16/12/2010
Les pieds dans le plat…
- Eh alors, que devient Guss ? Fais nous parvenir des photos, raconte…
Certaines amies lectrices me pressent un peu d’affûter ma plume au sujet du petit nouveau.
C’est vrai qu’il est arrivé depuis plus de dix jours maintenant, et qu’il a parfaitement intégré la maisonnée, même si, tout mignon et dégourdi qu’il se montre, certaines règles lui échappent encore.
Nous passons donc beaucoup de temps avec notre petit peuple, d’autant que la froidure générale n’encourage pas les activités extérieures.
Douillettement réfugiés dans la chaleur du logis, nos pensionnaires ne se font pas prier pour répartir léchouilles et caresses aux maîtres gâtissants.
Simone est venue mardi faire connaissance avec le nouveau venu. Très à l’aise avec son monde, Guss s’est montré amical et n’a pas tardé à rafraîchir les joues de notre amie de langoureuses caresses humides prodiguées du plat de sa langue toute rose.
De son côté, Copain, bien circonspect au début, s’est accoutumé à la présence envahissante du camarade encore pataud.
Si, d’aventure vous nous questionnez, comme il est d’usage, sur l’origine et les caractéristiques raciales de notre petit dernier, nous pouvons sans risque paraphraser un dialogue d’anthologie emprunté à Michel Audiart:
- Oh oui, il en a aussi …
Même Lydie, notre véto préférée reste dubitative quand on lui récite les tendances énoncées par les maîtres d’origine :
- Ah… du Beauceron ? Peut-être mais alors juste pour la taille des pattes …
Pour l’essentiel l’observateur retrouvera, comme dans un met gastronomique élaboré, différents ingrédients habilement mêlés par Dame Nature et Sieur Hasard, mais dont l’ajustement présente encore quelques mises au point aléatoires et fortuites parfois très comiques.
Son museau présente plutôt des ressemblances avec les Labrador communs du coin. Un regard regorgeant de tendresse, deux rayures blanches comme des virgules de coquetterie sur le nez… Son pelage caramel roux joliment rehaussé de chaussettes blanches au bout des pattes, de même que l’extrémité de la queue, ce qui ne manque pas de l’intriguer quand il vient à surprendre dans son champ de vision le tressautement de ce membre qui le suit en permanence. S'il quémande des jeux auprès de Copain, allez savoir pourquoi ses appels du pied, …euh des pattes, évoquent une caricature de pas de l'oie, détermination et raideur très militaires!
La semaine dernière, les oreilles accaparées en une intense conversation téléphonique avec ma Nouchette, je m’étais postée en sentinelle derrière les vitres du séjour, un œil vacant pour suivre les ébats du bout’chou sur la terrasse. Le voilà qui s’avise tout à coup du pompon blanc au bout de sa queue, accompagnant ses sauts de cabri. Aussitôt, l’envie lui prend d’attraper l’insolent et qui sait, de lui faire passer cette envie de filature permanente… Il entame derechef une danse exotique du plus curieux effet, saut extension en rotation sur la droite, museau tendu vers l’objet qui frétille de plus belle… Une magnifique exhibition, triple et même quadruple Lutz dirait Nelson Monfort… Peine perdue évidemment, sauf qu’à la quatrième rotation, ses dents accrochent par inadvertance le rabat de la nappe qui protège la desserte du Barbecue… Le morceau du revêtement arraché dans l’effort suit le mouvement de notre acrobate, qui perd aussitôt de fil de son combat : le voilà tout éberlué, un trophée inattendu dans la gueule… La maîtresse sort vite fait pour remettre de l’ordre et éviter qu’il retienne ce sentiment de jouissance que procure le déchirement de tous les dispositifs installés au jardin… J’ai encore en mémoire les séances de remise à l’heure des pendules quand Copain jouait sa partition Déstrouctor…
Notre pensionnaire grandit vite. GéO souhaitait un grand chien, à la silhouette assez imposante pour inciter les visiteurs importuns à la prudence, sans qu’il soit nécessaire de dresser notre compagnon à la garde. Si l’on en juge par la rapidité de sa croissance, jointe à l’appétit dévorant qu’il manifeste… Les vœux du Maître seront comblés.
En matière de repas, Guss n’est pas du genre modéré… Son estomac semble sans fond, et d’ailleurs sa robe affiche quelques plis prévus pour un remplissage prompt. Regardez cette séquence de nettoyage d’une assiette… Il en fait vite le tour et aucun minuscule atome de sauce n’échappe à son coup de langue …
D’ailleurs, le harnais dont GéO l’avait équipé lui a servi de dessert une des nuits dernières : au matin, il ne subsistait de la lanière que quelques centimètres … Nous cherchons encore le reste, mais il y a de fortes chances pour que le cuir et les poinçons qui paraient le collier soient déjà digérés et retournés à la terre… Certains objets vont connaître d’ici peu un destin écourté… J’ai déjà vécu ça quelque part…
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05/12/2010
Adoption
Persuadé que notre Copain ne saurait couler des jours vraiment heureux en solitaire, GéO s’est mis en tête de lui offrir un compagnon de jeux, un frère de soupe, un ami en somme apte à partager l’affection intarissable qui le lie aux hôtes de la maisonnée.
Les propositions n’ont pas manqué.
Fait marquant, les propriétaires de chiens et chiennes de la région semblent tous motivés par la reproduction de leurs fidèles amis à quatre pattes… Chiots de race ou chiots d’occase, ceux à l’origine mâtinée de bergères d’ici et de gardiens des temples d’ailleurs; tel est d’ailleurs notre Copain. Ce dont nous ne saurions nous plaindre puisqu’il reste décidément un compagnon très câlin… Ses grosses bises quotidiennes, ses embrassements spontanés peuvent surprendre parfois, mais il arrache à chaque nouvelle rencontre les mêmes commentaires amusés au sujet de ses débordements. Il a suffi dès lors d’un jardinier tailleur de haie, amoureux des canidés, lui-même hôte débordé par son Cerbère et franchement désireux de répartir à la cantonade les fruits des amours de son molosse et de la chienne de son amie… Petite histoire de famille, comme on le pressent bien.
Ainsi est échu Guss à notre maisonnée.
D’une portée de quatre ou cinq chiots, ce petit bout de chou beige au museau rayé de blanc a su nous étonner lorsque nous sommes allés choisir le futur complice de Copain.
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Le grand jour de l’adoption a enfin sonné.
Hier après-midi, Guss est arrivé sur les basques de ses maîtres d’origine.
Les présentations se sont déroulées dans notre cuisine, où nous avions résolu le passage de témoin autour d’une pause-café pour atténuer la transition. Sous nos quatre paires d’yeux attentifs, le nouveau venu, tremblant et couinant, s’est vite révélé assez curieux pour fureter en élargissant progressivement les cercles de ses pérégrinations.
Il en est un cependant qui n’a guère goûté la nouveauté.
Alors qu’il se montre habituellement familier et confiant, notre Copain ne s’est pas présenté à son avantage… Loin d’accueillir amicalement l’intrus, l’occupant des lieux s’est détourné, a reculé dès la première tentative de contact olfactif, s’est réfugié humblement derrière le rempart humain, abandonnant sans fierté son coussin à l’exploration du visiteur. Du moins espérait-il sans doute que ce bambin importun ne ferait que passer…
L’affaire ne s’est guère arrangée après le départ des anciens maîtres. À nos tentatives de familiarisation, Copain a fini par répondre en émettant un léger roulement de gorge, protestation discrète mais indéniable. Il a fallu tout notre art consommé et le reste de la journée pour tenter d’organiser une cohabitation plus conviviale… Visite rapide du jardin malgré la nuit tombée, détour par le bureau et ses tapis d’accueil, retour à la case repas… Rien n’y a fait, à l’heure de notre dîner, nous en étions encore aux positions d’observation réciproque sans aménité: couinement récurrent sous la table à l’abri des pieds de chaises, silence réprobateur de la sentinelle noiraude, promptement ponctué d’avertissement grondeur en réponse à toutes tentatives d’approche… La soirée s’annonçait lourde …
Finalement, nous nous sommes convaincus que l’affaire s’arrangerait mieux si nous affections une apparente indifférence. Nous avons donc réintégré nos quartiers habituels, et le statu quo s’est installé sur la forme du chacun dans son coin, celui de Copain restant bien entendu l’accès au salon en barrant la porte…
D’un point de vue ménager, je ne tairais pas ma petite préoccupation concernant les besoins de notre nouvel hôte… L’idée d’étaler les journaux dans la cuisine ne me tente guère, il me semble que c’est une manière d’accepter déjections et urine dans une pièce dont l’usage principal reste la préparation de la nourriture… Beurk!!!
D’un autre côté, Guss n’a pas été préparé à demander à sortir… Résultat, quand GéO a organisé la sortie-pipi-entre-hommes avant le coucher, Guss, qui n'est point sot, a réussi un aller-retour rapide pour revenir se soulager sous la table de la cuisine, avant de rejoindre innocemment la bande des aînés, histoire de humer les odeurs nocturnes en plantant son regard dans les étoiles …
C’est peut-être ça qui motive mon humeur ménagère, armée de mon balai serpillière, j’envisage mes petits matins à venir comme la montée obstinée à l’assaut du pipi répandu…
Ô joie de l’adoption !
N’empêche, il est drôlement mignon quand même…
19:16 Publié dans Blog, goutte à goutte, O de joie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : adoption, chiots, famille, journal, écriture, récit | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer