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09/09/2012

Merci Firmin!

Chères et fidèles souris discrètes, peut-être vous souviendrez-vous d’une allusion à un certain Firmin, remarque anodine qui m’avait échappé au printemps dernier, alors que je peaufinais la mise en mots de ma sentinelle du quai H, au destin  solitaire et mélancolique.

Jeanne n’a pas gagné le concours d’Orgon, mais elle m’a valu une discussion émouvante et charmante avec l’organisatrice du concours, Dominique Désormière  et quelques échanges sympathiques de lectrices.

Firmin est d’une autre trempe. Il est solide, tenace et chanceux.

Firmin m’a accompagné un moment et s’est imposé, de façon tout à fait irrationnelle quand j’ai imaginé concourir pour le prix Yolande Barbier.

Cette manifestation organisée à Hyères par Serge Casoetto   m’avait été présentée et même chaudement recommandée. Allez savoir pourquoi une petite voix vous glisse que ça ira, que c’est le bon choix ?

 

Firmin a guidé mes doigts sur le clavier, s’est dessiné un passé, des amours, des passions, des désirs et une volonté. J’ai obéi, j’ai écrit, je lui ai concocté une  trop longue nuit. J’ai adressé mon fichier Word bien dans les temps. Non, auparavant, j’ai demandé à Christophe une lecture à sa manière, lucide et bienveillante et ses précieuses remarques m’ont permis de décider de clore enfin les cinq pages de ce récit.

  

Et l’été s’est avancé, ponctué des visites et des rencontres qui nourrissent, des rires et des plaisirs menus du temps sans entrave.

Un matin, le téléphone sonne, et GéO me passe promptement l’appareil.

Une voix grave autant qu’inconnue m’informe que ma nouvelle est « nominée ». Empruntée par mon esprit d’escalier, je ne pose évidemment aucune des bonnes questions qui s’imposeraient en pareil cas, et me voilà livrée à mille incertitudes, si ce n’est que Firmin, comme l’avait été Jeanne, est retenu, son histoire joue dans la cour des grands, le dernier carré…

Alors, pendant que Philippe Mona et les enfants s’ébattent autour de la piscine, au cours des jours où Audrey et Mathis se reposent  en attendant le déclin de la chaleur, tout au long des découvertes du malicieux Mathis, j’entends une petite musique obsédante, qui me répète en boucle…

Firmin y tient, Firmin ne baissera pas les bras, tu dois rester confiante…

 Confiante ? Pas si facile.

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 Arrive le grand jour; Il fait un temps splendide sur le port d’Hyères.

 Soutenue par le son coloré d'un saxophone, la figure de proue du voilier étend ses ailes mordorées  pour appeler la foule auprès des artistes.

Dans la lumière dorée de cette fin d’après-midi, nous assistons depuis la salle Porquerolles de  l’espace nautique aux différentes prestations d’artistes du verbe, de la musique, de la danse, des peintres et des créateurs d’objets et de bijoux. Serge Casoetto, poète et conteur, a voulu ouvrir à tous les modes créatifs l’hommage à sa mère Yolande Barbier, qui a consacré une majeure partie de sa vie à promouvoir la vie artistique de sa ville.(  Détails sur le site référencé)

Vient la distribution des Prix.

Une cérémonie quand même !

Mon cœur saute de joie en entendant le nom de Véronique. Je connais sa nouvelle, je la sais très émouvante, et je suis heureuse que ses doutes soient contrariés. Dans le même temps, et l’âme humaine est ainsi faite, je me dis que c’est fichu pour moi, car il m’apparaît  que la loi du nombre interdise que deux « élèves » de Christophe soient récompensées. N’importe, le protocole se poursuit… Quatrième et  troisième prix sont décernés  à la grande joie des heureux récipiendaires. Le second prix voit s’envoler mes dernières illusions. Le maître de cérémonie reprend le micro et joue des nerfs de l’assistance. Moi, je me retranche déjà dans mon for intérieur, avoir été nominée, c’est déjà une forme de reconnaissance, n’est-ce-pas ?

J’entends de façon lointaine : 

Le premier prix de Littérature Yolande Barbier est attribué à Odile…

Un grand OUIII retentit et couvre le reste. Marie B à mes côtés prend mon bras, m’embrasse, me pousse en me glissant un «  j’en étais sûre, c’est toi ! »

Au passage, les visages illuminés de bonheur d’Annie et de Christine qui m’embrassent me font tellement plaisir… Déjà je ne touche plus terre.

 

Alors, éclate la joie, immense, de réaliser que c’est fait:  mes mots ont touché, mes phrases ont provoqué un écho, mes personnages sont de chair…

Un instant de grâce s’établit quand Serge Casoetto annonce la lecture d’un extrait de la nouvelle. Firmin   va s’incarner par la voix grave et vibrante du conteur. Je suis incroyablement émue-sereine parce qu’il a la tessiture qu’il faut. Parce que le rythme de sa lecture, le timbre de sa voix, les silences qu’il respecte sont la respiration de la mer, les efforts des pêcheurs, le désespoir de Firmin et sa Résurrection… Je suis comblée et ça, c’est le plus plus cadeau de ce premier prix.  


 

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Il me reste à ajouter quelques mots pour Christophe, qui figure à gauche sur la photo.  Par sa patience, sa rigueur, son souci d’intégrité face aux écrits, il nous aide  à assumer nos  mots, à les choisir sciemment, à maîtriser leur portée . Que ces quelques lignes soient l’occasion de le remercier pour sa présence  amicale et compréhensive.. Sa joie manifeste me va droit au cœur… Qu’il en soit remercié. 

24/02/2012

Le tapis du salon

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Annie Saumont

Julliard 2012

ISBN : 978-2-260-01997-8

 

 

 À sa manière discrète, Annie Saumont occupe le territoire des Lettres Françaises avec une indéfectible constance. Depuis les années 60, elle s’est imposé en donnant à la Nouvelle la reconnaissance d’un réel genre littéraire. Ce qui n’a rien d’évident au pays de l’Académie française, où la tentation est grande de minimiser ce mode narratif.

Une fois de plus,   Annie Saumont démontre comment la Nouvelle repose sur la concision extrême du récit. Loin de tronquer l’intrigue ou de simplifier la psychologie des personnages,   elle aiguise avec une acuité particulière les mots qui déroulent  son histoire. Elle   nous livre ici  un recueil composé d’une vingtaine de nouvelles rassemblées sous ce titre, le tapis du salon, qui intitule également trois des pièces de l’ouvrage.

Des histoires brèves certes, aux horizons divers. Mais c’est surtout le ton adopté par l’auteure,   et son style haché, elliptique  jusqu’au système, qui définit l’unicité du recueil. En réalité Annie Saumont traque dans un dédale d’objets anodins ou de faits mesquins le détail qui scelle le sort de ses personnages. Elle dresse par exemple dans la mort du poisson rouge, une atmosphère de sérénité champêtre, où de charmantes familles divertissent leurs non moins charmants bambins en leur offrant un poisson rouge. :

« Calme journée. Pas un souffle de vent.

Mélanie et Antoine sont au jardin. Ce pourrait être la première phrase du premier conte d’un premier livre de lecture.

Mélanie arrache une herbe folle. Antoine écrase du pied une motte de terre grasse.

Pas le moindre frémissement des rideaux à la fenêtre du salon qu’Antoine a ouverte après le petit-déjeuner.… »

En quelques pages, nous identifions trois familles sans histoires, si ce n’est celles de nos quotidiens, myopie de la tendresse parentale et éclairage malicieux des inventions enfantines, jusqu’à ce jeu…

« On joue à la fin du monde ?

Quand le jeu a commencé, si on dit pouce c’est de la triche.

Fallait réfléchir avant.

Fallait dire non pour les cow-boys, la balançoire.

T’as dit oui pour la fin du monde. On continue. »

Une pirouette, un battement de cils plus tard,   l’Éden est soufflé par un vent d’apocalypse, qui secoue le lecteur et bouscule l’ordonnance de ce  petit monde  trop bien léché.

Parfait exemple de cet art de l’ellipse,   le début de  Quartiers d’automne

«  Promenade-danse. Danse-promenade. Le parc est vert. Quatre danseurs ont monté un ballet. Pas vraiment un ballet, des séquences. Ici et là.

Il y a notre petite Ida.

Pelouse. Arbres. Un épicéa. Un sophora-pleureur. Un saule. »

On entre ainsi par le décor  dans la quête des personnages qui se cherchent, s’épient, se débattent contre le mal-être, l’absurdité, la  méchanceté, la perversité des situations.

 

Annie Saumont adore avancer sans avoir l’air d’y toucher.

Elle privilégie volontiers les situations où la rumeur et le non-dit travaillent en minant le terrain à l’insu du personnage central. À cet égard, les trois nouvelles qui portent le titre générique sont  exemplaires.

Dans la première, c’est un pauvre gosse, le narrateur, recueilli par Yole et Sarie, qui  élèvent comme elles peuvent leur petit cousin orphelin. Le tapis offert par l’amoureux de Sarie est trop beau pour la modeste maison. Bien encombrant. Un vrai piège. On le range et on l’oublie… Mais un jour, le narrateur qui a bien grandi, retrouve ses deux cousines enveloppées dans le tapis… 

La seconde de ces nouvelles consacrées au tapis du salon repose sur une inadéquation de situation similaire. Le narrateur est élevé par sa sœur Isa, faute d’un père capable d’assumer son veuvage. Par les mots de ce gamin à la vie rustique, on saisit combien la sœur aînée tente d’organiser leur vie et de s’ouvrir un avenir, jusqu’au jour où l’adolescent mal dégauchi tache le tapis… La chute tombe comme un couperet, rapide et impitoyable.

Ma préférée à cet égard reste la seconde, intitulée vacances

Il vous reste à entrer  à pas légers dans ces tranches de vie esquissées à traits vifs et rapides, comme ces croquis au charbon ou à la sanguine qui servent d’étude du sujet. Et vous découvrez que l’esquisse transmet plus de force que la peinture bien léchée.

 Mais surtout prenez votre temps pour savourer distinctement ces nouvelles.  Mon seul regret est d’avoir lu trop vite le recueil, les enchaînant les histoires sans respiration, ce qui a eu pour effet de mettre en évidence la technique d’écriture, gâchant mon innocence de lectrice.

 

 

22/02/2012

Chacun son chemin…

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La grippe battait rageusement sous mon dôme crânien samedi dernier quand la factrice est venue déposer un baume délicat destiné à mieux faire passer nos potions amères.

 

C’était l’édition 2011 du recueil des nouvelles du Moulin des Contes.

Autour du thème chacun son chemin,  les valeureux postulants ont battu leurs campagnes intimes, parcouru les déserts de leurs fantasmes,    balisé leurs sentiers intérieurs  comme  autant de petits poucets, pour finalement rendre leurs textes à la fin de l’été.

 

Pour ma part, je me suis lancée dans l’aventure en compagnie d’un  gentil fantôme…

Une anecdote familiale qui tenait presque du secret, tant son héroïne  a tardé à livrer  sa confidence, un soir de hasard. Et encore a-t-il fallu que la maladie libère les nœuds du tabou. La filiation change alors de regard, l’aïeule fragile acquiert tout à coup une part de mystère, dont elle ne lève qu’un tout petit pan.

À partir de quelques phrases rapportées, d’une lettre longtemps cachée,   je me suis mis en quête de retracer un double itinéraire imaginaire.

Le petit chemin, vieille ritournelle chantonnée par ma vieille Dame, devient un fil d’Ariane qu’il faut patiemment défiler pour exhumer une réalité historique tragique. Je m’y suis bien appliquée et je suis fière de mon récit, je vous le dis sans me vanter.

 

Je suis donc  reconnaissante à Catherine Brutinel et le jury  de l’association Lire  à Hyères de l’avoir adjoint aux nouvelles qui composent leur recueil.

La semaine prochaine, quand les dernières manifestations éructives de notre mal saisonnier  se seront définitivement rétractées, nous partirons en excursion sur les routes  et gravirons les ruelles pentues du centre ville  pour aller quérir   d’autres exemplaires  promis du précieux recueil.

 

 


26/03/2011

Points de vue…

On  sait combien les témoignages sont subjectifs…
Naguère, je vous contais les retrouvailles amusées de GéO et de sa première Dulcinée (première d’une longue liste, si l’on prête l’oreille aux légendes…), récit que j’avais intitulé Amours d’antan. Un petit clic sur ce titre joliment bleuté, et hop, mon point de vue de témoin particulier de l’événement réapparaît…

Depuis GéO s’est hasardé lui aussi sur les voies des concours webistiques.  À l’occasion de la Saint Valentin, le site  http://disnous.fr/ avait organisé un concours de nouvelles sur le thème des premières amours. GéO s’est amusé à rédiger SA version de cet épisode piquant  et l’a adressé au site en toute discrétion. Or voilà que le jury a été sensible au charme de l’anecdote et notre GéO est récompensé, oui, oui, par une troisième place !!! Le plus beau de l’affaire est que nous attendons pour lors une récompense qui promet d’être concrétisé par un coffret de champagne au nom d’une certaine veuve bien connue des amateurs… 

Ce succès de GéO nous réjouit et m’offre l’occasion d’une petite réflexion sur la subtilité des témoignages… Nous  vivons chaque événement selon nos critères : caractères, sensibilités diverses, disponibilité et réceptivité, mais la manière de relater les faits dépend aussi de facteurs qui créent une différence subtile. Aussi m’a-t-il paru amusant d’ouvrir une rubrique  à l’encre de…  GéO , et de publier, avec son accord, son texte. Certaines d’entre vous, fidèles souris critiques,  profiteront  demain des gouttes de pluie promises pour jouer à comparer les deux versions.  Et d’aucuns en profiteront pour souligner combien je m’égare parfois dans la menée de nos aventures … Mais moi, je ne gagne pas de champagne… Tout au plus ai-je droit à votre fidélité  distinguée et votre considération assidue, et à mes yeux, ça n’a pas de prix !!!


À l’encre de …  GéO
Premières amours



Août 1958, enfin les congés. Depuis une année que je travaille, les vacances scolaires ne sont plus que souvenirs. Je pars camper avec ma moto en Normandie où trois amis me rejoindront. Mais surtout, je suis heureux, je vais revoir Gilberte dont je suis tombé amoureux, il y a un an. Depuis nous avons commencé un échange épistolaire qui va devenir quotidien. Comme la distance et le temps abolissent progressivement toute retenue, nos écrits sont devenus parfois chauds et osés. Aussi, lorsque nous nous retrouvons face à face, nous avons l’étrange impression d’être en présence d’un être étranger, figé, totalement différent de celui avec qui nous avons correspondu si librement. Elle travaille cet été à l’épicerie du village et semble vouloir maintenir une certaine distance entre nous. Ce n’est pas ainsi que j’avais imaginé nos retrouvailles. Pourtant, c’est réel, nos relations se distendent. Cela me perturbe, mais j’espère que les vacances finies, nous reprendrons notre correspondance et que tout rentrera dans l’ordre.
   Hormis cela, le mois passe comme un rêve. Nous sommes souvent rejoints par des amis du cru. Les journées comme les soirées sont animées.
   Puis nous reprenons Gilberte et moi, nos écrits mais je sens bien que le cœur n’y est plus. Je profite d’un pont, en Novembre, pour faire un voyage express afin de la voir. Bien que prévenue, elle refuse de sortir de l’Hôtel où elle travaille. Il fait nuit. Face à la mer qui bat dans le port, devant la bâtisse éclairée, dans le froid et le vent qui me transperce, je la regarde une dernière fois, l’apercevant derrière une fenêtre du premier étage. La rengaine de Colette Renard “Tais toi, Marseille” me trotte dans la tête et ajoute à mon désespoir. Dans la pénombre elle m’observe sans un signe. Le cœur lourd, je me résous enfin à partir. Dès le lendemain, désespéré, je rentre à Paris. Nous ne nous reverrons jamais. 
Ce fût mon premier chagrin d’amour.

Juin 2009. Avec mon épouse, nous envisageons un “pèlerinage” sur les lieux de notre jeunesse. Elle veut revoir les pêcheries de sa jeunesse et moi, ma Normandie. Nous trouvons sans difficulté  une chambre d’hôtes dans une petite commune que j’ai bien connu. Notre logeuse, Michèle Vincent, est pour moi une parfaite inconnue. Pas un instant, je ne me doute que Gilberte se dissimule sous ce nom. Elle a changé de patronyme par son mariage, et de prénom pour reprendre celui de son mari décédé.  Imaginez ma surprise lorsque, après m’avoir demandé si je connaissais le village, elle se fait reconnaître en m’avouant qui elle est ! Elle de son côté était persuadée de mon identité, n’ayant personnellement changé ni de nom, ni de prénom.
Et ce sont les retrouvailles... cinquante-deux ans ont passés...
Voilà, l'histoire est ré-écrite et la suite a été super sympa, l’accueil si naturel de sa part et de celle de son compagnon Dominique, la soirée passée tous les quatre ensemble dans leur jardin et tous ces souvenirs. Une étape qui restera gravée dans notre mémoire comme une plongée dans notre jeunesse.


19/02/2011

Nihao

Dans ma bulle, aujourd’hui, il est  dix-neuf  heures** à Wuhan
- Où ça ?
- À Wuhan, chef lieu de la province de Hubei, Chine, juste là

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C’est  bien là que sont partis nos tourtereaux depuis dix jours maintenant. Aurélien visite la famille de Jing.
Beau voyage aux antipodes (presque) de notre façon de vivre. Et comme la technologie nous y autorise, de temps à autre, il partage par mail ses impressions. Je m’autorise à vous en livrer quelques-unes, en attendant les photos et les clips que nous ne verrons pas avant leur retour.

Nihao* nous dit Aurel, en parfait Mandarin dans le texte, bien sûr…
En quelques lignes, notre voyageur dresse un tableau rapide de la ville, de son extension tentaculaire, et des excursions dominicales…
« La ville de Wu Han est extrêmement grande. Les rues sont des 4 voies comme nos autoroutes, et la ville s'étend à l'infini: Hier, après deux heures de route, j'ai demandé où on était:
- "À Wu Han"!
Et pourtant ça roulait bien. Contrairement à ce que j'imaginais, le trafic n'est pas très dense, mais il n'y a aucune règle sur la route, et malheureusement la plupart des voitures sont dépourvues de ceintures de sécurité. Assez flippant, car ils pilotent  vraiment n'importe comment. Ceci  dit, les conducteurs roulent plutôt lentement, ce qui leur permet d'éviter les accidents, qui seraient inévitables autrement. Je filmerai la prochaine fois que je serai en voiture, c'est un spectacle à voir au moins une fois dans sa vie... »

 Nous sommes passés aux choses sérieuses en escaladant le mont Mulan, en fait un pèlerinage bouddhiste où l'on va de temple en temple afin de faire des voeux auprès de différentes divinités, dont certaines sont spécialisées (pour les études, pour l'argent, l'amour etc.) tandis que les autres sont généralistes. Plutot Marrant. Cela dit, aller quémander la bienveillance de Mulan se mérite, car c'est tout en haut de la montagne.
 
Ce matin, la boîte mail nous délivre un nouveau reportage de son carnet  de voyage.
 Cette fois, Aurélien s’amuse des activités de bienvenue dans sa belle-famille, où tout le monde se montre accueillant. Je vous offre un résumé  succinct, après avoir pris soin d’accentuer le texte écrit de là-bas sur un clavier qwerty, ce qui est déjà plus confortable que le clavier à caractères locaux !
"Comme prévu nous voyons beaucoup de monde, heureusement tous se montrent très gentils. J'ai appris un peu à jouer au Mah-Jong. J'ai même gagné plusieurs parties (avec un peu d'aide...) Nous avons aussi fêté le nouvel an. Ici, pas de feu d'artifice officiel de la part des autorités, ce sont les gens qui achètent les leurs et les allument devant chez eux. Une ambiance unique...
 
Je n'ai toujours pas croisé un autre occidental en près de dix jours! C'est une des grosses différences avec l'occident: Chez nous on croise toutes les ethnies dans nos rues, mais ici tout le monde est chinois (sauf moi). Ça me fait drôle d'être dévisagé dans la rue tout le temps, mais je m'habitue. "
 
Imaginez-vous que je voyage moi aussi à la suite de mon messager intercontinental … J’enfourche témérairement ma souris telle une amazone high tech, et d’un preste clic, cap au Levant,  me voici survolant nos contrées  européennes, puis le Moyen Orient, enfin les vastes  étendues asiatiques,  avant d’effectuer un atterrissage impeccable sur les rives du  Chang Jiang,  l'immense fleuve boueux dont les  méandres sont visibles ci-dessus sur le troisième cliché extrait de Google earth  ...  

L’agglomération est en effet reconnue comme la douzième plus grande ville de la Chine, dédiée aux activités industrielles et universitaires. Si Aurélien n’a pas l’occasion d’y croiser des Européens, c’est sans doute qu’il est totalement immergé  dans  la bulle de la famille de Jing.
Leur séjour durera jusqu’à la fin du mois, j’aurai donc encore quelques informations piquantes à vous transmettre…

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Tandis que ma bulle affective se gondole et migre aussi vers Sèvres, que j’ai quitté  il y a maintenant une bonne semaine.  Je m’y étais octroyée un petit séjour en célibataire, histoire de profiter des derniers jours du congé maternité de ma Douce et d’aller emplir mon cœur des mines de Mathis. De ces moments chaleureux volés à mon quotidien maximinois, je vous raconterai volontiers mes souvenirs mirobolants de l’exposition Cranach célébrant la réouverture du musée du Luxembourg…et l’anecdote du club des grands-mères, ayant partagé un bout de wagon avec certains  écoliers parisiens en route pour les vacances chez Papy-Mamy, en l’occurrence Papé et Poupette, s’ils se reconnaissent…

En attendant, Mathis jouit de sa dernière conquête, la chaise haute puisqu’il s’adonne maintenant au goûter compote de fruits… Quelle étape ! Il ne lui a pas fallu longtemps pour se familiariser avec la cuillère et le goût un peu étrange de la pomme cuite vapeur et sans sucre… encore un petit convive envers qui il ne faudra pas se contenter de belles paroles pour le tenir à table ! 

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* Nihao= bonjour en Mandarin, langue courante dans cette Province.
**décalage horaire  par rapport à la France: + 8 heures.

 

 

 

08/01/2011

Votre avis les intéresse…

Petit clin d'oeil aux amateurs de challenge…

Si vous êtes définitivement convaincu que le programme télé ne mérite pas que vous surchauffiez vos yeux et vos neurones, si la soirée de ce samedi vous paraît longue et/ou le dimanche qui se profile s'étire comme un chewing gum sans goût, je vous invite à faire un petit tour du côté de mes amis du Hangar.

Hazel et Novembre ont organisé un double concours de nouvelles et de représentations picturales sur le thème de la Naissance. Après une pré-sélection établie par les choix des  six membres de l'équipe ( dont votre gouttelette a l'honneur de faire partie), cinq textes et cinq tableaux ou photographies restent en lice, dans ces deux catégories. Il s'agit maintenant de voter, afin de déterminer le Meilleur!!!

Les votes se font sur le site du Hangar, à la rubrique sélection finale, concours hivernal. La démarche me paraît facile et vous avez je crois jusqu'au 14 janvier pour vous prononcer, si le coeur vous le dit. Personnellement, j'ai trouvé la confrontation des points de vue intéressante et revigorante, quelque soit la catégorie concernée…

À vos claviers, plus il y aura de visiteurs, plus ce sera intéressant pour les auteurs …

27/06/2010

Pêle-mêle

«  Hum, depuis l’échouage du voilier, la plume de gouttesdo ne s’est guère mouillée ! »

Petit rappel à l’ordre matinal de GéO qui, comme les plus fidèles d’entre vous ( si, si les stats disent qu’il y en a !) s’enquiert de temps à autre d’une éventuelle nouveauté.  En consultant les dates, je dois bien me rendre à l’évidence.  Plus d’un mois depuis la dernière note, ça n’affiche pas la vaillance des jours inspirés ! Me serais-je échouée avec le voilier sur les plages de l’inspiration ?

Ce n’est pourtant  pas la plume de gouttesdo qui sèche lamentablement  devant le clavier. Ce sont les événements de notre petite vie tranquille qui se bousculent allègrement et nous propulsent  dans le mouvement général. Rassurez-vous bien vite, petites souris lectrices, pas de déprime avachie sur le divan du foot national. Les misères du ballon rond m’indiffèrent profondément…
Histoire de rattraper ma désertion épistolaire, je me lance derechef à la poursuite du temps passé en vous exposant  pêle-mêle les éclats de soleil qui ont enrichi ces dernières semaines :

D’abord, le Grand Album pour célébrer à la fois l’anniversaire de ma Douce et la venue prochaine du BB, premier de sa génération dans les deux familles. D’où mon idée, en dénichant parmi les trésors de la Java de Julie un album d’apparence cahier sous la IIIème République
Quelques échanges de mails et des recherches complices promptement menées  
m’ont permis de récolter assez de clichés anciens pour préparer mon album selon la thématique de l’accueil : chaque membre de la famille aura sa page réservant une comparaison avec notre nouveau venu. Lequel s’appelle encore M comme Mystère, car si l’Ange est sexué,  Il n’est pas encore prénommé… Suspense !
Les heures passées sur ce projet ont été largement  récompensées par l’émotion et la joie de nos futurs parents.

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Mon travail n’était pas même  achevé lorsqu’Audrey et Seb sont arrivés. Quelques séances matinales de rattrapage afin de terminer clandestinement, et le grand jour a sonné !

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Séjour riche d’émotions et de bonheur. Il y a plus de deux ans, j’ouvrais Gouttesdo sur le plaisir subtil et la joie de fêter les anniversaires des deux amies au cours d’un week-end escapade à Porquerolles. Cette année, le même événement   les réunit autour de la piscine, appliquées cette fois encore à la même tâche :  protéger, abriter, nourrir et laisser pousser leurs habitants respectifs, bref, en un mot, elles couvent !
La maison est devenue halte-pouponnière quand Stéphanie et son ami  nous ont rejoint : mêmes silhouettes étrangement dissymétriques, même ralentissement de la démarche, même langueur du canapé aux transats autour de la piscine…

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Du coup, les conversations relativement monopolisées sur les événements heureusement prévus pour Septembre, mon grade nouvellement acquis nécessite concrétisation… Nous avons vécu de grandes retrouvailles avec les aiguilles à tricoter; rassurez-vous, je garde le résultat pour moi!

***
Enchaînons  plutôt avec l’apparition fugace d’Yvonne de Gallais

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Impression trompeuse car la forêt  alentour ceint la clairière du Mesnil Théribus, dans l’Oise. Et les agapes ont libéré autour du Punch les saveurs martiniquaises dans l’ambiance des danses antillaises.-

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Du Grand Meaulnes au charmes coloniaux de plantations outre-mer, un véritable dépaysement sous un soleil  tempéré…
***


D’une fête à l’autre, il nous a fallu rentrer bien vite pour préparer la suivante : le partage de mes sixties avec nos émigrés Montmeyannais… Nouvelle variation de rires et d’insouciance le temps d’oublier les inondations catastrophiques du début de semaine…
Prendre le temps de se retrouver, de reprendre le fil de nos jours…Dans l’attente imminente des prochains visiteurs.
Cette fois, l’été s’installe pour de bon…

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Ce bouquet destiné aux heureux récipiendaires du jour : Marie-Jeanne, Philippe et Jean Claude, tous trois accédant ce jour à l’année supérieure, Hourra pour eux !

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05/04/2009

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Lobu

 


Floriane relève la tête.
Seule dans cette chambre blanche et austère, presque monacale, ses yeux cherchent encore à l’horizon la crête ocre et dorée des Monts de l’Atakara qui ferment au loin la plaine de Lobu. De la fenêtre étroite, le paysage offert confirme son recadrage réussi dans ce monde toujours nouveau, où elle s’est enracinée depuis dix ans.  Petit à petit, la lumière extérieure perd sa dorure et enveloppe de nuances roses et mauves les replis du terrain, tandis que les arbres noircis accueillent les points plus clairs du troupeau des chèvres que Joshua et Yahomé ont appelées et rassemblées comme tous les soirs. Dans quelques minutes à peine, l’obscurité sera complète, les feux s’allumeront, les derniers appels des bergers fermeront cette très longue journée.

Comme d’habitude, il faudra sortir, rejoindre l’équipe du dispensaire pour le dîner pris en commun, rite des petites communautés, tissu social indispensable et parfois pesant, mais si souvent salvateur face à la détresse et l’inépuisable dénuement des moyens. On y rit très souvent, on s’engueule de temps à autre, mais c’est là surtout que, la journée finie, se développent l’attention et le respect inouï que chaque membre de l’équipe ressent pour ses compagnons. Dans la journée, l’urgence et les difficultés multiples  ne leur accordent que peu de pauses et surtout aucun recul sur les décisions à prendre. Aussi chaque soir, en s’obligeant à partager le repas et une partie de la soirée, tous les acteurs du centre de soins  se retrouvent et mesurent  la chaleur de la solidarité qui leur permet de tenir. Quand  le regard de Floriane s’accroche à la crête noire tout au fond, là-haut, ce sentiment plein et rassurant la regonfle et lui insuffle assez de patience et de volonté pour recommencer sa tâche.


Oh oui, Floriane aime cette chambre presque vide...


Et pourtant, malgré la pénombre qui a envahi la pièce, elle devine encore devant elle, sur le bureau, la feuille de papier qu’elle s’est tellement appliquée à couvrir de mots... Mots justes ou mots éteints, immense lassitude d’un discours renouvelé et perdu,  missive à la dérive du temps et de l’éloignement.
La nuque raidie par l’effort d’écriture, Floriane a lâché le stylo. Elle se redresse et s’étire, cherchant à repousser hors d’elle la mélancolie où cette page arrachée à elle-même l’a encore rejetée.
Une fois de plus, une fois de trop, elle a tenté de retendre un pont entre Rachel et elle, de répondre à l’appel lancé de France vers son exil volontaire.

Rachel... Ces deux syllabes montent en elle comme une prière ou comme une arme, selon les moments, toujours douloureusement comme la trace de l’injustice ineffaçable.
Il y a dix, douze ans, elles ont aimé le même homme et Rachel a gagné.

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Jamais encore Floriane ne s’était sentie aussi forte, belle, si accomplie déjà, ce merveilleux soir de mai où elle s’est engagée à lier sa vie à celle d’Alexis, à la terrasse du restaurant, le visage caressé par les yeux amoureux d’Alexis, plus exaltée d’amour qu’enivrée par le vin délicat qu’ils avaient commandé. Aucun doute, aucun soupçon incongru, aucun nuage n’aurait pu voiler l’élan ressenti, la certitude accrochée au langage de leurs corps. Un état céleste, suspendu, un désir divin et durable ou le Tout, passé-présent-avenir, gravitait autour d’eux, pour eux.


Souvenir du regard maternel reconnaissant enfin le Bonheur de cette fille si difficile à cerner...


Et puis un jour, en traversant la rue Royale, le regard de Floriane s’est porté par hasard sur un couple tendrement enlacé sur le trottoir opposé. Est-ce parce que ces visages lui étaient familiers qu’ils ont ainsi attiré son attention parmi les dizaines de passants ? Son corps s’est plombé là, colmaté au macadam de la chaussée,  sourd au crissement strident des freins. La première voiture ne l’a pas heurtée mais la suivante n’a pu éviter la première... Et dans les fracas successifs des tôles froissées et du verre brisé, Rachel et Alexis ont à leur tour découvert Floriane, soudée au sol,  inconsciente du tumulte autour d’elle.


Elle se souvient beaucoup plus vaguement d’explications sans fin, de larmes, du visage boursouflé et vieilli de sa mère, du poids maladroit de la main paternelle sur ses épaules. Et puis enfin l’aéroport,   comme une antichambre mortuaire où le temps pesait sur chacun d’eux, ces acteurs d’un drame intime et clos. L’avion libérateur, univers ouaté où sa Solitude a enfin pu se découvrir et prendre possession d’elle, l’auréolant d’un écran protecteur et durable.


A son arrivée, la chaleur blanche des jours et la moiteur de certaines nuits l’ont encore mieux isolée de sa douleur. Elle s’est laissé rapidement dissoudre dans le mouvement incessant des sœurs aux voiles blancs. Ces religieuses d’origine belge n’ont jamais quitté le Bénin malgré les cahots et les incertitudes qui ont suivi la reconstruction du pays. Avec elles, Floriane s’est lovée corps et cœur dans le poste de gestionnaire du dispensaire installé dans ce village isolé au nord-est d’un état immense, incapable de tout gérer. Le travail lui a immédiatement convenu: il y avait tout à inventer et à refaire chaque jour, chaque minute, rien n’étant permanent, durable ou acquis, si ce n’est la misère, le dénuement, les épidémies récurrentes, les maladies endémiques, et les gens. Les gens d’ici, surtout, ceux qui y sont nés comme ceux qui arrivent, parfois fragiles comme elle l’a été, blessés sans devenir blessant, presque tous très rapidement ligués contre les difficultés. Des difficultés invraisemblables, quand on arrive d’Europe, et auxquelles on finit par accorder une considération familière: approvisionnement, acheminement, remplacement, manque aigu de communication, on pare à tout avec le fabuleux système D et la foi absolue d’appartenir à une équipe, patients et soignants, ou même simple maillon de  la chaîne comme Floriane.
Dans ce fourmillement incertain et mouvant, assise devant cette fenêtre qui n’ouvre plus que sur la nuit, Floriane n’a qu’une certitude : elle a trouvé sa place, c’est ici à Lobu que sa vie a pris un sens, c’est ici qu’elle se sent confiante, enfin.


De l’autre univers, elle a reçu de loin en loin des nouvelles. À ses parents, elle a toujours répondu que tout allait bien et que sa vie répondait  pleinement à ce qu’elle en attendait. À Rachel, elle n’a d’abord pas répondu, même lorsqu’une longue et déchirante lettre lui a appris son divorce. Que dire et que faire ? Le malheur de sa sœur n’allait certes pas apaiser sa déchirure ancienne.


Et puis, malgré tout, les lettres de Rachel se sont succédé au rythme de ses déceptions.
Heureuse, elle n’écrit pas.
Inévitablement déçue, elle ne peut résister au besoin de confier, fort bien d’ailleurs, ses chagrins, ses peines, ses désespoirs à cette partie d’elle-même qui s’est envolée. Un soir enfin, Floriane a admis que Rachel n’avait pas délibérément détruit le bonheur de sa sœur, mais que son tempérament entier l’avait poussée à vivre ce que vivait Floriane. À partir de cette intuition, le fil s’est peu à peu retissé entre les deux sœurs. Cette fois encore, Rachel appelle Floriane pour raccommoder l’ourlet décousu de son cœur insatisfait.
Seulement, aujourd’hui, Floriane est à bout de mots...
Cette page de papier noirci est vide de sens, démunie d’affection, sèche de compassion. Elle le sent si bien que d’un geste définitif, la lettre est froissée et jetée au panier.
Floriane réalise alors qu’elle n’a même pas eu le réflexe d’allumer...