13/10/2012
"Damien" autour du monde
Gérard Janichon
Édition Transboréal, collection sillages.
Réédition 2010
Première parution 1998
ISBN : 978-2-913955-86-8
Envie de vous évader un peu de la grisaille ambiante, des embouteillages routiers, des perspectives misérabilistes dont on nous rebat les oreilles ? Ménagez-vous alors un bon moment car l’embarquement sur le « Damien » est un voyage au long cours : « 55 000 milles de défis aux océans » selon le sous-titre que Gérard Janichon a donné à son récit. Sans compter les 50 pages d’appendices techniques qui ne manquent pas d’intérêt une fois que l’on s’est accroché aux aventures du binôme, le récit de Janichon s’étale sur 609 pages … Le temps ne compte pas quand on aime !
En réalité, l’entreprise n’est pas récente et cette troisième édition nous offre l’occasion de remonter dans le temps, pour constater in petto que malgré les avancées technologiques qui ont marqué les quarante années qui nous séparent de leur départ mythique, le décalage entre les partants et les restants n’a rien perdu de son acuité, de sa véracité. C’est pourquoi Gérard Janichon ajoute en guise de post-face ces vers de Paul Fort :
Ils ont choisi la mer,
Ils ne reviendront plus.
Et même s’ils reviennent,
Les reconnaîtrez-vous ?
La mer les a marqués
Avant de vous les rendre.
C’est l’aveu final qui conclut effectivement la relation de ce voyage extraordinaire.
Et l’on mesurera d’abord la teneur du défi en suivant l’élaboration du projet : Ces copains grenoblois n’étaient pas prédisposés à se retrouver en équipage sur les mers du monde, entre les deux pôles ! Mais les rêves poussent certains avec une force insoupçonnable. Les garçons ont conçu leur dessein au cours de leurs années lycée, et c’est planche par planche qu’ils ont conquis à la sueur de petits boulots annexes le droit de réaliser l’épopée. Il leur a fallu quelques années pour fabriquer leur voilier, grâce à certaines amitiés gagnées par la ténacité du trio de départ. Ils se sont donné des contraintes de raison, ont étudié la faisabilité (l’affreux vocable), ont cherché maints et maints soutiens, ont osé innover, ont beaucoup lu, et se sont quand même entraîné entre la Rochelle et les îles vendéennes à la maîtrise des manœuvres.
Vint le jour J. Je n’ambitionne pas de vous rapporter leur périple par le menu… C’est autrement captivant de suivre ces aventures par les mots de celui qui les a vécus. Mais une fois embarqués vers le Spitzberg et les premières glaces, attendez-vous à partager les veilles des quarts solitaires sous les aurores boréales, à découvrir l’hospitalité des gens de mer et les rencontres hasardeuses. Étonnez-vous des difficultés de navigation lors de la remontée de l’Amazone, constatez les bienfaits du rhum qui coule abondamment à bord et surtout, sautez de joie et de soulagement quand les deux rescapés du Cap Horn sortent enfin du chavirage au large de la Géorgie du Sud, territoire hostile dont je n’avais même pas idée avant de plonger dans les péripéties de ce tour du monde.
Voilà un récit de voyage qui ne sent pas l’esbroufe et l’appel des caméras. L’édition est agrémentée de cartes « à main levée » et de quelques photos au centre de l’ouvrage, comme une respiration entre les deux hémisphères, le temps de reprendre souffle par cette escale visuelle.
Bonne lecture et bon vent…
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12/10/2012
Petit Pommier
Ce matin-là, en ouvrant ma pomme du petit-déjeuner, j’ai découvert un petit phénomène.
Au centre du demi-fruit dont la chair crème démentait le rouge gourmand de sa peau, un pépin brun reposait dans son écrin.
Ce petit grain de rien vivait là sa vie autonome, insensible à la mort promise de son cocon.
Ce pépin minuscule affichait un dard insolent, une mignarde flèche de vie, une volonté résolue de vaincre la fin promise du fruit.
Je me suis ému de cette ténacité.
Je me suis promis de lui donner une chance.
GéO a souri, il a levé un coin sarcastique à la commissure de ses lèvres et émit les réserves ironiques de circonstance.
Néanmoins, dans la demi-heure qui suivit, GéO portait en ma cuisine un petit pot empli d’une terre fraîche et humide.
Ainsi sont les hommes.
Deux semaines ont passé si vite que la terre n’a pas séché.
Un filet d’herbe s’est installé, trop maigre pour être chassé.
Ce matin, surprise.
À l’abri du ventre gris de la potée, mon pépin a travaillé, bourgeonné, enflé.
À la clarté incertaine du jour, une tendre pousse sort de sa chemise,
Une preuve de sa volontaire entreprise.
Le voilà installé, prêt à tenter l’aventure.
Dans la chaleur bienveillante de la maison, je vais le garder pour l’hiver.
Quand la belle saison reviendra, c’est aux doigts de Mathis qu’il retournera à la terre.
18:58 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pommier, graine, germination, automne | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer