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29/03/2009

Slumdog millionaire


(Suite de la chronique cinéma de notre  colline…)

Notre second choix s’étant porté sur Slumdog millionaire, du britannique Danny Boyle, nous avons enfin pu accéder à la séance promise vendredi dernier…
Le film est sorti depuis janvier dernier en France, où il connaît le même succès que partout ailleurs dans le monde. Mardi dernier, il s’est avéré impossible d’assister à la séance requise, tant les fameux 8 oscars décrochés en février à Hollywood ont conforté son audience. Inutile de préciser à quel point je tenais à profiter à mon tour de la projection promise.

Eh bien ce vendredi, la salle  du Pathé plan de campagne dévolue à ce programme est loin d’être pleine. Après la foule agglutinée pendant les 3 jours de Printemps du cinéma, nous sommes tout au plus une cinquantaine de spectateurs à s’égailler dans les rangées de sièges déjà bien fatigués du complexe cinématographique. Les habituelles odeurs de pop corn ranci empoisonnent l’atmosphère, mais je suis tellement ravie  de tenir enfin le plaisir attendu que je décide de ne pas y prêter plus d’attention. Le son beaucoup trop puissant nous gênera en revanche de manière continue et je profite  de ce billet pour signaler aux  projectionnistes que cet abus sonore dessert le film par le désagrément  occasionné. … 

Danny Boyle, l’auteur du film, s’est déjà imposé depuis lurette parmi les réalisateurs intéressants. Dès 1994  où il a produit le premier volet de sa trilogie consacrée au thème de l’avidité financière et les dérives de la recherche d’argent facile, avec Petits meurtres entre amis, puis le dérangeant Transpotting, deux ans plus tard, que j’avais trouvé si glauque que je me suis abstenue de visionner le dernier volet Une vie moins ordinaire.
Néanmoins, Danny Boyle demeure un cinéaste attendu, d’autant que ce dernier opus a mérité la consécration rappelée au début de l’article.

Le récit commence au moment où un jeune homme, Jamal, candidat très heureux du jeu Qui veut gagner des millions, version Bombay, est sur le point d’emporter le Jackpot le plus fabuleux de l’histoire … Sans que nous en saisissions la raison, le voici emprisonné dans de sordides conditions au commissariat local où les méthodes d’interrogatoire qui lui sont appliquées sont franchement barbares. Le jeune homme résiste d’abord à cette torture et  puis, vaincu,  entreprend de dévoiler à son tortionnaire les conditions particulières qui l’ont conduit à fournir miraculeusement les bonnes réponses.… Le film se déroule alors selon le procédé de flashes-back successifs pour reprendre le déroulement du destin de ce gamin trop tôt orphelin, livré à lui-même dans les  ruelles inextricables  de son bidonville,  exposé aux rencontres sordides qui guettent les innombrables victimes de Mumbai.

Haut en couleurs et en sonorités, le monde du bidonville est dépeint comme une grande fresque, un déferlement d’agitation humaine, un imbroglio de courses poursuites entre enfants bataillant pour leur survie et adultes animés d’intentions douteuses. Malgré l’humour et la malice des deux protagonistes, Jamal et Salim, merveilleux de naturel dans toutes ces scènes d’enfance, la rencontre romanesque avec Latika, l’univers décrit est dur, brutal, d’un réalisme qui anéantit tout optimisme angélique. Ce sont des conditions de vie  qui ne peuvent laisser indifférent et la force du réalisateur consiste justement à nous faire passer du sadisme des exploiteurs à la fraîcheur de la tendresse qui lie Jamal à Latika. Sans omettre de développer la palette des sentiments humains, la jalousie de Salim, aîné de Jamal, incapable d’imposer son autorité légitime face à la détermination innée de son cadet, l’âpreté du gain, justifiée par le contexte, la corruption, le banditisme, les rivalités de bandes… Une société dépeinte par ses rouages cruels, où les rencontres idylliques apparaissent comme des oasis bienfaisantes et inattendues. 

Comment Jamal se tirera-t-il de ce guêpier  abject ?
Le film prend à ce moment un tour de fable, et la magie opère toujours. La simplicité naïve de Jamal l ‘emportera-t-elle sur la jalousie cupide de l’animateur, au demeurant aussi antipathique et boursouflé d’orgueil que ses homologues occidentaux…
Nos pudiques amoureux seront-ils à jamais séparés par le cruel chef de gang?

Salim, traître fraternel, saura-t-il racheter ses erreurs ?


Courez donc à votre tour et plongez-vous dans les ruelles malodorantes, grouillantes et chamarrées de ce conte de fée sauce Bollywood, car Danny Boyle vous réserve un bouquet final  en forme de clin d’œil local, histoire d’effacer, à l’instant de les quitter, les cruautés évoquées.