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22/02/2010

Lecture passion et lecture partage

Début janvier, je vous faisais part des perspectives de collaboration sur le site  Le Hangar.

Question indiscrète: êtes-vous allés voir là-bas comme ça marche bien? Oh pas à cause de moi, bêtas que vous êtes, à vouloir me faire rougir ainsi… Non, le site est dynamique et fécond grâce à l'équipe réunie autour d'Hazel et de Novembre, les co-fondateurs. Ils ont fédéré une belle équipe de rapporteurs actifs dont les sujets se révèlent variés. Si les notes de lecture prédominent largement, vous pouvez découvrir des articles de fond sur les arts musicaux, graphiques et photographiques…Et cerise sur le gâteau, à l'heure où les poncifs sur la lecture et les jeunes ont entériné  les classiques  inaccessibles à la jeunesse, vous prendrez une bolée de littérature  comme au bon vieux temps en visitant le Hangar: Villiers de l'Isle-Adam, Maupassant, Mauriac et  Aragon, mais aussi des poètes  moins fréquents comme Mahammed Kaïr-Eddine. Les sujets sont ouverts à toutes formes et tous types d'expressions …

 

Et puisque le sujet de ce soir me porte à parler plaisir de lire, avez-vous remarqué le lien avec Lecture/Ecriture ?

Ce site est incroyablement fourni en fiches de lecture, en auteurs, en textes. Depuis janvier, Sibylline a la gentillesse d'y héberger aussi quelques-unes de mes fiches, mais n'hésitez pas à aller y jeter un oeil: le nombre de références est quasiment illimité. Et les fiches des lecteurs-lectrices sérieuses et documentées. Un guide incontournable pour choisir…

 

11/02/2010

Mandela et Invictus

11 février 1990 - 11 février 2010: Encore un anniversaire, encore un coup de promotion pour un événement que nous avons déjà oublié! Parmi les dates symboliques que l’Histoire nous demande de retenir,   le  hasard d’une soirée cinéma permet de mettre en lumière un événement que nos mémoires ne devraient pas laisser dans l’ombre. Un homme  est parvenu à faire bouger les lignes du racisme, et même sans sombrer dans l’hagiographie, il est bon de regarder, plutôt deux fois qu’une, les histoires qui  remontent le moral et corrigent l’habituelle attirance pour les erreurs et les drames humains.

Il y a tout juste vingt ans, Rolihlahla « Nelson » Mandela sortait de prison.

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Après Mystic River (2003), Million dollars Baby ( 2004), Gran Torino (2008), nous sommes allés voir le dernier opus de Clint Eastwood, Invictus.

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Cette fois, le réalisateur s’intéresse à un mythe, heureusement toujours vivant. Et il a bien raison.
En se reportant à la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, il oppose dans un saisissant face à face des gosses noirs du township qui s’égaient avec un ballon de foot sur un terrain vague pelé aux joueurs de rugby, tous blancs, entraînés par un coach rugueux et plein de morgue, sur la pelouse qui s’étale de l’autre côté de la route. Le temps du passage du convoi, les joueurs des deux sports s’arrêtent et se font face, séparés par les deux minces grillages et la chaussée en guise de no man’s land.

Cette séquence suffit à introduire le fond du problème.

Quatre  ans plus tard, Nelson Mandela est élu Président de l’Afrique du Sud, en remplacement du conservateur  Frederick de Klerk.  La population noire exulte dans tous les foyers des bidonvilles; dans leurs belles villas, les blancs  se résignent en se raidissant, prêts à reprendre au plus vite les rênes d’un Pays dont ils prédisent l’Apocalypse.
Exemple personnalisé par  la famille  de François Pienaar, le capitaine de l’équipe nationale de rugby, les Springboks, qui sont loin de se présenter au mieux de leur forme.
De l’autre côté, nous découvrons en suivant ses deux gardes du corps, un président nouvellement élu, sportif et volontaire, sans peur et sans reproche, prêt à investir ses nouvelles  fonctions.
Dans ce  pays écartelé par la haine raciale, les années d’injustice et de ségrégation, la peur des vengeances et le désir de revanche, comment un homme déjà vieillissant, fatigué par des années de prison et de mauvais traitements,   va-t-il parvenir à mener son projet au-dessus des rancoeurs pour  créer un sentiment d’unité nationale ?

Le mythe Mandela, c’est  l’homme qui, dès 1944, a tenté d’appliquer les méthodes de Gandhi, l’apôtre de la non-violence. Les faits d’armes, Mandela en a tant souffert. Vingt-sept années de prison auraient dû le broyer à jamais. Or le génie de cet homme, par ailleurs cultivé et juriste de formation, est d’avoir observé ses geôliers en apprenant à réfréner sa haine pour les comprendre. Il a réalisé  justement, qu’on obtient plus d’un homme en lui transmettant l’image de la reconnaissance  de ses qualités qu’en lui opposant sa haine, fut-elle juste. Parce que le mandat de Mandela coïncide avec la saison de rugby,   le sport préféré des Afrikaners déçus, et que son entourage clanique refuse de s’y intéresser, le nouvel homme d’état repense le problème de l’intégration à l’envers. Ce ne sont plus les noirs démunis qu’il faut séduire et convaincre à l’effort national. Ce sont les descendants des Boers, les blancs récemment dépossédés du pouvoir et repliés sur leurs craintes qu’il décide de ramener aux intérêts communs. Comment ? En partant du cas particulier pour extrapoler sur la nation. La coupe du monde prévue de longue date doit justement se dérouler en Afrique du Sud et offre au génie politique de Mandela une occasion extraordinaire de fédérer le peuple autour d’un même élan.

L’idée est intéressante. Le talent de Clint Eastwood est à la hauteur de l’enjeu. Il ne s’agit pas de dresser un portrait hagiographique de l’homme, même si l’on sent bien que l’ex dirty Harry tient à défendre les valeurs de droiture, courage et virilité, comme dans tous les films qui composent son œuvre. Mais parfois les idées simples sont porteuses d’idéaux régénérateurs et cela fait du bien. D’autant que le réalisateur sait instiller quelques remarques  rapides et subtiles pour indiquer qu’il ne cherche pas à sanctifier son personnage : ses démêlés familiaux sont évoqués et non explicités. Quelques images brèves suffisent à évoquer un dilemme non résolu avec sa famille, un  non-dit suffisant pour admettre que l’homme porte des zones d’ombre intimes, mais que le propos ne s’y arrêtera pas. En revanche, si comme GéO, vous êtes amateurs de rugby, vous serez bluffés par les images de match qui projettent le spectateur directement sur la pelouse, sous la mêlée, dans le pack… Je n’en sors pas plus à jour avec les règles compliquées de ce sport, mais j’ai admiré réellement cette façon de filmer au plus près l’action.

Mention doit être faite du jeu et de la présence de Morgan Freeman, dont le talent ne cesse de m’épater à travers sa filmographie flamboyante. Sans maquillage extravagant, l’acteur a modifié sa stature et sa démarche, de telle sorte qu’il m’est arrivé de penser :
- Mais c’est le vrai ?
D’autant qu’habilement quelques images du véritable Mandela apparaissent en début et toute fin du film…

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Matt Damon y compose également un François Pienaar dépassé par la médiocrité ambiante, qui saura écouter et reprendre à son compte les conseils reçus, avant de communiquer enfin à son équipe l’élan vital pour changer l’ordre des choses.
Alors se pose l’inévitable question :  peut-on produire de grandes œuvres avec de bons sentiments ? Ce sujet  récurent  qui a troublé tant de lycéens pourrait être illustré par ce film. Certes, ce n’est pas le chef d’œuvre définitif du cinéma, l’équivalent d’un Cimino ou d’un Coppola,   mais Invictus a le mérite de déverser dans nos salles une grande bouffée d’idéalisme dont le monde actuel a bien besoin.  Conseil pour illuminer vos soirées de déprime préélectorale* : Courrez donc éblouir vos pupilles du message d’intelligence politique et humaine que l’ami Clint vous a concocté.

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* Eh oui, il va bien falloir y re-aller, aux urnes, et vous voyez beaucoup, vous, de Super Héros tout propres sur eux à propulser dans nos Conseils Régionaux ???

02/02/2010

ΩCÉANS…

Voilà un moment que je n’ai partagé avec vous nos découvertes cinématographiques.
Comme beaucoup en décembre, nous avons été émerveillés par Avatar, mais le succès du film est tel que je n’ai éprouvé aucune urgence à vous encourager, vous faites probablement déjà partis et de loin de ceux qui se sont rendu à la grâce des créatures de James Cameron.

Ce lundi, nous avons plutôt choisi de partir admirer d’autres bêtes, toutes aussi superbes, mais nettement moins virtuelles : nous sommes allés visionner le film de Jacques Perrin et Jacques  Cluzeau : ΩCÉANS.


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En réponse à notre attente, les images sont extraordinaires, émouvantes, étonnantes. La bande-annonce tient ses promesses… Le commentaire, très sobre, porté par la voix de Jacques Perrin, exprime simplement les intentions des réalisateurs :  en rappelant que l’ΩCÉAN reste le berceau de la Vie, les deux Jacques nous  convient à nous émerveiller des multiples formes que revêt l’aventure vitale : le film s’ouvre sur les varans des Galapagos, et nous embarque autour du globe dans une collecte d’images infinie.  Toutefois, le message ne se cantonne pas à une exploration béate : à travers le regard étonné et intrigué d’un enfant, (Lancelot Perrin), nous sommes amenés à considérer longuement la masse mouvante de la mer. Ce mouvement incessant s’amplifie de séquences consacrées à la force des vagues, à la montée tempétueuse des flots, en pleine mer, sur les rivages côtiers de falaises heurtées par un ressac  tumultueux, sur les creux démesurés qu’affrontent les bateaux de pêche et de secours… Nous pénétrons alors avec l’œil de la caméra sous la surface, pour jouir d’images tour à tour agitées ou apaisées de dauphins, de Dugong, d’otaries, léopard des mers,   espèces rares ou animaux mythiques, dont les images s’enchevêtrent sans liens… Des Calamars géants nous passons aux boules de chinchards sans logique apparente, si ce n’est le fil conducteur rappelé discrètement de temps à autre : la nature est maîtresse de l’organisation de la Vie, elle ne connaît ni conscience ni cruauté autres que la nécessité de maintenir sa propre existence, équilibre précaire qui joue depuis des millions d’années, bien avant l’apparition de l’homme… Inévitablement, la troisième partie du film nous confronte à l’action de l’Homme, des déchets humains constituant de véritables îles d’ordures larguées partout sur nos rivages et pis encore, jusqu’au fond des abysses, dans les coins les plus reculés, où des créatures quasi inconnues n’ont jamais  vu l’homme, mais côtoient les déchets de sacs plastique, poussés là par le hasard des courants.
L’œuvre est poétique, le regard se veut plus réaliste. La leçon écologiste s’inscrit de fait, parce qu’il n’y a plus moyen d’être aveugle.
Néanmoins, nous sommes sortis de la salle un tantinet désarçonnés : cette suite d’images merveilleuses récoltées aux quatre coins de la planète pourraient être un peu plus explicite. Le spectateur moyen ne peut résister à l’envie de recaler les espèces découvertes avec un minimum de renseignements géographiques auxquels les prédécesseurs de J Perrin et J Cluzeau  nous ont habitués : les films de Cousteau, les documentaires du National Géographic, les  films diffusés par la Cinq et Odyssée… Bref, en sortant de la séance, chacun se jette sur son atlas, son quid, Internet… Et justement, j’ai trouvé le site suivant :
http://oceans-lefilm.com/ qui vous permettra je l’espère de répondre à toutes ces questions : par exemple la première  interrogation qui nous a titillé durant notre dîner au retour : quelles différences entre lamantin et dugong ? Allez, un petit effort, vous gagnerez le droit de revoir les images…

http://www.futura-sciences.com/galerie_photos

 

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