29/03/2009
Slumdog millionaire
(Suite de la chronique cinéma de notre colline…)
Notre second choix s’étant porté sur Slumdog millionaire, du britannique Danny Boyle, nous avons enfin pu accéder à la séance promise vendredi dernier…
Le film est sorti depuis janvier dernier en France, où il connaît le même succès que partout ailleurs dans le monde. Mardi dernier, il s’est avéré impossible d’assister à la séance requise, tant les fameux 8 oscars décrochés en février à Hollywood ont conforté son audience. Inutile de préciser à quel point je tenais à profiter à mon tour de la projection promise.
Eh bien ce vendredi, la salle du Pathé plan de campagne dévolue à ce programme est loin d’être pleine. Après la foule agglutinée pendant les 3 jours de Printemps du cinéma, nous sommes tout au plus une cinquantaine de spectateurs à s’égailler dans les rangées de sièges déjà bien fatigués du complexe cinématographique. Les habituelles odeurs de pop corn ranci empoisonnent l’atmosphère, mais je suis tellement ravie de tenir enfin le plaisir attendu que je décide de ne pas y prêter plus d’attention. Le son beaucoup trop puissant nous gênera en revanche de manière continue et je profite de ce billet pour signaler aux projectionnistes que cet abus sonore dessert le film par le désagrément occasionné. …
Danny Boyle, l’auteur du film, s’est déjà imposé depuis lurette parmi les réalisateurs intéressants. Dès 1994 où il a produit le premier volet de sa trilogie consacrée au thème de l’avidité financière et les dérives de la recherche d’argent facile, avec Petits meurtres entre amis, puis le dérangeant Transpotting, deux ans plus tard, que j’avais trouvé si glauque que je me suis abstenue de visionner le dernier volet Une vie moins ordinaire.
Néanmoins, Danny Boyle demeure un cinéaste attendu, d’autant que ce dernier opus a mérité la consécration rappelée au début de l’article.
Le récit commence au moment où un jeune homme, Jamal, candidat très heureux du jeu Qui veut gagner des millions, version Bombay, est sur le point d’emporter le Jackpot le plus fabuleux de l’histoire … Sans que nous en saisissions la raison, le voici emprisonné dans de sordides conditions au commissariat local où les méthodes d’interrogatoire qui lui sont appliquées sont franchement barbares. Le jeune homme résiste d’abord à cette torture et puis, vaincu, entreprend de dévoiler à son tortionnaire les conditions particulières qui l’ont conduit à fournir miraculeusement les bonnes réponses.… Le film se déroule alors selon le procédé de flashes-back successifs pour reprendre le déroulement du destin de ce gamin trop tôt orphelin, livré à lui-même dans les ruelles inextricables de son bidonville, exposé aux rencontres sordides qui guettent les innombrables victimes de Mumbai.
Haut en couleurs et en sonorités, le monde du bidonville est dépeint comme une grande fresque, un déferlement d’agitation humaine, un imbroglio de courses poursuites entre enfants bataillant pour leur survie et adultes animés d’intentions douteuses. Malgré l’humour et la malice des deux protagonistes, Jamal et Salim, merveilleux de naturel dans toutes ces scènes d’enfance, la rencontre romanesque avec Latika, l’univers décrit est dur, brutal, d’un réalisme qui anéantit tout optimisme angélique. Ce sont des conditions de vie qui ne peuvent laisser indifférent et la force du réalisateur consiste justement à nous faire passer du sadisme des exploiteurs à la fraîcheur de la tendresse qui lie Jamal à Latika. Sans omettre de développer la palette des sentiments humains, la jalousie de Salim, aîné de Jamal, incapable d’imposer son autorité légitime face à la détermination innée de son cadet, l’âpreté du gain, justifiée par le contexte, la corruption, le banditisme, les rivalités de bandes… Une société dépeinte par ses rouages cruels, où les rencontres idylliques apparaissent comme des oasis bienfaisantes et inattendues.
Comment Jamal se tirera-t-il de ce guêpier abject ?
Le film prend à ce moment un tour de fable, et la magie opère toujours. La simplicité naïve de Jamal l ‘emportera-t-elle sur la jalousie cupide de l’animateur, au demeurant aussi antipathique et boursouflé d’orgueil que ses homologues occidentaux…
Nos pudiques amoureux seront-ils à jamais séparés par le cruel chef de gang?
Salim, traître fraternel, saura-t-il racheter ses erreurs ?
Courez donc à votre tour et plongez-vous dans les ruelles malodorantes, grouillantes et chamarrées de ce conte de fée sauce Bollywood, car Danny Boyle vous réserve un bouquet final en forme de clin d’œil local, histoire d’effacer, à l’instant de les quitter, les cruautés évoquées.
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27/03/2009
mots pour mots
Prolongement du sujet abordé hier, j'ai trouvé ce matin dans le blablablog de Katherine Pancol deux très jolies phrases, qu'elle attribue d'ailleurs à des correspondantes inspirées.
Je ne crois pas malhonnête de les relever pour les transmettre à mon tour, tant ces phrases sonnent juste et généreuses.
Dans ce monde âpre et desséché par l'égocentrisme et l'égoïsme, il est bon de se fourbir des armes contre l' amertume et les frustrations, j'espère que ces citations trouveront en vous le même écho qui m'a touchée, des mots qui abolissent les distances et tissent tant de liens.
"Les mots sont comme les gens. Leur manière de venir à nous en dit long sur leurs intentions."
Et encore:
"Une bibliothèque est une chambre d'amis."
Et comme mon auteure de référence transmet également de bons conseils à ses correspondants avides d'échanges et d'encouragements, elle enrichit le message de cette autre citation:
« Essayez. Ratez. Peu importe. Essayez encore. Ratez encore. Ratez mieux." Conseil de Samuel Beckett à un écrivain débutant.
Ratez mieux…
Mais essayez toujours…
Car le bonheur de faire est au bout.
Propos tirés du billet du 26/03/09 dans http://www.katherine-pancol.com/
Bonne journée à vous, lecteurs et lectrices inconnus et discrets.
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26/03/2009
La vie des mots
Tandis que coulent nos jours, nos humeurs s’embrasent ou se tassent au fil de nos ressentis.
- « Quelle phrase bien emphatique pour débuter la journée », me direz-vous!
Attendez de découvrir les surprises du jour, petits faits en apparence bien anodins, mais qui suscitent la réflexion citée plus haut.
Hier matin, GéO découvre dans le nouvel Obs. un article concernant les jeunes créatifs qui bravent le pessimisme ambiant en créant leur petite société … L’article est illustré de l’exemple d’une microsociété, lancée par une jeune femme volontaire. À la lecture de l’article et au nom cité, GéO reconnaît la fille de son ancienne compagne, et son cœur s’émeut, car il aimait bien la petite Lisa d’alors, chamailleuse et bagarreuse certes, mais aussi battante et gaie, malgré son peu d’intérêt pour la fréquentation assidue du collège. Pendant quelques années, la coexistence avec l’adolescente n’a pas été souple et linéaire tous les jours. Cependant au fil du temps et des événements, GéO s’était comporté comme il l’estimait nécessaire, hospitalier et vigilant, tantôt complice et généreux, tantôt réactif et redresseur de torts, s’il jugeait que la rebelle passait certaines bornes à l’égard de sa mère… Il n’est pas difficile d’imaginer les hauts et bas d’une relation avec une gamine qui rêve toujours de réconcilier ses parents, quitte à gâcher le quotidien que l’un et l’autre essaient de reconstruire !
Après avoir pesé la mesure d’une possible intrusion dans l’existence d’une personne perdue de vue depuis près d’une décennie, Géo se décide à laisser un message à la jeune femme. Sans tarder, la réponse arrive ce matin sur sa boîte mail, et le voilà tout ému et ravi! Lisa lui confie qu’elle est heureuse qu’il ait lu l’article, qu’elle l’espérait, le sachant lecteur assidu de nombreux hebdomadaires, et cerise sur le gâteau… » Que le parcours personnel de son ex- beau-père lui sert d’exemple et de motivation » ! Quel cadeau pour GéO !
Le message distille d’ailleurs la maturité de son interlocutrice : elle reconnaît en quelques mots n’avoir pas été très facile à vivre et s’être montrée « invivable ». En fait, GéO n’est pas si facilement démontable et le récit de ses échanges n’a jamais fait état de divergences insurmontables, même quand la chipie d’alors manigançait l’intervention de son père… Rétrospectivement, GéO a conservé un souvenir plus attendri que rancunier pour les frasques de la gamine récalcitrante qui a partagé quelques saisons de sa vie.… C’est dire que les mots utilisés par Lisa le touchent et confortent évidemment l’estime de soi dont GéO n’a par ailleurs jamais manqué !
De mon côté, je reçois également ce matin une goulée de miel qui ensoleille ma journée !
Depuis la fiche de lecture que j’ai établie sur la valse lente des tortues, j’ai eu l’audace de contacter Katherine Pancol sur son site. Sa réponse arrive justement ce matin, ce qui m'impressionne car je lui octroyais d’office un délai bien supérieur, compte tenu de ses activités créatrices et de ses obligations professionnelles ! Le message est adorable, simple et touchant, et l’on y découvre l’attrait d’une personnalité réellement attentive à autrui et à la portée des mots utilisés.
Je ne peux évidemment résister au plaisir de citer deux des petites phrases qui constituent mon cadeau du jour…
« Votre message m’a profondément émue...
Il y a des mots comme ça qu’on envoie et qui sont comme des amis, des ambassadeurs de coeur... »
Ma modestie naturelle (hum !hum !) m’incite à garder pour moi la suite du message, mais je voudrais juste souligner l’art de l’auteure pour traduire la teneur de ce billet. Les mots sont des ambassadeurs du cœur, vous imaginez d’autres raisons pour passer tout ce temps derrière une page blanche ou un clavier, consacrer son énergie à transmettre nos idées, nos attentes, nos espoirs et nos désirs, nos enthousiasmes et nos joies ? Nos colères et nos désarrois aussi, puisqu’il faut bien balayer les poussières de nos rancoeurs.
Et puisque je vous confie mon admiration pour Katherine Pancol, son talent d’écrivaine et son dons pour créer des personnages humains, attachants et stimulants, ne vous privez pas d’aller découvrir sur son site la vidéo de présentation de la valse lente des tortues, où l’on peut découvrir la richesse et la spontanéité de la femme, et dans l’onglet blablablog, ses réflexions attachées au travail de création. Cette lecture me paraît motivante, fondatrice et indispensable…
rappel des coordonnées du site : http://www.katherine-pancol.com/
13:02 Publié dans O de joie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, mots, messages, katherine pancol, chaudoudoux | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
24/03/2009
Gran Torino
Depuis un bon moment, nous avions oublié d’honorer nos lundis ou mardis-ciné. Et puis en réalisant que c’était à nouveau le printemps du cinéma, nous nous sommes dit que c’était trop bête !
Chacun à son ordi, nous divaguons dans la longue liste des films que nous n’avons pas vus… Évidemment, nos goûts sont un peu différents, voire divergents. GéO aime les films virils, il faut que ça bouge, avec une réelle prédilection pour les promesses de castagne, et les dialogues percutants, style Audiard. À défaut, une réalisation musclée, des personnages toniques et battants, et surtout une histoire fondée sur une morale positive. Le mal-être, l’ambiguïté , les fins entre-deux eaux, cette manie nouvelle d’abandonner le récit sur une lancée indéterminée, où le spectateur devra se prendre en main pour achever le parcours de personnages à la dérive, non, trois fois non, GéO n’accepte pas le genre de scénario qui tend à démoraliser son public. C’est un réflexe de survie, la vie est une affaire dont la fin est tellement triste qu’on ne peut pas laisser la porte ouverte au défaitisme.
De mon côté, je furète à la recherche d’histoires sensibles. Ce qui m’intéresse, c’est qu’on me parle de la vraie vie des vraies gens, de vous et de moi, de nos parcours et de nos accidents, nos bosses, nos cicatrices. Nos enthousiasmes aussi, bien sûr, les pourquoi et les comment, les chemins de traverse et la petite touche cachée, au fond de la cour, de la chambre, accrochée au bout de cœur et qui fera rebondir. Si l’intrigue s’appuie sur un fait de société, si elle permet de percevoir une réalité qui n’est pas la mienne, si elle dévoile l’âme et les ressorts de mes "co-humains", qu’ils habitent Brive-la-Gaillarde ou la Tanzanie, le Brésil ou le Bush australien, l’Afrique du Sud ou la Finlande…Du moment qu’il est question de mes frères humains, de leurs rapports et leurs défis, il suffit ensuite que l’histoire soit bien contée, la mise en scène cohérente, le scénario vraisemblable, les dialogues travaillés avec un minimum de psychologie… Que les images ravissent mon sens de l’esthétisme et ma curiosité, que la musique accompagne et valorise les émotions… Je ne suis pas vraiment une spectatrice difficile…
Et le gagnant a été… Gran Torino, de et avec Clint Eastwood.
D’abord, parce que GéO est un inconditionnel de Clint Eastwood, que j’apprécie mieux depuis ses réalisations plus récentes comme Mystic River et Million dollars baby, que dans les productions des années 70-80, mais il faut reconnaître que ce vieux jeune homme a la pêche et dispose surtout d’un talent appréciable dans l’art de dévider la pelote du récit…
Seconde raison, tout aussi valable : sur l’échelle des étoiles d’Allociné, spectateurs et critiques ont administré généreusement 4 étoiles…Les critiques, on se méfie, les spectateurs, ça rassure.
De Gran Torino, qui est conçu comme un thriller, il ne faut pas dévoiler toute l’affaire. Mais on peut situer le thème dans la grande tradition des rencontres entre personnages que tout oppose…Et que des événements involontaires associent pour transformer leur point de vue. Le grognon de service, interprété par Clint soi-même, veuf misanthrope, aigri, insupportable et cracheur invétéré, invective ses voisins, famille d’émigrés asiatiques, représentée par ses deux adolescents, joués par Bee Vang et Ahney Her. Ce qui devient plus original et sensible au fil de la narration, c’est le parcours d’initiateur que choisit le personnage acariâtre et la forme de sa rédemption. Les poncifs sur l’Américain moyen, macho, bagarreur, raciste, râleur, le constat des communautés noyautées par les gangs, les difficultés de communication inter générationnelle, émaillent le propos et laissent sourdre une vision amère de la société. On le sait, Clint Eastwood appartient à la génération des créateurs américains qui portent un regard rétrospectif critique sur les comportements de la société à laquelle ils appartiennent. Il n’ignore pas qu’une majeure partie des films auxquels il a participé a contribué à créer cette image de conquérants insupportables, dominateurs et violents. Cette brutalité dont Cronenberg dénonçait les effets incontournables dans son excellent History of violence, et qui est distillée partout, dans les livres bien sûr, mais surtout dans les « divertissements » : films, séries télévisées, musique, exposition picturale, débats...
Gran Torino raconte donc aussi une histoire de violence, une montée des atrocités dans les rues "dépolicées" d’une cité du mid west, et les différentes issues entrevues par les personnages pour casser la domination de la sauvagerie. Pour forcer le message, point n’est besoin d’être trop moralisateur, et Eastwood sait parfaitement que l’angélisme nuirait à son propos. Il se sert donc des armes qu’il connaît bien pour étayer sa démonstration, et la peaufine à merveille avec son dénouement… Que vous ne pourrez apprécier qu’en assistant à la projection…
À noter encore la partition musicale d’un certain Kyle Eastwood… Le cinéma devient décidément une affaire de famille sur tous les continents…
À propos, savez-vous à quoi fait référence le titre du film ?
Comme je suis bonne fille, je vous donne quelques indices…
Songez aux attributs de la virilité dans la mythologie hollywoodienne: le pistolet, la cigarette, le cheval au galop et/ou…
Je ne vous le donnerais pas en mille, mais je sais qu’Aurel avait la réponse…
17:33 Publié dans Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, clint eastwood, critique, récit, violence | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
16/03/2009
la photo
La photo s' est affichée sur l’écran de l’ordinateur portable.
Elle occupe le centre de la fenêtre scintillante, mais ses dimensions plus restreintes libèrent des pixels inutilisés qui constituent un écrin noir. Comme un bijou, le cliché est mis en valeur grâce à cet effet de contraste. Impossible de déterminer si l’effet est volontaire ou si ce sont des contraintes techniques qui participent à la mise en écran, similaire à une mise en scène préméditée.
La tonalité majeure de l'image est émise par une nuance verdâtre, couleur d’algue, et un léger flou, que l' on pourrait qualifier « d’artistique ». Il n’est pas certain cependant que l’opérateur ait réellement voulu créer un effet. Ce sont plutôt les rideaux de la fenêtre qui sont restés fermés, formant un écran contre la lumière de ce début de matinée. Ils n’ont pas eu l’idée ou l’envie de convier la clarté dans l’intimité de la scène.
Les dimensions réduites de la photographie, l’écran noir encadrant largement le cliché, la touche aqueuse de l’image, confèrent à la reproduction un aspect de tableau ancien, plutôt école flamande du XVIIe, Vermeer ou Van Dyck.…Pourtant, à l’inverse d’un portrait de commande, où le sujet est en représentation, les personnages qui composent le centre du tableau ne semblent pas préoccupés par l’impression qu’ils offrent d’eux-mêmes. Ils ne posent pas, même s’ils regardent tous deux l’objectif. Ils se tiennent très proches l’un de l’autre, leurs bustes manifestement dévêtus chastement cadrés au-dessus du renflement de la poitrine de la jeune femme. Ses longs cheveux noirs cèleraient de toute façon son anatomie aux regards irrespectueux, dans le cas inenvisageable où leur portrait tomberait sous des yeux intrus. Leurs proportions sont parfaites, harmonieuses, une impression de perfection instantanée émane de leurs sourires juvéniles et de la détente abandonnée de leurs regards.
Lui se tient à gauche, de face mais très légèrement ouvert vers elle, par une légère torsion qui montre l’attache robuste et délicate du cou et de la tête. Une ombre de sommeil traîne encore dans ses iris dorés, son sourire ouvert à demi laisse deviner une plénitude accomplie, un bonheur intérieur accepté, résolu. Elle a incliné un peu la tête vers lui, mais pointe son menton volontaire vers l’objectif et sa petite bouche aux lèvres rondes et charnues exprime dans la retenue de son sourire une pointe de malice. Ses yeux étirés brillent d’un éclat provocant, elle n’a plus sommeil, elle revendique l'aboutissement du moment … Son visage tout entier dit qu’elle est heureuse, de ce sentiment profond et viscéral ressenti par la communion de deux corps, de deux êtres, de deux âmes. Ces deux-là viennent de se trouver, de vivre un grand moment, ils ont voulu fixer pour eux seuls la réalité de leur émerveillement amoureux avant que l’appel du jour ne le disperse.
La photo pourrait être indiscrète.
Elle traduit la chaleur de leurs peaux qui se touchent et ne veulent pas rompre ce contact.
Elle transmet la sensualité et la force du désir qui les a fait vibrer et rouler entre leurs draps comme des galets sous le ressac.
Elle conserve pour les jours à venir, pour les années à traverser, pour étayer leurs joies et balayer leurs peines, la marque indélébile de cette tempête sensuelle qui vient de les révéler l’un à l’autre.
Elle sera peut-être leur phare dans le brouillard des avatars, leur lumière dans la succession des tourbillons qui vont fondre sur leurs vies.
Qui d’elle ou de lui a pensé en premier à fixer le cliché ?
Ils sont si jeunes encore, mais savent déjà que les moments sublimes sont volatiles et qu’il faut bien s’arrimer à leurs reflets pour durer.
Car on vit mieux dans son corps et sa tête, quand le bonheur s’incarne en une image…Avec la grâce et la beauté de leur certitude intime, de celle que les médisants et les pervers, ceux qui n’aiment pas voir leurs semblables épanouis, ne pourront ni abîmer, ni voler .
Pris ainsi sur le vif, ils sont si beaux dans leur bonheur tout neuf !
20:01 Publié dans Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, nouvelle, photo, sensualité | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
12/03/2009
Paradoxes
Paradoxes…
Des images qu’il ne faut parfois pas croire…
Des circonstances curieuses qui nous permettent de vivre des situations improbables…
À regarder les photos ci-dessous, où pensez-vous qu’elles ont été prises ?
- En Bretagne, c’est certain, tu as dû attendre une éclaircie, répondront avec certitude quelques langues acérées… Mais non, mais non, je vous donne d’autres indices…
Les palmiers giflés par le vent, se détachant sur le ciel lumineux des jours venteux, c’était dimanche dernier, à Sanary. La plage était recouverte d’une épaisse couche de varech, le ressac assombri par les suspensions en décomposition, une puissante odeur de mer évoquant les côtes d’un océan plus mouvant.
Je vous avais prévenus, il y a des images qui font semblant, il ne faut pas toujours s’y fier…
Celui qui était bel et bien là, en revanche, c’est notre Aurel, et c’est lui qui souligne le prochain paradoxe.
- Dis donc, si tu parles de nous sur ton blog, « ils » vont pas croire que t’étais-là ! Toi, d’habitude, t’es plutôt belles fleurs et petits oiseaux… Ben oui, la nature et les animaux, ça va trancher sur tes sujets habituels…
En effet, loin des escapades dans les collines et de la chasse aux espèces rares, Aurélien nous a invité dimanche à un divertissement qui le passionne. Il nous a emmenés assister aux séances d’essais de voitures de compétition, différentes catégories confondues. Le circuit Paul Ricard, au Castellet, organisait la première confrontation publique de réglages et Aurel n’aurait manqué ça pour rien au monde. Il m’a même attendri par son enthousiasme manifesté :
- Vous allez écouter les bruits des moteurs, c’est incroyable ces vibrations différentes et particulières…
Je suis sidérée et dois avouer ma perplexité : c’est un fait, une Porsche ne fait pas le bruit d’une Corvette, pas plus que le son de la Lola Aston Martin, la vedette attendue de la journée, ne produit le son d’un autre monstre de la même catégorie. Pour ma part, jusqu’à ce jour, j’ai eu tendance à identifier une voiture par sa couleur, comme il est fréquent chez les citoyennes de ma catégorie, honte à moi et à mes semblables… Aurélien ayant réservé nos entrées depuis Paris, nous voici donc partis de bon matin, ce dimanche, armés tous trois comme de véritables paparazzi. GéO à la caméra, Aurélien branché sur son Konica, votre narratrice indissociable de son Fuji…
Les tribunes étaient dressées face aux stand de réglages et ravitaillement, dans la ligne droite après la série de courbes de Bendor, du village et du virage du Pont, ce dernier très fermé , obligeant les voitures à ralentir fortement. Les moteurs ronronnaient crescendo sur la piste, avant de disparaître dans la perspective infinie de la piste, à notre gauche, vers la Verrière. Les spectateurs profitant des passages à l’enchaînement des trois virages, sur le côté est, puis l’accélération franche sur la portion de droite bordée par le public, avant de disparaître sur l’essentiel de la boucle. Seuls, les feulements différenciés des machines permettaient aux aficionados de déterminer :- C’est la Subaru, c’est la … Etc.
19:54 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, écriture, nature, photos, voitures compétition, paul ricard, circuit | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
11/03/2009
Verdon sous le vent
La visite d’Aurélien nous a ravis, comme toujours, d’autant que les nouvelles sont bonnes et chaleureuses. Vendredi dernier, le soleil s’est mis de la partie, malgré le vent coupant, glacial, l’envie nous est venue de prolonger l’album photos du Haut Var, au sud du département des Hautes-Alpes.
Passant par Quinson au-dessus des gorges, nous avons coupé ensuite la trajectoire de la rivière tumultueuse après Saint Laurent du Verdon. Le minuscule petit village possède tout de même son château, austère demeure carrée à deux étages, flanquée sur ses angles de quatre tourelles, fermée par un portail aussi impressionnant qu’inutile, au vu des restes anéantis de la clôture. N’importe, le village semblait endormi, replié sur lui-même comme un gros chat attendant la douceur du printemps à venir pour reprendre un peu d’animation.
Nous sommes alors descendus vers Artignosc, au nom évocateur de mousquetaire plus que d’oliviers, et c’est là que nous avons franchi à nouveau le Verdon. Les gorges se sont élargies et laissent filer l’eau verte entre les parois abruptes.
Réfrigérés par la bise, nous ne nous sommes guère attardés, gagnant un plus au nord Baudinard et le panorama dégagé qui s'offre à la sortie du village. J'ai connu Baudinard il y a presque quarante ans maintenant,et c'est le village du haut var qui me semble avoir le plus changé. La municipalité a retroussé ses manches et éclaté son budget pour polir ses vieilles pierres, encadrer la circulation sur la grand-rue, aménager deux parkings à chaque extrémité de la commune. Confort, calme et sécurité sont maintenant les atouts du village qui a toujours regretté de ne pas tremper ses pieds dans le Lac de Sainte Croix tout proche. Dans les années 70, il fallait tout entreprendre pour profiter de la manne touristique que d'autres sites recevaient comme un don du ciel. Bauduen, Sainte Croix, Les Salles se sont retrouvés sur les berges de la retenue créée par l'édification du barrage EDF sur le Verdon, les habitants de Baudinard ont regardé comme une injustice les camping et les auberges qui ont fleuri à neuf kilomètres! Du coup, le village est devenu "mignon" comme une carte postale, mais il a perdu son caractère de village de montagne, avec ses maisons hautes serrées les unes contre les autres pour se protéger du vent glacial, ses ruelles pentues et mystérieuses, où les habitants à l'année se gardaient de répondre aux interjections joyeuses des rares estivants de l'époque. De nos jours, la municipalité subventionne les initiatives qui attirent les touristes et elle a contribué à l'ouverture des deux restaurants qui accueillent gentiment et agréablement les affamés en balade.
C'est d'un des parkings aménagés que j'ai capté ces photos de crépuscule que j’ai plaisir à vous offrir:
Voilà l'instant merveilleux où le crépuscule nous a cueillis. Les nuages ont d'abord filtré la luminescence du soleil, les couleurs se sont enchantées, rose, orange, violacées, le festival s'est très rapidement illuminé avant de sombrer derrière la barrière de la Sainte Baume, au loin. Et cette sainte Baume qui veille sur Saint Max, s'achève brutalement au bout d'un à-pic gigantesque, caractéristique du Mont Aurélien, justement…
19:06 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, carnet de visite, photos, provence, hautes alpes | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
04/03/2009
Haut Var, suite sans fin…
Aujourd'hui la Provence s'est à nouveau réveillée sous un ciel d'averses...
Je profite donc de ce repli hibernatoire pour ouvrir vos écrans à ces quelques images du paysage de Haute Provence... Celle de Giono et de ses rudes paysans, celle dont les estivants ne profitent jamais puisqu'ils parcourent ces hauts plateaux quand les températures moyennes flirtent avec la barre symbolique du 30°C.
Sur les voies qui mènent aux défilés du Verdon, le musardeur peut emprunter divers parcours, qui offriront tous des points communs : les routes serpentines, les villages en haut des pitons, signalés par les campaniles ferronnés et leurs places cernées de Platanes, dénudés encore à cette période. Et puis, au détour d'un virage, on débouche sur un plateau, l'horizon s'ouvre brutalement sur la barrière montagneuse, et son panachage de nuages et de neige.
Au débouché de Montmeyan, par exemple, le spectacle est toujours aussi étonnant. On a beau savoir que le fond du décor est à soixante ou quatre-vingts kilomètres, on a toujours envie de tendre la main pour caresser les cristaux qui luisent là-haut. Ensuite, que l'on monte sur Quinson ou que l'on choisisse le ruban droit d'asphalte qui mène par Régusse, on sait qu'on va perdre de vue quelques instants la trame rocheuse, mais les dinosaures pierreux guettent notre avancée et nous rattrapons rapidement leurs silhouettes endormies, figées contre le bord du cadre.
Parfois, le maquis dévoile de nouvelles coiffures, brossées par l'âpreté du vent, tandis que les roches dénudées filent à la poursuite du saupoudrage neigeux bravant l'évaporation.
Le cirque entrevu avant l'arrivée aux Salles
Nous redescendons alors vers le lac de Sainte Croix,sur la berge sud-est, dans sa poche extrême vers Aiguines et décidons d'une halte aux Salles du Verdon, territoire ancestral de transhumance, comme en témoignent ces moutons de pierre, déposés là en hommage à un style de vie qui ne veut pas disparaître, et que la lente réflexion des hommes parviendra peut-être à maintenir, malgré les mouches, les odeurs, les ralentissements du trafic...
Admirez le soleil dorant ces croupes familières
Et le niveau du lac,étonnamment haut pour les habitués des berges en basses eaux :
Tandis que, gardien d'un troupeau intemporel, GéO médite sur le frémissement des risées, quelques voiliers s'aventurent...
Je me suis laissé rattraper par le monde moderne,
Sur la route du retour, les évolutions d'un drôle d'oiseau captent notre attention
Nous bifurquons alors vers Valensol, et je vous laisse sur ces images sidérantes,
19:12 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : provence, neige, photos, journal, poésie, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer