27/11/2012
J'enrage de son absence
La semaine dernière, Catherine et moi nous sommes offert une petite escapade entre « filles »… Une petite journée à Aix, histoire de cumuler les petits plaisirs typiquement féminins auxquels nos hommes ne cèdent qu’en contrepartie de soupirs à fendre l’âme.
La journée était ensoleillée, l’air très doux sur le Cours Mirabeau, on a commencé par le shopping. Ah, prendre le temps d’un essayage, pour voir, sans se dire qu’il faut faire vite parce que Monsieur attend devant les caisses! Bien entendu, le fait d’être décontracté a suffit pour que je craque sur une petite jupe que je n’aurais pas imaginer chercher…
Le second argument qui avait présidé à ce besoin d’entre nous , c’était l’envie de voir un film qui parle à nos cœurs. Les maris, du moins les nôtres, ont tendance à l’évitement dès que l’affiche annonce « sentiments ». De plus, pour mon amie, voir un film français en Français était une vraie gâterie supplémentaire. Donc, entre Amours de Haneke et le dernier film de Sandrine Bonnaire, nous avons tranché.
À la séance de quatorze heures, nous étions peu nombreuses dans la salle, et justement, nous n’étions qu’entre femmes. C’est dire que ma théorie du sentiment repoussoir du public masculin n’est pas si farfelue. Et pourtant ! Sandrine Bonnaire aborde le thème du deuil sous de multiples aspects, elle sait confier à la caméra un regard intime sur les réactions individuelles. Tout le monde admet que le deuil le plus difficile à affronter est la mort d’un enfant, surtout s’il s’agit d’un petit enfant. Pourtant, elle prend le parti de nous montrer une mère ( excellente Alexandra Lamy dans un rôle à la hauteur de son talent) qui a su rebondir, refaire sa vie de couple et de mère. Mais Jacques, lui, s’est perdu dans les brumes de son deuil. On comprend assez rapidement qu’il porte en plus la culpabilité de l’accident fatal. Voilà un second aspect du deuil. La fuite au loin n’a évidemment pas comblé ce double deuil, et la mort de son père ramène Jacques en France. Il revient à William Hurt de porter la détresse de ce père que la perte du sien replonge dans la vivacité de son chagrin. Ce qui est bien vu, c’est qu’un second deuil devient le déclencheur qui ranime la détresse que l’on a fuie. La caméra dès lors ne quitte pratiquement pas le visage de l’acteur. Le spectateur suit le poids de cette infinie tristesse qui travaille ce solitaire, de la maison paternelle qu’il faut vider, symbole de la perte par excellence, à la nostalgie qui le pousse à pister son ex-épouse. Sandrine Bonnaire s’attache à montrer comment cet homme dénudé de ses amours va glisser lentement vers une addiction terrible en substituant à l’image du petit garçon perdu un lien avec le nouvel enfant de son ex-femme. Cet attachement devient d’autant plus fort qu’il est construit sur le secret. Cet enfouissement intérieur est révélé par la cave où Jacques s’enferme. Il devient ainsi un clandestin de la vie, et nous frémissons du risque où il entraîne le petit Paul, bientôt écartelé entre ses parents et ce personnage fantomatique qu’il entreprend de protéger…
Je ne vous en dirais pas davantage, de crainte de déflorer un film qui mérite vraiment de trouver son public. Ne serait-ce que pour la performance de William Hurt, terriblement poignant, quand bien même son personnage suscite une réaction de réprobation. Ce film fourmille de thèmes à débattre sur les différentes façons de surmonter nos manques et nos épreuves et montre une fois de plus les multiples talents de Sandrine Bonnaire.
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14/11/2012
Les mots plumes
J’aurais voulu que mes mots plumes
Dressent remparts contre les brumes.
La parole est caprice,
Fenêtre ouverte sur cicatrices
Nourries d’anciennes amertumes.
Mots parfois traitres à nos pensées,
Sitôt lâchés, maladroits messagers,
Échappant à la source qui les voulait légers.
Dans l’espace où ils voyagent
À mesure qu’ils tracent leur sillage
Les mots se chargent de mirages.
Ils arrivent vocables d'orages.
Soulevant des vagues oppressantes
Tu plies sous les déferlantes
Et tu cries ta rage.
Les mots perdus tombent comme plomb
La communication se rompt
Un silence hostile érige à la place
Une frontière tenace
Contre laquelle tout se fracasse.
Les mots plumes se sont évadés
Emportés dans la tempête
Ils n’ont pas opposé de résistance
Les vents d’Automne soufflent en tous sens.
D’autres mots s’échapperont de l’enclume
Clairs et doux, ils chasseront la rancune
Vêtus d’une dentelle d’écume
Ces mots aériens se poseront comme une plume
Effaçant d’un trait les blessures importunes.
19:23 Publié dans Blog, Conte-gouttes, Larmes d'O | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, poésie, communication, mots, les mots, solitude | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
10/11/2012
Sous les étoiles de Néoules
Sous les étoiles de Néoules
Vous doutez-vous qu’il y a foule ?
La nuit d’ici ouvre la voie aux rêves
Qu’ Émile le conteur cueille sans trêve.
Ce soir, il offre à l’auditoire sa chanson brève
Mais la nuit, la nuit noire de Néoules
N’est pas fille servile au conteur malhabile
Largant son récit au hasard versatile
« Sur le miroir glacé du lac, Camille pêche les comètes
Qui s’y reflètent, vacillantes sous les risées nocturnes.
À la pointe de la nuit, il accroche les lucioles célestes.
Dans sa sacoche de brume, il amasse sa parure d’étoiles.
Camille destine sa pêche joaillière
À Ludivine la Mutine,
La gamine orpheline a touché son cœur solitaire.
L’infante réfugiée au faîte d’une ruine fantasmée
Par la grâce de songes patiemment semés
A campé la tour crénelée
Où elle enjolive son destin imaginaire.
Autrefois, l‘homme logeait aux marges du village.
Il ne songeait jamais à la douceur des mots anodins.
Mais l’innocence insolente a chassé son chagrin.
La force de l’enfance a consolé ses larmes.
Ludivine la Mutine dessine à force de charme
Sur les joues burinées l’offrande souriante de doux présages.
Mais l'héroïne s’ennuie en attendant son pêcheur de lune.
À force de guet sur la margelle fictive
Elle s’endort en oubliant sa veillée attentive.
Le pêcheur s’obstine à sa quête de fortune
Aux éclats si fragiles que le point du jour assassine.
Là-haut, sur son parapet futile
Ludivine assoupie frissonne et vacille
Son corps flexible tremble et penche vers l’infortune… »
—Émile, réveille-toi, romps là tes bavardages
Alarme ton ami Camille
Car le sort est cruel pour la Mutine en péril
Oh la nuit, la nuit noire de Néoules
N’est pas tranquille pour les rêveurs puérils,
Insensibles aux dangers des rêves abandonnés
Captive de ses songes, Ludivine bascule dans le vide.
La chute de l’Infante provoque un choc brutal
Dans l’assemblée pétrifiée. La foule se presse avide
Autour du petit corps éclaté, privé de souffle vital…
— Qu’as-tu donc en tête, sinistre conteur,
Colporteur d’horreur ?
Repoussant vivement les participants impuissants,
Anéantis par le sort fatal de leur princesse endormie
Et l’absence coupable de son pêcheur d’astres luisants,
Sur ce cri, la Gitane a surgi au milieu du public ébahi.
Sa longue silhouette se dresse auréolée de jupons
Virevoltants, flammes de voiles vives comme un blason.
Estella, Estella, la foule murmure,
Estella diseuse de bonne aventure
— Enfin, elle est revenue. Que n’est-elle plus tôt survenue!
À défaut d’autres blâmes, la bohémienne magicienne
Se penche au sol et ramasse la poupée de chiffons.
En gestes tendres et précis, elle caresse le pantin, restitue sa tenue
Le pose alangui sur son cœur, et lance à l’adresse du conteur confondu
— Allons, Émile, faut-il encore répéter ce message qui t’oblige
À éviter les cimes, les marionnettes sont sujettes au vertige!
Oh la nuit, la nuit noire de Néoules
N’est pas limpide pour les rêveurs puérils,
Insensibles aux dangers des rêves malmenés
Sous le firmament étincelant des étés étoilés.
PS: Ce petit conte concocté pour l'atelier de Néoules, j'en ai remanié la chute, grâce à l'astuce de Christophe. Ce qui m' a paru amusant, c'est l'attitude face à notre propre texte, où le regard collectif nous engage à modifier l'angle de vue. Comme la plupart des assistants, je crois, notre fin improvisée est bien meilleure que l'originale, simplement parce qu'alors, nous avions du recul par rapport au travail initial.
17:21 Publié dans Blog, Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, slam, conte, acl, néoules, rêves, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
04/11/2012
L'homme qui offre la joie
L'homme- joie figure en haut de ma PAL, depuis la rentrée, comme une gourmandise promise.
Malheureusement pour moi, le soir du passage de Bobin à la Grande Librairie, j'étais occupée ailleurs. Je viens de découvrir ce passage à l'adresse ci-dessous, et la possibilité de partage. Je tente donc la passation technique, qui sait, ce sera peut-être votre cadeau de cette soirée dominicale?
http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&a...
19:34 Publié dans Blog, Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian bobin, la grande librairie, l'homme joie, poésie | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer