réchauffer l’atmosphère. En attendant l’été prochain, où le service public diffusera un nouveau message :
« Attention canicule…
La chaleur entraîne de nombreux malaises chez les jeunes enfants et les vieillards.…
Pensez à téléphoner à vos vieux pour prendre de leur nouvelles… »

11/01/2009

Récréation

Malgré les turbulences météo, l’actualité dramatique en Palestine et les sempiternelles mises en garde contre la crise ( loin de l’acception Coluche, et sa manière de prononcer LAA CRIIISE !suivi d’un borborygme difficile à imiter, approchant plus ou moins un MGUEUH) il me paraît essentiel de ne pas remiser de sitôt les douceurs des moments vécus pendant la bienvenue Trêve de confiseurs.
Dans notre cas, outre les échanges divers avec les amis et la famille nichée au loin, la journée avec Simone et Denis, les souvenirs chaleureux d’un Bon Moment en excellente compagnie… S’en est suivi le séjour d’Audrey et Sébastien, tendresse et retrouvaille, bonne humeur, cocooning, confidences et gâteries, sur fond musical jazz manouche : Thomas Dutronc, Renan Luce et la BO de Vicky Cristina Barcelona, décontractant, émoustillant, ludique .

Et puis, passées les agapes, le beau temps froid mais sec a permis les grandes balades dans la colline pour dégourdir autant nos digestions pesantes que les pattes du petit peuple. Chacun exerce ses talents, Seb inaugure la belle laisse toute neuve et s’entraîne drastiquement au « Pas Sauter ! ». Il y met du sien, prononce distinctement, s’applique à transmettre fermeté et constance dans ces deux petits mots, mais il faut bien avouer que le résultat demeure aléatoire. Reste alors à pratiquer l’art de l’esquive : effacer les épaules, pivoter la taille et glisser rapidement en arrière afin d’éviter la charge de la brigade légère, en l’occurrence l’expression de l’affection et de la reconnaissance de Copain. Le tout sans cesser d’afficher la détermination du Maître Chien qui ne s’en laisse pas conter…

Par contre, le « halte -assis- pas- bouger », ça marche nettement mieux. En témoignent ces photos, regardez comme Zuco et Copain sont attentifs :

DSCF2519.JPG

DSCF2520.JPG


1,2, 3 Soleil
DSCF2521.JPG

09/01/2009

Mare aux canards, 2 piscines pour le prix d'une

PICT0035.JPG


Conséquence inédite des intempéries de mercredi sur la piscine: la neige s'est accumulée sur la bâche d'hivernage, son poids a créé une cuvette, qui s'est creusée au fur et à mesure. De fait, les tendeurs qui maintiennent la bâche tendue souffrent et peuvent céder sous la charge.
PICT0034.JPG

PICT0027.JPG


La neige a fondu progressivement, mais l'eau ainsi accumulée a gelé.
Nous venons d'inventer un nouveau concept: les bassins superposés:
La piscine recouverte en dessous, où l'eau circule toutes les nuits pour éviter la prise de glace. GéO y a disposé avant la fermeture des flacons en plastiques vides, maintenus en flottaison à différents niveaux pour servir de tampon à la pression de la glace, si d'aventure les températures descendent encore.

Le second bassin, vous pouvez l'observer, ressemble à une mare aux canards gelée. La bâche reste creuse, et le gel de l'eau pèse également. Pour le moment, les tendeurs jouent leur office, imaginez la rétractation de la bâche s'il venait à lâcher comme ceux de notre voisin…Brrr
PICT0028.JPG


PICT0019.JPG



Bon, le premier risque auquel songe GéO, et qui rend plus nécessaires que jamais les grilles qui entourent la piscine… Et si notre explorateur en chef songeait à s'investir dans le patinage: Copain-Candel, je le sens bien, ce nouvel avatar.

08/01/2009

Dans le même bain…

Pour illustrer l'équité soudaine de Dame Providence décidant cette année de mouiller tout le monde dans le même bain.
Pour remonter le moral aux envieux des contrées souvent moins ensoleillées.
Pour s’amuser de quelques clichés insolites qui auraient mérité leur pesant de gros sel.
Malheureusement, trop occupée à bavarder avec Simone de nos flocons respectifs, je n’ai pas eu le doigt assez prompt sur le déclic pour fixer les hésitations de Copain face à l’étendue immaculée sur la terrasse hier matin.
Le malin y est allé d’une patte prudente, noire sur le coussin blanc, retrait circonspect, truffe rasante, humant l’odeur inconnue, hasardant une deuxième patte légère, puis prenant de l’assurance, il a osé se risquer sur la surface molle, avant de partir d’un trait à la remorque de Zuco, le connaisseur qui n’avait pas attendu.

À notre lever, l’épaisseur du manteau déjà tombé n’excédait pas 5 centimètres. La chute de neige était drue mais fine comme une pluie bretonne, déterminée, sans violence. GéO n’y a vu aucune raison pour renoncer à descendre au village chercher notre provende hebdomadaire. Nous voici donc au cœur du célèbre marché de Saint-Max, le rendez-vous du mercredi pour tous les chalands de la région, car il faut le préciser sans modestie, le marché de Saint Max est réputé pour la variété et la qualité des étals, des produits vraiment locaux, maraîchage et artisanat, aux productions plus vastes, mode, tissu, colifichets.
Deux petites vues de l’ambiance place malherbe, vous aurez tout compris…

Photo0195.jpg

 

Photo0196.jpg


La patinoire tout juste démontée a laissé place à la .…pétaudière.

Sur le Mail Bonfils, normalement hospitalier aux marchands sur deux rangées, seule la camionnette du boucher chevalin patientait sous l’averse blanche. La place Malherbe, quant à elle, arène aux cinq travées, tout juste libérée de ses estrades enserrant la patinoire, offrait ce désolant panorama, deux parasols isolés, dont l’un abritait chichement quelques tee-shirt printaniers en prévision de beaux jours si lointains…


Mais le plus difficile restait à venir.
Rassuré par l’état de la route à la descente, GéO décide de compléter nos courses par un petit tour chez les commerçants habituels, afin de pallier les défections de nos approvisionneurs.
Le temps de passer chez Marie pour le pain et de prélever quelques fruits chez Provenç’halles, voilà que le ciel redouble d’efforts pour ensevelir la colline. Cette fois, ce sont de gros flocons tumultueux qui établissent un rideau blanc sautillant sous les balais de l’essuie-glace, et les doutes commencent à glisser quelques questionnements quant à notre équipement.
D’abord, GéO se veut rassurant :
- Toute ma vie, j’ai connu l’hiver des routes enneigées, j’en ai fait des kilomètres dans des conditions autrement difficiles!
Tant que nous sommes en plaine, aucun problème en effet, GéO conserve une allure régulière, évitant les à coups…
Arrive le carrefour de Régalette.
Nous prenons l’embranchement, la route moins fréquentée offre sur fond velouté, le rainurage des voitures qui nous ont précédés.
Passé le second virage, les rails deviennent moins précis, mais GéO commente sereinement :
- Tu vois, il suffit de conserver une petite accélération, sans forcer surtout, avec un peu de pêche en réserve sous la pédale, tu n’as rien à craindre, ça doit passer…
Sauf qu’au premier gendarme couché, les roues commencent à patiner, la direction semble hésiter, un coup à droite, un coup à gauche, ce petit obstacle de rien, dix centimètres de tôles posées à même le macadam, et GéO râle déjà contre ces ralentisseurs imbéciles qui nous compliquent l’existence. À peine ce passage franchi, la côte se fait plus franche, et la voiture renâcle. Comme un cheval affolé par les flaques d’eau, le Scenic hoquette, tergiverse, patine, creuse ses propres pièges dans l’épaisseur du manteau… GéO use sa pratique, insiste, feinte avec (l’animal) l’engin, recule pour se lancer à nouveau sur le tapis collant. Une fois, deux fois, il parvient à ses fins et nous gagnons cinquante, puis cent mètres. Nous sommes à la mi-pente de Régalette maintenant, je retiens ma respiration parce qu’avec les premières maisons, nous longeons aussi des bas-côtés plus creux. J’évalue déjà qu’à cette allure, nous ne heurterons pas violemment les poteaux, mais que la descente du véhicule sera acrobatique. Mais non, GéO tient habilement son volant, nous progressons toujours, vingt mètres de plus et le pré aux chevaux se profile sur la droite. Mais je n’ai guère le cœur à admirer ces beautés, d’ailleurs invisibles sous le déferlement tourbillonnant. Cette fois le Scénic glisse maladroitement vers la gauche, les roues mordent franchement ce qui d’ordinaire s’appelle le bas-côté. Nous n’avons même pas de pelle dans la voiture, quand deux silhouettes frêles apparaissent à notre rencontre. Dépêchée par GéO, j’aborde les deux adolescents qui me rassurent aussitôt, ils sont sortis pour venir à notre secours.
À nous trois, nous poussons la voiture, et cela permet à GéO de gagner à nouveau soixante mètres. Encore autant, et nous pourrions atteindre le méplat, où le véhicule trouverait peut-être moins de difficultés pour accrocher au sol. Hélas, GéO s’arrête pour m’embarquer, et il n’est plus possible de repartir… Après de nouveaux essais infructueux, et l’arrivée de deux autres voitures qui peinent à gagner le niveau où nous sommes stoppés, il faut se rendre à l’évidence : pas moyen d’aller plus loin, inutile d’envisager gagner le petit plateau, encore moins la pente de l’allée des mésanges, aujourd’hui, ce sera l’Impossible Everest du Rébubéou. Notre colline est imprenable en l’état. Reste à appeler le voisin Éric à la rescousse, avec son 4X4, il apparaît comme le blanc chevalier sauveur.

L’aventure est contée pour vous chanter que, Nord ou Sud, nous sommes tous logés à la même enseigne. Et encore ! le tracteur chargé du déneigement est passé sur notre colline à la tombée de la nuit. Le ciel avait déjà cessé de déverser sa nappe immaculée depuis quelques heures, mais le froid vif avait durci le tapis et GéO craignait que la voiture ne soit difficile à dégager. Pour ma part, je me voyais mal piloter la Saxo comme un bull en rodéo sur cette couverture glissante… Nous avons donc attendu ce matin pour récupérer la monture de GéO, fringante, sans bleus ni bosses.

Pendant ce temps, Copain s’est rudement bien acclimaté aux sensations nouvelles. Il faut reconnaître que sa robe en peluche lui est confortable et qu’il est mieux protégé que sa maîtresse en Damart ! L’épaisseur et la dureté de la couche neigeuse et glacée n’ont d’ailleurs pas découragé son sens des trouvailles, et ce matin encore, malgré sa nuit à l’intérieur, il est revenu fringant du pissou matinal, pattes noires et truffe terreuse, comme il se doit… Mais il a le regard tellement aimant !

DSCF2537.JPG

 

DSCF2538.JPG


DSCF2540.JPG