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31/12/2010

BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2011

2010 VIT SES DERNIÈRES HEURES…

VIVE L'ANNÉE MORIBONDE, AVEC CE QU'ELLE A APPORTÉ DE JOIES ET D'ALÉAS!

OUBLIONS LES SOUCIS ET LES DÉSILLUSIONS…

QUE 2011 OUVRE À TOUS LES MEILLEURES PERSPECTIVES DE BONHEUR, D'ÉPANOUISSEMENT, DE SANTÉ À TOUTE ÉPREUVE, et j'en connais qui sont prêts à tenter le diable…

Un grand MERCI à toutes les petites souris qui passent et jettent un oeil sur mes gouttes d'humeur… Vos présences, relevées dans les stats me font chaud au coeur…

Et même si vous êtes là par hasard, prenez toutes mes pensées positives, ça ne peut que faire du bien…

Alors ce soir, amusez-vous, bambochez comme le coeur vous dit…

si vous êtes seuls, accordez-vous tendresse  et veillez sur vous, je suis certaine que vous le méritez!

À l'année prochaine… 

19/12/2010

Le moulin des contes

Nichée dans une ruelle minuscule, au sommet du centre historique d’Hyères, il faut bien chercher pour débusquer la librairie intitulée le moulin des contes.
  L’affaire n’a  pas été simple : frigorifiés,   nous avons erré une bonne demi-heure dans les ruelles glacées de la cité, que nous ne connaissions ni l’un ni l’autre. Même  le fidèle Tom Tom, héros de la technologie itinérante, n’avait pu nous mener  à bon port dans ce dédale de rues piétonnes. Il nous a donc fallu franchir un véritable labyrinthe  de rues étroites, pentues et serpentines, dessinant une spirale ascendante jusqu'au cœur de la vieille ville. Enfin  nous parvenons devant  la porte du lieu, où un mail de Catherine Brutinel nous avait conviés, en ce vendredi 17 décembre.  La  discrète rue du puits existe bel et bien, et nous y découvrons une  accueillante vitrine à l’ancienne, aux panneaux abondamment recouverts  de posters divers…

La porte franchie, nous sommes accueillis par le maître de céans, qui nous convie à nous fondre dans l’assemblée déjà réunie. La pièce où nous venons d’entrer paraît exiguë en regard du nombre d’invités qui bavardent entre les étals. Mon regard est  immédiatement attiré par les superbes marionnettes mises en scène sur toute la longueur du mur de droite… Deux ou trois alcôves ont été aménagées pour favoriser leur mise en valeur; leurs atours chatoyants, les faces maquillées des poupées de bois, les attitudes dans lesquelles elles ont été figées m’évoquent irrésistiblement le Marionnettentheater de Schönbrunn, découvert en septembre dernier.
Le centre de la pièce est occupé par de larges tables offrant aux visiteurs les couvertures aguichantes de livres, dont la plupart sont destinés à un public d’enfants. Je comprends pourquoi la seule personne capable de nous aiguiller un peu au cours de notre pérégrination était une jeune maman…

   Mais les contes de ce moulin ne s’adressent pas aux seuls enfants.
   Christian et Catherine Brutinel ont  à peine modifié cet  ancien moulin à huile, désireux d’en préserver les traces de vie antérieure, et tant pis pour la gêne relative occasionnée par une rigole creusée dans le pavement autour de la dalle de meulage.  Ainsi  aménagé, l’endroit semble hors du temps, et perd sa mine de commerce pour se métamorphoser en antre de la culture. D’ailleurs, je m’aperçois rapidement que d’incertaines piles de confitures voisinent aimablement avec des carnets de notes, des agendas aux couvertures régionales, des éditions de volumes qui n’apparaîtront jamais dans les rayons librairie des supermarchés. 

Éloigné des artères commerçantes de la ville, le couple a choisi d’offrir un centre de rencontre aux amoureux des livres et de la lecture, sans limite d’âge ou de centre d’intérêt, si ce n’est le désir de communiquer à l’unisson autour des mots, en échangeant des histoires et des mythes, en partageant le plaisir de la lecture avec ceux et celles qui rêvent d’écrire.


Depuis des années,   Christian et Catherine Brutinel consacrent leur énergie à la transmission des contes, ainsi qu'ils le définissent sur leur site au lien ci-dessous.
http://contes-actes83.monsite-orange.fr/index.html

 Soutenus notamment  par le parrainage du Lions club, ils ont en outre étendu cette noble ambition à l’association culturelle Lire à Hyères  aux objectifs  exposés sur la page d’accueil du site référencé ici :  http://lireahyeres.monsite-orange.fr/.
Parmi ces activités, l'annonce du concours annuel de nouvelles thématiques a semblé m' adresser un clin d’œil proprement irrésistible…



Au printemps dernier, je me suis donc  lancée dans l’aventure qui me tient à cœur depuis des lustres.
Lecteurs et lectrices anonymes mais fidèles,vous n’êtes pas sans avoir remarqué que de temps à autre, je publie sur ces pages  des textes fictionnels ou de menus poèmes plus ou moins sérieux. Sans ouvrir ici un bureau des plaintes, il est honnête de constater que mes petites histoires, plus ou moins fignolées, n’ont guère suscité d’échos.… Par  modestie, manque d’intérêt, ou indifférence totale de mes souris-lectrices, je ne sais, mais  face à un tel désert, immense est mon sentiment de solitude…
  À l’automne 2009, décidée à prendre mon destin en main, je vous contais comment j’avais résolu d’envoyer un premier texte au Hangar, site proposant  alors un challenge de nouvelles. Ma mésaventure, relatée alors ici : http://gouttesdo.hautetfort.com/archive/2009/12/20/mesave...
m’a tout de même permis d’entamer avec ce site communautaire un partage de notes de lecture qui se poursuit encore à ce jour, malgré les aléas des parcours de chacun… 

Mais l’idée était en germe et j’ai poursuivi ma démarche, jusqu’à débusquer cette occasion  radicale  de me frotter aux regards de lecteurs volontaires.  Sans me vanter ni me bercer d’illusions, j’ai donc adressé  en juin dernier à Lire à Hyères deux nouvelles peaufinées par mes soins.

 Cette démarche suppose la gestion d'une légitime impatience. Nos écrits voyagent,  et il faut accepter de les perdre de vue…  Silence accepté pendant tout l’été,   silence persistant en ce début d’automne.
 Indubitablement  convaincue que mes talents ne devaient pas être reconnus en ce bas et vil monde, j’ai fini par publier ici la seconde des nouvelles en jeux, La dauphine et le baby-foot *, en priant le ciel qu’un lecteur au moins manifeste un début d’intérêt… Las !
Jusqu’au 1er novembre dernier… Un mail cordial de Catherine Brutinel m’informait que ma nouvelle Retour**  était retenue pour la publication du recueil des prix 2010.  Je n’avais pas décroché de distinction particulière, mais un de mes textes serait dorénavant couché sur le papier … Un grand calme se fit en moi… Enfin !

 Est-ce dû au gène sceptique de mon caractère, avant de vous confier mes émotions, il me fallait être sûre et certaine  que je pourrais voir de mes yeux ces quelques lignes imprimées. C’est chose faite depuis vendredi, et mieux que ça… j’ai entendu deux ou trois petites notes célestes arpégeant  la poésie de mon écriture… Mais chut ! J’ai bien trop peur  qu’un manque brutal de modestie de ma part n’étouffe définitivement les flammèches à peine allumées  de la renommée…

Pour références et avec mes remerciements:

Éditions du Moulin des Contes

3bis rue du puits

83400 Hyères

 Tel 04 94 35 79 28

 

* http://gouttesdo.hautetfort.com/archive/2010/10/30/la-dau...

** http://gouttesdo.hautetfort.com/archive/2009/01/30/retour...

16/12/2010

Les pieds dans le plat…

- Eh alors, que devient Guss ? Fais nous parvenir des photos, raconte…

Certaines amies lectrices me pressent un peu d’affûter ma plume au sujet du petit nouveau.
C’est vrai qu’il est  arrivé depuis plus de dix jours maintenant, et qu’il a parfaitement intégré la maisonnée, même si, tout mignon et dégourdi qu’il se montre, certaines règles lui échappent encore.
Nous passons donc beaucoup de temps avec notre petit peuple, d’autant que la froidure générale n’encourage pas les activités extérieures.
Douillettement réfugiés dans la chaleur du logis, nos pensionnaires ne se font pas prier pour répartir léchouilles et caresses aux maîtres gâtissants.
Simone est venue mardi  faire   connaissance avec le nouveau venu. Très à l’aise avec son monde, Guss s’est montré amical et  n’a pas tardé à rafraîchir les joues de notre amie de langoureuses caresses humides prodiguées du plat de sa langue toute rose.
De son côté, Copain, bien circonspect au début, s’est accoutumé à la présence envahissante du camarade encore pataud.

Si, d’aventure vous nous questionnez, comme il est d’usage,   sur l’origine et les caractéristiques raciales de notre petit dernier, nous pouvons sans risque paraphraser un dialogue d’anthologie emprunté à Michel Audiart:
- Oh oui, il en a aussi

Même Lydie, notre véto préférée reste dubitative quand on lui récite les tendances énoncées par les maîtres d’origine :
- Ah… du Beauceron ? Peut-être mais alors juste pour la taille des pattes

Pour l’essentiel l’observateur retrouvera, comme dans un met  gastronomique élaboré, différents ingrédients habilement mêlés par Dame Nature et Sieur Hasard, mais dont l’ajustement présente encore quelques mises au point aléatoires et fortuites parfois très comiques.
  Son museau présente plutôt des ressemblances avec les Labrador communs du coin. Un regard regorgeant de tendresse,   deux rayures blanches comme des virgules de coquetterie sur le nez… Son pelage caramel roux joliment rehaussé de chaussettes blanches au bout des pattes, de même que l’extrémité de la queue, ce qui ne manque pas de l’intriguer quand il vient à surprendre dans son champ de vision le tressautement de ce membre qui le suit en permanence. S'il quémande des jeux auprès de Copain, allez savoir pourquoi ses appels du pied, …euh des pattes, évoquent  une caricature de pas de l'oie, détermination  et  raideur très  militaires!


 La semaine dernière, les oreilles accaparées en une intense conversation téléphonique avec ma Nouchette,   je m’étais postée en sentinelle   derrière les vitres du séjour, un œil vacant pour suivre les ébats du bout’chou sur la terrasse. Le voilà qui s’avise tout à coup du pompon blanc  au bout de sa queue, accompagnant ses sauts de cabri. Aussitôt, l’envie lui prend d’attraper l’insolent et qui sait, de lui faire passer cette envie de filature permanente… Il entame derechef une danse exotique du plus curieux effet, saut extension en rotation sur la droite, museau tendu vers l’objet qui frétille de plus belle… Une magnifique exhibition, triple et même quadruple  Lutz dirait Nelson Monfort… Peine perdue évidemment, sauf qu’à la quatrième rotation, ses dents accrochent par inadvertance le rabat de la nappe qui protège la desserte du Barbecue… Le morceau du revêtement arraché dans l’effort suit le mouvement de notre acrobate, qui perd aussitôt de fil de son combat : le voilà tout éberlué, un trophée inattendu dans la gueule… La maîtresse sort vite fait pour remettre de l’ordre et éviter qu’il retienne  ce sentiment de jouissance que procure le déchirement de tous les dispositifs installés au jardin… J’ai encore en mémoire les séances de remise à l’heure des pendules quand Copain jouait sa partition Déstrouctor
Notre pensionnaire grandit vite. GéO souhaitait un grand chien, à la silhouette assez imposante pour inciter les visiteurs importuns à la prudence, sans qu’il soit nécessaire de dresser notre compagnon à la garde. Si l’on en juge par la  rapidité de sa croissance, jointe à l’appétit dévorant qu’il manifeste… Les vœux du Maître seront comblés.
En matière de repas, Guss n’est pas du genre modéré… Son estomac semble sans fond, et d’ailleurs sa robe affiche quelques plis prévus pour un remplissage prompt. Regardez cette séquence de nettoyage d’une assiette… Il en fait vite le tour et aucun minuscule atome de sauce  n’échappe à son coup de langue …

 

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D’ailleurs, le harnais dont GéO l’avait équipé lui a servi de dessert une des nuits dernières : au matin, il ne subsistait de la lanière que quelques centimètres … Nous cherchons encore le reste, mais il y a de fortes chances pour que le cuir et les poinçons qui paraient le collier soient déjà digérés et retournés à la terre… Certains objets vont connaître d’ici peu un destin écourté… J’ai déjà vécu ça quelque part…

 

 

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12/12/2010

Ode de Noël

Si j’avais un talent,                                                                            
Un art solitaire et gratuit                                                                   
Je voudrais qu’il  soit celui                                                               
D'inventer des mots étonnants.                           

Des mots pour tout te  dire …                                                         
Des mots bout à bout qui touchent                                                 
Des mots gais qui n’écorchent pas                                                 
Des mots  assagis pour ouvrir                                                        
Tes yeux et ton sourire                                                                   
Des mots qui effacent                                                                     
Les vilaines traces                                                                          
Des blessures nées d’escarmouches.                                            

 Lors, il suffirait que mon talent                                                       
Sache accrocher ces belles pépites                                              
Sous la voûte du ciel,  au sommet des sapins.                              
Ces guirlandes de mots chanteraient                                             
Le plaisir des menues fêtes quotidiennes,                                     
La  félicité d’ échanges sans contraintes,                                      
Elles enchanteraient nos étreintes.                                                
Elles pareraient nos vies d’étoiles insolites.                                   


Si j’avais le talent d’un poète                                                          
Le don prodigieux d’embraser la planète                                       
De phrases réjouissantes et vives                                                 
Tu t’émerveillerais  des Noëls qui arrivent…                                  



Si j’avais ce talent                                                                            
Je t’habillerais aux couleurs de  mes rêves                                     
Tu vivrais dans cet éternel ravissement                                           
Ton avenir gravé  d’une unique trêve.                                              

05/12/2010

Adoption

Persuadé que notre Copain ne saurait couler des jours vraiment heureux en solitaire, GéO s’est mis en tête de lui offrir un compagnon de jeux, un frère de soupe, un ami en somme apte à partager l’affection intarissable qui le lie aux hôtes de la maisonnée.

Les propositions n’ont pas manqué.
Fait marquant, les propriétaires de chiens et chiennes de la région semblent tous motivés par la reproduction de leurs fidèles amis à quatre pattes… Chiots de race ou chiots d’occase,  ceux à l’origine mâtinée de bergères d’ici et de gardiens des temples d’ailleurs; tel est d’ailleurs notre Copain. Ce dont nous ne saurions nous plaindre puisqu’il reste décidément un  compagnon très  câlin… Ses grosses bises quotidiennes,   ses embrassements spontanés peuvent surprendre parfois, mais il arrache à chaque nouvelle  rencontre les mêmes  commentaires amusés au sujet de ses débordements.  Il a suffi dès lors d’un jardinier tailleur de haie, amoureux des canidés, lui-même hôte débordé par son Cerbère et franchement désireux de répartir à la cantonade les fruits des amours de son molosse et de la chienne de son amie… Petite histoire de famille, comme on le pressent bien.
Ainsi est échu Guss à notre maisonnée.
D’une portée de quatre ou cinq chiots, ce petit bout de chou beige au museau rayé de blanc a su nous étonner lorsque nous sommes allés choisir le futur complice de Copain.
http://gouttesdo.hautetfort.com/trackback/3005215


Le grand jour de l’adoption a enfin sonné.
Hier après-midi, Guss est  arrivé sur les basques de ses maîtres  d’origine.
Les présentations se sont déroulées dans notre cuisine, où nous avions résolu le passage de témoin autour d’une pause-café pour atténuer la transition. Sous nos quatre paires d’yeux attentifs, le nouveau venu,   tremblant et couinant, s’est vite révélé assez curieux pour fureter en élargissant progressivement les cercles de ses pérégrinations.

Il en est un cependant qui n’a guère goûté la nouveauté.
Alors qu’il se montre habituellement familier et confiant, notre Copain ne s’est pas présenté à son avantage… Loin d’accueillir amicalement l’intrus, l’occupant des lieux s’est détourné, a reculé dès la première tentative de contact olfactif, s’est réfugié humblement derrière le rempart humain, abandonnant  sans fierté son coussin à l’exploration du visiteur. Du moins espérait-il sans doute que ce bambin importun ne ferait que passer…

L’affaire ne s’est guère arrangée après le départ des anciens maîtres. À nos tentatives de familiarisation, Copain a fini par répondre en émettant un léger roulement de gorge, protestation discrète mais indéniable. Il a fallu tout notre art consommé et le reste de la journée pour tenter d’organiser une cohabitation plus conviviale… Visite rapide du jardin malgré la nuit tombée,  détour par le bureau et ses tapis d’accueil, retour à la case repas… Rien n’y a fait, à l’heure de notre dîner, nous en étions encore aux positions d’observation réciproque sans aménité: couinement récurrent sous la table à l’abri des pieds de chaises, silence réprobateur de la sentinelle noiraude, promptement ponctué d’avertissement grondeur en réponse à toutes tentatives d’approche… La soirée s’annonçait lourde …

 

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Finalement, nous nous sommes convaincus que l’affaire s’arrangerait mieux si nous affections une apparente indifférence. Nous avons donc réintégré nos quartiers habituels, et le statu quo s’est installé sur la forme du chacun dans son coin, celui de Copain restant bien entendu l’accès au salon en barrant la porte…

D’un point de vue ménager, je ne tairais pas ma petite  préoccupation concernant les besoins de notre nouvel hôte… L’idée d’étaler les journaux dans la cuisine  ne me  tente guère, il me semble que c’est une manière d’accepter déjections et urine dans une pièce dont l’usage principal reste la préparation de la nourriture… Beurk!!!
D’un autre côté, Guss n’a pas été préparé à demander à sortir… Résultat,  quand  GéO a organisé la sortie-pipi-entre-hommes avant le coucher, Guss, qui n'est point sot,  a réussi un aller-retour rapide pour revenir se soulager sous la table de la cuisine, avant de rejoindre innocemment la bande des aînés, histoire de  humer les odeurs nocturnes en plantant son regard dans les étoiles …

 


 C’est peut-être ça qui motive mon humeur ménagère, armée de mon balai serpillière, j’envisage mes petits matins à venir comme la montée obstinée à l’assaut du pipi répandu…

Ô joie de l’adoption !

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N’empêche, il est drôlement mignon quand même…

 

03/12/2010

Un cri dans la forêt… des éditeurs

Petit retour à la destination première de ces gouttesd’o,  petites notes plus ou moins anodines qui s’écoulent à mon gré  depuis un peu plus de  3 ans maintenant. Initialement, gouttesd’o est né pour concrétiser un besoin d’échange au sujet de mes découvertes littéraires.  Lectrice  impénitente je suis, et même si j’ai choisi de présenter majoritairement mes notes de lecture en marge, ce qui vous prive de commentaires*, il se trouve que certaines oeuvres posent question et nécessitent l’ouverture de débats.


Au printemps dernier,   j’ai rencontré un écrivain local qui vendait ces œuvres  dans un lieu inhabituel : la cave Saint Jean, l’une des nombreuses caves dont s’honore notre petite cité viticole. Ce n’est d’ailleurs  pas la première fois que je rencontre, au détour des commerces les plus divers, des écrivains édités à compte d’auteur, et je me sens mal à l’aise en face de ces créateurs obligés d’endosser le rôle de commercial. Par empathie autant que par curiosité, j’ai donc acheté à Pierre Bertho les deux volumes  de sa saga  J’en fais le serment suivi d’Un cri dans la forêt.  La quatrième de couverture et un  petit entretien  sympathique avec l’auteur m’avait permis d’entrevoir une lecture d’été, agréable et légère, accordée à la période estivale imminente, période durant laquelle nous allions être  moins concentrés en raison des partages avec nos invités.

En brodant son intrigue sur le thème de la descendance supposée de Marie- Madeleine, Pierre Bertho s’appuie sur un moteur d’intrigue déjà connu.  On pourrait lui reprocher cette facilité, mais puisqu’il implante son histoire à Saint Maximin la Sainte Baume et dans le massif  éponyme qui lui fait face, comment ne pas trouver naturelle sa démarche ? La fameuse grotte qui servit d’ermitage à la Sainte femme appartient au patrimoine de la région et son intérêt n’est certes pas seulement touristique. Au- delà de la survivance du rite  dans le site, l’hôtellerie  de la Sainte Baume, animée par les frères Dominicains s’inscrit comme un lieu de réflexion théologique et spirituelle recherché.  Toutefois Pierre Bertho préfère de loin tricoter son énigme à partir de la légende, ou plutôt des  légendes  bâties autour de  l’Histoire du catholicisme et de ses dérives. On y retrouve les mêmes ingrédients que dans le fameux Da Vinci Code, et nul lecteur ne peut prétendre ne pas l’avoir vu venir.  Ouvrir le roman revient à accepter d’emblée le genre et tant pis pour les redites.


Au fil des deux tomes, nous suivons les investigations contrariées du personnage principal, Pierre Soubeyran, qui reprend contact accidentellement avec son cercle familial après une absence  volontaire de plusieurs décennies. Le temps passé n’a pas effacé l’amour qu’il éprouvait alors pour sa voisine, Madeleine, devenue après sa fuite  inexpliquée la femme de  son propre frère.  Rapidement veuve, Madeleine a élevé  sa fille Marie Sarah, entourée de sa mère et son beau-père, alliant les deux exploitations viticoles. Ses retrouvailles avec Madeleine se réalisent d’abord grâce à Marie- Sarah, jeune femme volontaire et aventureuse. Mais en renouant  avec l’entourage de ses jeunes années, Pierre perçoit rapidement une terrible ambiguïté dans ses rapports avec les anciens amis. Chaleureusement accueilli, il lui est cependant difficile de se réconcilier sans éclaircir les points de litiges anciens qui l’ont heurté jadis. Des événements brutaux, enlèvement,   agressions violentes, effractions, serviront peu à peu de verrous ouvrant les portes d’énigmes  de plus en plus oppressantes … Comme toujours quand on aborde le résumé d’un roman de ce genre, il n’y a aucun intérêt à dresser le tableau des divers éléments de l’intrigue. Si vous êtes tentés, sachez simplement que vous entrez dans un univers ésotérique où les survivants de lointaines confréries poursuivent sans relâche, mais avec une férocité toujours vivace des idéaux oubliés…

Amateurs d’énigmes occultes, vous pouvez consacrer sans remords quelques soirées de cet hiver précoce à la famille Soubeyran et notre belle région de Provence Verte…

En réalité, je me suis bien amusée à suivre les personnages de Pierre Bertho dans les lieux qui constituent mon cadre de vie. Sous l’identité des  différents protagonistes, le roman offre des éléments qui relient les personnages à leurs doubles de chair, au moins dans leur fonction, leur habitat, les paysages parcourus. A cet égard, le personnage d’Amandine, dernière ermite de la forêt de la sainte Baume offre l’occasion de pénétrer  dans ce sombre et majestueux massif .  Reconnaître ces sentiers et y calquer les événements romanesques constitue un plaisir particulier,    mais pas indispensable : il n’est pas nécessaire d’être parisien pour suivre les Malaussène dans le vingtième arrondissement  de Pennac, ou d’être New Yorkais pour s’intéresser aux  angoisses des personnages de Paul Auster. 


Le point qui cependant me chiffonne n’est pas lié à l’aspect romanesque de l’ouvrage. Je reconnais qu’il est même tout à fait sympathique que l’auteur, ancien membre de la police scientifique, utilise ses connaissances pour nouer  ses intrigues et  promener ses lecteurs dans le champ des indices vraisemblables…Avant de les rouler dans la farine du fantasme.

 Cependant, pour être tout à fait honnête, il m’est  arrivé  d’éprouver une réelle gêne au cours de ma lecture, sans rapport avec  la nature de l’histoire, vous l’avez compris: le sentiment d'un embarras éprouvé au détour d’une phrase,  à tel point qu’il m’est arrivé de lire à nouveau le passage pour m’en assurer, et m’en désoler. Écrire est un travail véritable, lent,  solitaire et rigoureux, dévorant, demandant à son auteur une concentration énorme, relative au sens de son histoire, à la construction psychologique et physique des personnages, à la menée des moments clés qui bâtissent le suspense, au choix des mots, à la qualité des descriptions,   à la tournure de la syntaxe utilisée.  Mais quiconque a déjà un peu écrit, je veux dire s’est impliqué dans la transcription d’idées ou de fantasmagories, sait qu’il faut se lire, se relire et faire relire sans concessions à d’autres, des témoins qui traquent les erreurs, cernent les maladresses, soumettent  la nécessité de modification … Cette lecture  critique préalable, qui requiert la confiance de l’auteur,   c’est  en bout de course le travail de l’éditeur.

Or,   pour étayer mon reproche  je me bornerai à ne citer que deux exemples, relevés au cours de ma lecture, et qui m’ont désagréablement impressionnée: Page 18 d’Un cri dans la nuit, cette déformation inopportune du passé simple :
«  Une énorme dalle plate servant de porte n’offra que peu de résistance… »
Page 207 du même ouvrage, mes yeux refusent la construction  ci-dessous :
«  Profitant de placer un plat sur la table, elle posa une main… »
Sans aucun désir d’accabler l’auteur, il me paraît honnête de souligner ce défaut, que le travail  d’édition aurait dû corriger. Mais leur occurrence tout au long des pages de ces deux livres finit par gâcher le plaisir de lire…  Je ne lis plus pour corriger et « faire ma prof’ , même s’il m’est arrivé aussi de relever des coquilles  dans certains ouvrages édités par des maisons incontournables. 


Les deux ouvrages de Pierre Bertho sont édités par les éditions AMLO. Impossible de trouver les références de cette maison, sur le Net. Dommage…
Voilà une mésaventure dont l’auteur, et avec lui tout écrivain, se passerait volontiers, j’imagine, en dehors de l’obligation de se muer en camelot. Rappelons quand même que l’édition à compte d’auteur revient fort cher à celui qui ne voit que ce moyen pour transmettre ses créations. Si au moins la qualité de l’impression lui était assurée …

 

 

J'en fais le serment520.jpg

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* À ce sujet le manque de commentaires m’a poussé à redoubler les publications de mes notes sur   http://odelectures.canalblog.com/  où vous êtes toujours les bienvenus, même s’il en manque toujours beaucoup…

Et si le coeur vous en dit, Pierre Bertho tient son propre site, pratrique pour vous procurer ses divers ouvrages: http://pierre.bertho.free.fr