24/02/2013
Saint Max sur glace
Changement d’ambiance !
Riez, Amis Nordistes, gaussez-vous de la mauvaise foi qui nous pousse à arborer nos cieux d’azur avec tant d’arrogance!
Cette fois, nous sommes logés à la même enseigne que vous… Une journée à rester sous la couette hier. Sur notre colline, les habitants frileux n’ont même pas envisagé de dégager les voitures. Le blanc du ciel répandu sur terre, à hauteur d’yeux et bien plus haut que celle des malheureux passereaux :
Paysages de Provence
Où sont donc passé les clichés habituels?
Ce matin, le décor se modifie sous l’effet de la lumière, nos humeurs deviennent méditatives, c’est dimanche, on prend le temps d’admirer les vagues minuscules que le froid a saisi sur les rambardes, les fleurs de coton qui s'ouvrent sur les branches gelées du laurier .
Le plus heureux est toujours notre Copain !
Tandis que Guss cherche l’abri de la cuisine et l’exclusivité du coin radiateur, Copain exulte sous l’averse de flocons.
Le calme revenu, notre compagnon s’installe en vigie au bout de la terrasse. L’oreille gauche dressée, la droite plus nonchalante, Copain surveille le lever du soleil, l’amorce du dégel qui menace de le priver du tapis moelleux et de sa parure pointillée.
Passé la minute contemplative, me direz-vous, comment lutter contre le froid insidieux ? Cette semaine, nous avons rendu une visite courtoise à notre cinéma. Oui, oui, Saint Max possède depuis à peine plus d’un an une belle salle dédiée au cinématographe, sise dans notre Pôle Culturel. Dorénavant, salles de musique et de danse, médiathèque et hall d’exposition, le cœur de Saint Max bat cultivé, réjouissons-nous! Or donc, au milieu d’une programmation éclectique, notre écran blanc nous réserve quelques morceaux choisis.
Belle considération pour vous dire qu'après le magnifique Renoir sorti à l'automne, j’ai apprécié l’Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay (réalisateur heureux des femmes du 6e), avec Fabrice Luchini et Lambert Wilson. Un scénario original et amusant, qui sied évidemment à la verve des acteurs. J’ai apprécié notamment la démonstration du travail des comédiens, avec la mise en perspective du comédien jouant au comédien, et l’ironie subtile du réalisateur soulignant le décalage entre le mode de vie autochtone et le parisianisme. Le Guay poursuit en fait la réflexion du film précédent, avec la patience d’un auteur qui peaufine son univers d’œuvre en œuvre. Et puis on ne peut que se régaler de la gourmandise sensuelle dont font preuve les deux personnages en s’emparant d’un des plus beaux textes de notre littérature. Les vers de Molière nous sont servis comme des mets précieux et résonnent à nos oreilles comme un appel aux sources. N’est-ce pas leur écho que guette ainsi mon Copain seul en son jardin?
18:15 Publié dans Blog, goutte à goutte, Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chronique, écriture, photos neige, cinéma, alceste à bicyclette, philippe le guay, luchini, molière | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
27/11/2012
J'enrage de son absence
La semaine dernière, Catherine et moi nous sommes offert une petite escapade entre « filles »… Une petite journée à Aix, histoire de cumuler les petits plaisirs typiquement féminins auxquels nos hommes ne cèdent qu’en contrepartie de soupirs à fendre l’âme.
La journée était ensoleillée, l’air très doux sur le Cours Mirabeau, on a commencé par le shopping. Ah, prendre le temps d’un essayage, pour voir, sans se dire qu’il faut faire vite parce que Monsieur attend devant les caisses! Bien entendu, le fait d’être décontracté a suffit pour que je craque sur une petite jupe que je n’aurais pas imaginer chercher…
Le second argument qui avait présidé à ce besoin d’entre nous , c’était l’envie de voir un film qui parle à nos cœurs. Les maris, du moins les nôtres, ont tendance à l’évitement dès que l’affiche annonce « sentiments ». De plus, pour mon amie, voir un film français en Français était une vraie gâterie supplémentaire. Donc, entre Amours de Haneke et le dernier film de Sandrine Bonnaire, nous avons tranché.
À la séance de quatorze heures, nous étions peu nombreuses dans la salle, et justement, nous n’étions qu’entre femmes. C’est dire que ma théorie du sentiment repoussoir du public masculin n’est pas si farfelue. Et pourtant ! Sandrine Bonnaire aborde le thème du deuil sous de multiples aspects, elle sait confier à la caméra un regard intime sur les réactions individuelles. Tout le monde admet que le deuil le plus difficile à affronter est la mort d’un enfant, surtout s’il s’agit d’un petit enfant. Pourtant, elle prend le parti de nous montrer une mère ( excellente Alexandra Lamy dans un rôle à la hauteur de son talent) qui a su rebondir, refaire sa vie de couple et de mère. Mais Jacques, lui, s’est perdu dans les brumes de son deuil. On comprend assez rapidement qu’il porte en plus la culpabilité de l’accident fatal. Voilà un second aspect du deuil. La fuite au loin n’a évidemment pas comblé ce double deuil, et la mort de son père ramène Jacques en France. Il revient à William Hurt de porter la détresse de ce père que la perte du sien replonge dans la vivacité de son chagrin. Ce qui est bien vu, c’est qu’un second deuil devient le déclencheur qui ranime la détresse que l’on a fuie. La caméra dès lors ne quitte pratiquement pas le visage de l’acteur. Le spectateur suit le poids de cette infinie tristesse qui travaille ce solitaire, de la maison paternelle qu’il faut vider, symbole de la perte par excellence, à la nostalgie qui le pousse à pister son ex-épouse. Sandrine Bonnaire s’attache à montrer comment cet homme dénudé de ses amours va glisser lentement vers une addiction terrible en substituant à l’image du petit garçon perdu un lien avec le nouvel enfant de son ex-femme. Cet attachement devient d’autant plus fort qu’il est construit sur le secret. Cet enfouissement intérieur est révélé par la cave où Jacques s’enferme. Il devient ainsi un clandestin de la vie, et nous frémissons du risque où il entraîne le petit Paul, bientôt écartelé entre ses parents et ce personnage fantomatique qu’il entreprend de protéger…
Je ne vous en dirais pas davantage, de crainte de déflorer un film qui mérite vraiment de trouver son public. Ne serait-ce que pour la performance de William Hurt, terriblement poignant, quand bien même son personnage suscite une réaction de réprobation. Ce film fourmille de thèmes à débattre sur les différentes façons de surmonter nos manques et nos épreuves et montre une fois de plus les multiples talents de Sandrine Bonnaire.
19:51 Publié dans Blog, goutte à goutte, Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, sandrine bonnaire, j'enrage de son absence, william hurt | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
06/03/2011
Oscars, Césars, Ciné-fête-arts
- C’est maintenant que tu te réveilles ? La grande distribution des étoiles, c’était la semaine dernière … Ce qui est fait a été bien fait, aujourd’hui, il faut passer à autre chose
- L’esprit d’escaliers, vous répondrai-je…
Inévitable me concernant… La première fois que j’ai lu cette expression, vers mes 15 ans, je crois, noyée dans les Confessions de l’ami Jean-Jacques si je ne me trompe, j’avais été frappée par la justesse de l’image : c’est toujours après coup que vient la bonne réplique, le juste argument…Et concernant le Net, à l’aune des médias contemporains, la réactivité est impérieuse : rapidité, efficacité… Inanité. Plus l’information brille, plus elle est éphémère. Alors pour le sujet du jour…
D’abord, la semaine dernière, nous avions d’autres chats personnels à fêter.
Et puis, si les récompenses distribuées l’ont justement été, si elles sont vraiment méritées, pourraient-elles s’évanouir de nos mémoires en une semaine à peine ?
Certes non, d’autant que pour une fois, nous avions vu les films gagnants et les choix des professionnels nous réjouissent, tant il est vrai que la programmation de ce début d’année recèle d’oeuvres ordinaires, banales, bancales.
Je ne reviens pas ici sur les Césars, concernant des films plus anciens, qui ne sont plus à l’affiche.
En revanche, sur la dizaine de films que nous avons vus en janvier –février, incontestablement, le discours d’un roi a retenu mon attention et mon admiration. Ce n’est pourtant pas un film très facile, mais il est intelligemment construit, et recèle des valeurs auxquelles on ne s’attarde plus guère dans la majorité des productions grand public. Black Swan pour sa part paraît plus brillant et fascinant, mais l’interprétation de Natalie Portman nous emporte dans un vertige halluciné qui ébranle fortement nos imaginations.
Alors, si d’aventure, vous avez loupé la séance, sans négliger le petit avant-goût des bandes-annonces disponibles où vous savez, je vous ai préparé un encas à ma façon, histoire de définir quelques bonnes raisons de fréquenter les salles obscures.
Black swan
La fêlure du visage de l’actrice ne cache aucune ambiguïté. Le film pourrait être sous-titré: choisir de perdre l’innocence ou la vie. L’écrin du synopsis est le ballet, écrin magnifiant et amplificateur de la Beauté, du dépassement de soi, et son revers, le monde de la scène fourmillant de rivalités sordides, de désillusions cruelles, la férocité de l’âge, la tolérance zéro en réponse à tout pas de travers. La danse classique, rêve de toutes les petites filles et cauchemar de nombre d’entre elles quand elles ne comptent pas dans le cercle restreint des élues. Avec cynisme, Darren Aronofsky construit pour son héroïne Nina (Natalie Portman) un univers feutré, entre les cours du New York City ballet et l’appartement que Nina partage avec sa mère (incroyable Barbara Hershey). Celle-ci projette sur sa fille ses ambitions déçues, et naturellement nous devinons rapidement que Nina n’a pas eu de choix. La jeune femme doit à tout prix obtenir enfin un premier rôle, avant que l’âge ne la condamne irrémédiablement à l’anonymat du corps de ballet.
Quand le chorégraphe Thomas Leroy ( Vincent Cassel) décide à la fois d’évincer Beth Mac Intyre ( Winona Ryder), la danseuse étoile tellement admirée mais vieillissante, et de monter Sa version du lac des cygnes, la troupe frémit et bruisse. Toutes les postulantes se jaugent et s’évaluent. La rivalité se lit sur les visages juvéniles, la jalousie se devine aux regards croisés dans les interminables couloirs de l’institut. Nina est toujours seule, oppressée par la nécessité d’être la meilleure, elle n’a pas d’amies. Par une pirouette du destin, voilà que le Maître Thomas, après bien des hésitations, lui confie le double rôle de la princesse ensorcelée en cygne. La gageure est redoutable ; si le chorégraphe ne nourrit aucun doute sur le talent de Nina à incarner le cygne blanc, il craint qu’elle ne parvienne à exprimer la sensualité perverse de son double noir. Dès lors Nina doit louvoyer sur un terrain miné de toutes parts: dépourvue de confiance en elle, oppressée par l’exigence maternelle, la perversité ambiguë de Thomas, elle vit mal la perfidie de Lily (Mila Kunis). Mais la meilleure ennemie de Nina, c’est elle-même. Nous suivons alors de miroirs en vitres réfléchissantes le cheminement de la ballerine vers l’accomplissement de son rôle.
Darren Aronofsky possède un talent fou pour disséquer et exposer les troubles de l’âme. L’année précédente, il nous montrait le sulfureux Mickey Rourke en lutte pour sa réhabilitation dans the Wrestler. Cette fois, il utilise la terrible discipline de l’art de la danse pour décortiquer minutieusement la lente aspiration de la jeune femme par son rôle. Il émane une telle tension des scènes que le spectateur perd, aux côtés de Nina, le fil de la réalité. Des images aux effets redoutables, obscurité, grisé, éclairage glaçant, miroirs à l’infini où les reflets deviennent autonomes, blessures aux mains, aux pieds, transformations physiques, hallucinations envoûtantes, le spectateur halète avec elle, tremble pour elle, espère qu’elle parvienne à reprendre pied…
Le ballet final nous étourdit. L’émergence du Cygne noir, royal par l’expression de sa souveraineté sensuelle suffira-t-il à vaincre les démons de Nina ?
À vous d’aller vous perdre dans les dédales du sortilège, mais à coup sûrs ce film appartient à la catégorie des films à voir et à revoir, ne serait-ce que pour la fabuleuse métamorphose de Natalie Portman.
19:46 Publié dans Blog, goutte à goutte, Loisirs, Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, oscars 2011, black swan, natalie portman, darren aronofsky | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
11/02/2010
Mandela et Invictus
11 février 1990 - 11 février 2010: Encore un anniversaire, encore un coup de promotion pour un événement que nous avons déjà oublié! Parmi les dates symboliques que l’Histoire nous demande de retenir, le hasard d’une soirée cinéma permet de mettre en lumière un événement que nos mémoires ne devraient pas laisser dans l’ombre. Un homme est parvenu à faire bouger les lignes du racisme, et même sans sombrer dans l’hagiographie, il est bon de regarder, plutôt deux fois qu’une, les histoires qui remontent le moral et corrigent l’habituelle attirance pour les erreurs et les drames humains.
Il y a tout juste vingt ans, Rolihlahla « Nelson » Mandela sortait de prison.
Après Mystic River (2003), Million dollars Baby ( 2004), Gran Torino (2008), nous sommes allés voir le dernier opus de Clint Eastwood, Invictus.
Cette fois, le réalisateur s’intéresse à un mythe, heureusement toujours vivant. Et il a bien raison.
En se reportant à la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, il oppose dans un saisissant face à face des gosses noirs du township qui s’égaient avec un ballon de foot sur un terrain vague pelé aux joueurs de rugby, tous blancs, entraînés par un coach rugueux et plein de morgue, sur la pelouse qui s’étale de l’autre côté de la route. Le temps du passage du convoi, les joueurs des deux sports s’arrêtent et se font face, séparés par les deux minces grillages et la chaussée en guise de no man’s land.
Cette séquence suffit à introduire le fond du problème.
Quatre ans plus tard, Nelson Mandela est élu Président de l’Afrique du Sud, en remplacement du conservateur Frederick de Klerk. La population noire exulte dans tous les foyers des bidonvilles; dans leurs belles villas, les blancs se résignent en se raidissant, prêts à reprendre au plus vite les rênes d’un Pays dont ils prédisent l’Apocalypse.
Exemple personnalisé par la famille de François Pienaar, le capitaine de l’équipe nationale de rugby, les Springboks, qui sont loin de se présenter au mieux de leur forme.
De l’autre côté, nous découvrons en suivant ses deux gardes du corps, un président nouvellement élu, sportif et volontaire, sans peur et sans reproche, prêt à investir ses nouvelles fonctions.
Dans ce pays écartelé par la haine raciale, les années d’injustice et de ségrégation, la peur des vengeances et le désir de revanche, comment un homme déjà vieillissant, fatigué par des années de prison et de mauvais traitements, va-t-il parvenir à mener son projet au-dessus des rancoeurs pour créer un sentiment d’unité nationale ?
Le mythe Mandela, c’est l’homme qui, dès 1944, a tenté d’appliquer les méthodes de Gandhi, l’apôtre de la non-violence. Les faits d’armes, Mandela en a tant souffert. Vingt-sept années de prison auraient dû le broyer à jamais. Or le génie de cet homme, par ailleurs cultivé et juriste de formation, est d’avoir observé ses geôliers en apprenant à réfréner sa haine pour les comprendre. Il a réalisé justement, qu’on obtient plus d’un homme en lui transmettant l’image de la reconnaissance de ses qualités qu’en lui opposant sa haine, fut-elle juste. Parce que le mandat de Mandela coïncide avec la saison de rugby, le sport préféré des Afrikaners déçus, et que son entourage clanique refuse de s’y intéresser, le nouvel homme d’état repense le problème de l’intégration à l’envers. Ce ne sont plus les noirs démunis qu’il faut séduire et convaincre à l’effort national. Ce sont les descendants des Boers, les blancs récemment dépossédés du pouvoir et repliés sur leurs craintes qu’il décide de ramener aux intérêts communs. Comment ? En partant du cas particulier pour extrapoler sur la nation. La coupe du monde prévue de longue date doit justement se dérouler en Afrique du Sud et offre au génie politique de Mandela une occasion extraordinaire de fédérer le peuple autour d’un même élan.
L’idée est intéressante. Le talent de Clint Eastwood est à la hauteur de l’enjeu. Il ne s’agit pas de dresser un portrait hagiographique de l’homme, même si l’on sent bien que l’ex dirty Harry tient à défendre les valeurs de droiture, courage et virilité, comme dans tous les films qui composent son œuvre. Mais parfois les idées simples sont porteuses d’idéaux régénérateurs et cela fait du bien. D’autant que le réalisateur sait instiller quelques remarques rapides et subtiles pour indiquer qu’il ne cherche pas à sanctifier son personnage : ses démêlés familiaux sont évoqués et non explicités. Quelques images brèves suffisent à évoquer un dilemme non résolu avec sa famille, un non-dit suffisant pour admettre que l’homme porte des zones d’ombre intimes, mais que le propos ne s’y arrêtera pas. En revanche, si comme GéO, vous êtes amateurs de rugby, vous serez bluffés par les images de match qui projettent le spectateur directement sur la pelouse, sous la mêlée, dans le pack… Je n’en sors pas plus à jour avec les règles compliquées de ce sport, mais j’ai admiré réellement cette façon de filmer au plus près l’action.
Mention doit être faite du jeu et de la présence de Morgan Freeman, dont le talent ne cesse de m’épater à travers sa filmographie flamboyante. Sans maquillage extravagant, l’acteur a modifié sa stature et sa démarche, de telle sorte qu’il m’est arrivé de penser :
- Mais c’est le vrai ?
D’autant qu’habilement quelques images du véritable Mandela apparaissent en début et toute fin du film…
Matt Damon y compose également un François Pienaar dépassé par la médiocrité ambiante, qui saura écouter et reprendre à son compte les conseils reçus, avant de communiquer enfin à son équipe l’élan vital pour changer l’ordre des choses.
Alors se pose l’inévitable question : peut-on produire de grandes œuvres avec de bons sentiments ? Ce sujet récurent qui a troublé tant de lycéens pourrait être illustré par ce film. Certes, ce n’est pas le chef d’œuvre définitif du cinéma, l’équivalent d’un Cimino ou d’un Coppola, mais Invictus a le mérite de déverser dans nos salles une grande bouffée d’idéalisme dont le monde actuel a bien besoin. Conseil pour illuminer vos soirées de déprime préélectorale* : Courrez donc éblouir vos pupilles du message d’intelligence politique et humaine que l’ami Clint vous a concocté.
* Eh oui, il va bien falloir y re-aller, aux urnes, et vous voyez beaucoup, vous, de Super Héros tout propres sur eux à propulser dans nos Conseils Régionaux ???
17:04 Publié dans Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, nelson mandela, apatheid, lutte antiracisme, morgan freeman, matt damon, invictus | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
02/02/2010
ΩCÉANS…
Voilà un moment que je n’ai partagé avec vous nos découvertes cinématographiques.
Comme beaucoup en décembre, nous avons été émerveillés par Avatar, mais le succès du film est tel que je n’ai éprouvé aucune urgence à vous encourager, vous faites probablement déjà partis et de loin de ceux qui se sont rendu à la grâce des créatures de James Cameron.
Ce lundi, nous avons plutôt choisi de partir admirer d’autres bêtes, toutes aussi superbes, mais nettement moins virtuelles : nous sommes allés visionner le film de Jacques Perrin et Jacques Cluzeau : ΩCÉANS.
En réponse à notre attente, les images sont extraordinaires, émouvantes, étonnantes. La bande-annonce tient ses promesses… Le commentaire, très sobre, porté par la voix de Jacques Perrin, exprime simplement les intentions des réalisateurs : en rappelant que l’ΩCÉAN reste le berceau de la Vie, les deux Jacques nous convient à nous émerveiller des multiples formes que revêt l’aventure vitale : le film s’ouvre sur les varans des Galapagos, et nous embarque autour du globe dans une collecte d’images infinie. Toutefois, le message ne se cantonne pas à une exploration béate : à travers le regard étonné et intrigué d’un enfant, (Lancelot Perrin), nous sommes amenés à considérer longuement la masse mouvante de la mer. Ce mouvement incessant s’amplifie de séquences consacrées à la force des vagues, à la montée tempétueuse des flots, en pleine mer, sur les rivages côtiers de falaises heurtées par un ressac tumultueux, sur les creux démesurés qu’affrontent les bateaux de pêche et de secours… Nous pénétrons alors avec l’œil de la caméra sous la surface, pour jouir d’images tour à tour agitées ou apaisées de dauphins, de Dugong, d’otaries, léopard des mers, espèces rares ou animaux mythiques, dont les images s’enchevêtrent sans liens… Des Calamars géants nous passons aux boules de chinchards sans logique apparente, si ce n’est le fil conducteur rappelé discrètement de temps à autre : la nature est maîtresse de l’organisation de la Vie, elle ne connaît ni conscience ni cruauté autres que la nécessité de maintenir sa propre existence, équilibre précaire qui joue depuis des millions d’années, bien avant l’apparition de l’homme… Inévitablement, la troisième partie du film nous confronte à l’action de l’Homme, des déchets humains constituant de véritables îles d’ordures larguées partout sur nos rivages et pis encore, jusqu’au fond des abysses, dans les coins les plus reculés, où des créatures quasi inconnues n’ont jamais vu l’homme, mais côtoient les déchets de sacs plastique, poussés là par le hasard des courants.
L’œuvre est poétique, le regard se veut plus réaliste. La leçon écologiste s’inscrit de fait, parce qu’il n’y a plus moyen d’être aveugle.
Néanmoins, nous sommes sortis de la salle un tantinet désarçonnés : cette suite d’images merveilleuses récoltées aux quatre coins de la planète pourraient être un peu plus explicite. Le spectateur moyen ne peut résister à l’envie de recaler les espèces découvertes avec un minimum de renseignements géographiques auxquels les prédécesseurs de J Perrin et J Cluzeau nous ont habitués : les films de Cousteau, les documentaires du National Géographic, les films diffusés par la Cinq et Odyssée… Bref, en sortant de la séance, chacun se jette sur son atlas, son quid, Internet… Et justement, j’ai trouvé le site suivant :
http://oceans-lefilm.com/ qui vous permettra je l’espère de répondre à toutes ces questions : par exemple la première interrogation qui nous a titillé durant notre dîner au retour : quelles différences entre lamantin et dugong ? Allez, un petit effort, vous gagnerez le droit de revoir les images…
http://www.futura-sciences.com/galerie_photos
19:16 Publié dans Sources | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, océans, nature, jacques perrin, jacques cluzeau, écologie | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
22/11/2009
Cinéma: Le concert
Un petit coup de blues en ce dimanche grisou de novembre ?
Quand le ciel est si bas et l’humidité de l’air si dense qu’on pourrait toucher les gouttes en suspension, il nous reste deux choix : rester sous la couette, surtout si l’on y est en bonne compagnie, ou aller chercher du réconfort et du rêve sur la toile…du cinéma.
Pour notre part, nous avons testé mardi dernier Le Concert, de Radu Mihaileanu, alléchés par les divers conseils de Simone et d'Annick. Et nous avons passé une excellente soirée…Donc, ce programme convient parfaitement bien à l’ambiance brumaire de cet automne.
Une fois encore, Radu Mihaileanu s’attache à un sujet qu’il connaît du plus intime de sa vie, puisqu’il est lui-même fils d’un journaliste juif et communiste, victime des camps durant la seconde guerre mondiale. Imprégné sans nul doute des leçons paternelles, Radu, né en Roumanie en 1958, a fui en 1980 de régime Ceaucescu. Un passage en Israël nourrira ses inspirations futures, mais c’est en France qu’il se forme aux arts cinématographiques, en suivant les cours de l’IDHEC. Son premier long-métrage s’intitule Trahir (1993) et met en scène les démêlés d’un poète roumain avec le régime stalinien… Son second long-métrage, Train de Vie, a eu l’heurt d’être très remarqué, aussi bien à Venise qu’au festival de Sundance, (l’académie du cinéma fondée notamment par Robert Redford, à l’opposé des critères d’Hollywood,). Dorénavant reconnu comme cinéaste auteur, Radu Mihaileanu a encore créé un opus touchant et délicat avec Va, vis et deviens en 2006. Ces films témoignent d’une habileté à se servir d’une émotion retenue, teintée d’un humour au second degré, mélange d’autodérision et de cocasserie.
Le concert se situe au premier chef dans la veine franchement comique. La charge du système soviétique rappelle les meilleurs moments du dictateur de Charlie Chaplin…Mais dans le dernier tiers de l’histoire, nous dérivons insensiblement vers l’émotionnel et le film s’achève entre ses deux versants, rire et émotion, de sorte qu’il apparaît comme inclassable. Comédie émotive ou mélo humoristique ? Ni l’un ni l’autre sans doute, mais l’ensemble constitue une œuvre grand public qui mérite amplement le succès déjà inscrit à son palmarès. Dès sa sortie la semaine dernière, il était en tête des sorties de la semaine.
Andrei Filipov ( Aleksei Guskov, excellent !) est une des innombrables victimes de la censure des années Brejnev, ère de glace du communisme russe. Ayant refusé d’abandonner ses musiciens juifs, ce chef d’orchestre a été interdit d’exercice et doit gagner misérablement sa vie en qualité d’homme de ménage dans le théâtre même où il a été déchu. Humiliation suprême, lui dont la vie est faite de musique, doit nettoyer les lieux où d’autres exercent leurs talents. Un hasard lui permet un jour de subtiliser une invitation émanant du Châtelet, à Paris, où il a joué du temps de sa splendeur… La comédie est en marche, avec ses invraisemblances qu’il faut accepter de bon cœur, comme le code fondamental de la comédie. Nous entrons dans le registre du farfelu, avec ses critères : l’amitié inconditionnelle des compagnons d’infortune, les coups de gueule, la dénonciation du système des apparatchiks, qui paient les figurants pour faire foule, aussi bien pour grossir les pseudos manifestations que pour établir la notoriété au cours des mariages… Entre en scène alors une cohorte d’individus plus débrouillards et sans scrupules les uns que les autres, du pointilleux censeur, corrompu comme les autres, aux « roms » haut en couleurs, trafiquants en tout genre et musiciens instinctifs… La comédie s’envole vers une intrigue totalement fantasmatique, que la mise en scène colorée et mouvementée entraîne dans une sorte de musicothérapie par le rire. Au passage, tout le monde en prend pour son grade: le système soviétique épinglé par tous les bouts : administration désuète et inefficace, double casquette des petits chefs, système économique déstructuré, grandes et petites affaires se résolvant grâce à l’article 22, celui qui dit :" dém… merde-toi, oh pardon, aide-toi et le ciel…fera de son mieux… " Mêmes les caractères caricaturaux des juifs y sont repris à la sauce Rabbi Jacob cette fois. Apparaît enfin le personnage pur de cette histoire, la violoniste française Anne Marie Jaquet, interprétée par Mélanie Laurent, qui prête à son personnage sa frêle silhouette gracile. À partir du lien supposé entre la musicienne française et le chef d’orchestre déchu, le spectateur entrevoit une nouvelle dimension à cette comédie digne de Gérard Oury. Je me garderai de vous en dire davantage afin de laisser le champ libre à votre imagination … Sachez seulement que le courant émotionnel ne prend pas brutalement le relais sur la comédie loufoque mais s’intègre progressivement au récit, sans rompre la farce. Sortez vos mouchoirs pour éponger vos larmes de rire mêlées aux larmes d’attendrissement et laissez-vous embobiner par cet énorme canular. En ces temps moroses où même le sport a perdu son lustre et sa noblesse, il est recommandé de s’octroyer une large rasade de franche rigolade incluant l’autodérision en dose homéopathique "slavatrice".
Un dernier mot pour signaler les interprètes du film, tous plus heureux les uns que les autres d’endosser leurs personnages, de François Berléand à Lionel Abelanski, sans oublier Miou Miou égale à elle-même, même si son rôle paraît plus anecdotique.
19:37 Publié dans Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le concert, radu mihaileanu, comédie, cinéma | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
29/04/2009
Quand cinéma rime avec déception
D’un lundi à l’autre, d’une toile à l’autre, nos intuitions sont loin d’être toujours heureuses !
En surfant sur la toile webtienne, notre GéO s’était forgé une petite envie de cinéma kitsch. La bande-annonce et les critiques concernant le fameux OSS 117 lui ouvraient des perspectives de rires décomplexés sur fond de nostalgie années 60. Allez hop, pourquoi pas ?
Bien mal nous en a pris ! Sans entrer dans les détails, il me semble résumer assez bien le fond du film par un simple « bête et méchant ». Humour provocateur ? Par son taux élevé de mauvais goût, lourdingue, même pas corrosif comme savaient l’être les démonstrations grinçantes d’un Desproges. Non, autant les critiques négatives de Télérama à propos d’ Erreur de la banque en votre faveur me font sourire pour ce qu’elles révèlent de conformisme élitisme style « nous c 'est Marjane Satrapi ou rien » sur le ton des valeurs Bordeaux Chesnel… Autant, là, même Télérama soupire d’aise…et quelque chose m’échappe.
Jean Dujardin semble prendre un malin plaisir à s’investir dans l’humour douteux, de Brice de Nice à Hubert Bonisseur de la Bath… Dommage.
Bref, comme je vous aime bien, je vous invite à ne pas perdre 9,5€, et deux heures de votre temps précieux: "vous ferez à votre idée", comme le disait si bien ma Tatie, mais à votre place, je dépenserais mes sous autrement…
19:49 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, critique, jean dujardin | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
21/04/2009
Dans la brume électrique
Chez nous, le lundi, ce n’est jamais ravioli, mais volontiers cinéma.
Hier, nous nous sommes donc offert la petite toile du début de semaine et nous avions choisi avec délectation le dernier film que sort Bertrand Tavernier : Dans la brume électrique.
Avec une délectation anticipée pour plusieurs raisons:
D’abord, un nouvel opus de Bertrand Tavernier, c’est la promesse d’un film intéressant, où la finesse des intentions rejoint le savoir faire indéniable qui concourt à tous ses succès : de L’horloger de Saint Paul, son 1er grand succès populaire, puis le juge et l’assassin, qui ne cesse d’impressionner à chaque nouvelle diffusion, en passant par Coup de torchon, Un dimanche à la campagne, Autour de minuit, la passion Béatrice, l’Appât… La liste est trop importante pour citer tous les films, dont quelques documentaires. Mais le rappel de ceux-là, que vous avez certainement vu déjà, permet de situer l’événement que constitue la sortie d’un nouvel ouvrage.
Seconde très bonne raison pour sélectionner ce film : le rôle principal est porté par Tommy Lee Jones. Inutile de m’étendre sur les louanges qui lui reviennent, il représente exactement la figure de ce Dave Robicheaux, avec ses parts d’ombre et de détermination loyale… L’acteur correspond exactement à la fibre noire de l’œuvre, comme Humphrey Bogart est indissociable des polars noirs des années 50… si vous avez profité de son film Trois enterrements l’année dernière, vous ne serez pas déçu.
Le troisième attrait, c’est la Louisiane… La magie des Bayous, où je n’ai, il est vrai, jamais mis les pieds, mais que j’aimerais bien avoir un jour la chance d’arpenter…malgré les moustiques! Région spectaculaire, par sa nature indomptable et par son histoire atypique, la musique, la culture cajun, l’architecture des villes, la cuisine… Un ensemble particulier dans la grande mosaïque américaine, un état où les drames et les duretés, le racisme omniprésent, aussi naturel que l’air respiré, constituent une entité spéciale.
C’est que justement, ce Sud apparaît dans le récit de James Lee Burke, l’auteur du roman éponyme, comme un personnage à part entière, animé de son histoire insoluble dans les brouillards marécageux. Les oubliés de la guerre de sécession se réveillent et font surface, dans ces marais malsains, pour accompagner les méditations et les gamberges de Dave Robicheaux, le détective tourmenté qui enquête sur les meurtres commis à l’encontre de jeunes prostituées.
Ce contexte trouble ne doit pas faire peur aux rationalistes effrénés. Vous n’assisterez pas à une de ces représentations macabres où les morts vivants viennent sucer la vie de malchanceux adolescents égarés … Non, il s’agit plutôt d’une métaphore historiée et pertinente qui illustre les méandres mentaux du personnage, à l’image des méandres aquatiques du paysage. C’est l’ambiance, nature sauvage et inhospitalière que les hommes investissent malgré tout. Tavernier n’exclut d’ailleurs pas de son propos le rappel de ces risques: le décor s’attarde parfois sur les maisons effondrées, les restes de logis abandonnés après le passage de Katrina, aussi marquants pour les habitants que l’autre catastrophe américaine… Clin d’œil aux organisations caritatives qui essaient de redresser la barre d’un état abandonné à lui-même.
Dans la brume électrique est un film à suspense, un thriller comme on dit maintenant. Impossible donc de narrer le sujet, si ce n’est évidemment que tout part de la découverte du corps mutilé d’une jeune femme, dans ce bayou, justement… Or, c’est le décor précis d’un autre meurtre auquel notre détective a assisté involontairement des décennies auparavant. Et voilà que cette réminiscence actionnée par un curieux hasard, une rencontre inattendue avec un jeune comédien alcoolique qui permet au détective de relier les fils de cette mémoire enfouie.…et d’entendre les fantômes du passé, proche ou plus lointain. Car on admet que cette brume enveloppe et conserve les traces des drames aussi bien que la glace.
Les images du film sont accompagnées d’une bande son remarquable, même si l’on n’est pas tous fans de musique country.
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