23/11/2008
Marseille s'émerveille
Chapelle de la Vieille Charité, dans son écrin d'arcades , élaborée au XVII ème siècle par Pierre Puget, rappel de l'épisode précédent…
Mais Marseille, dorée dans le couchant, cité langoureusement étirée sur la langue côtière, est d’abord protégée du pays par un cirque de collines calcaires, à la blancheur éclatante, à la végétation rare. Elle apparaît ici au sein du nid que lui ont ménagé les chaînes qui tombent dans la mer, de Sormiou à Cassis à l’est, de l’Estaque à Carry à l’ouest, elle offre aux promeneurs une balade en forme de montagnes russes. Des contreforts du fort Saint jean, nous pensons embrasser Notre dame de La Garde en enjambant le vieux Port.
Il y a quelques temps, Marseille la coquette a entrepris sa toilette.
Le projet Euroméditerranée, gigantesque plan d’aménagement se décline depuis plusieurs années, et l’avancement de ses chantiers a certainement joué dans la désignation de Marseille comme capitale européenne de la culture pour 2013. Nous sommes admiratifs de la qualité de réhabilitation des bâtiments qui abritaient les anciens entrepôts de la Joliette. Devenus immeubles de bureaux, ils offrent un décor raffiné de briques, pierres et bois, des patios rafraîchis par de petits bassins intérieurs desservent les accès aux différents espaces, les lourdes portes anciennes ont conservé leurs impostes en sentinelles fidèles, même si de discrètes parois de verre sécurisent les accès.
Au cours des trois dernières décennies du XXème siècle, qui n’a parfois déploré les infrastructures routières ensevelissant les bâtiments riverains sous les bretelles successives ? Ces « périphériques » se croisent, se poursuivent sur plusieurs niveaux, s’entrecroisent au milieu de nœuds routiers aussi laids et bruyants qu’incontournables, puisque notre mode de vie les a induit au pourtour des grandes cités. Pourtant, nous constatons une Bonne Nouvelle : ces voies qui longeaient la gare maritime et défiguraient de leurs strates superposées le site sont en cours de disparition, et vont laisser place, semble-t-il, à un véritable bord de mer! Ce sont maintenant les énormes navires du port de la Joliette qui offrent leurs masses incongrues aux promeneurs du raz de mer.
Et de ces transformations titanesques, surgissent aux yeux des visiteurs émerveillés des silhouettes que l’urbanisation galopante avait camouflées, grisaillées, engoncées sous le bitume… Exemple ci-dessous : Sainte marie Majeure, bizarre cathédrale byzantine érigée sous Napoléon III, a repris possession du panorama, enfin dégagée de l’infernal amoncellement de voies aériennes qui l’enchâssaient.
À l'arrière plan du cliché se devine la gigantesque silhouette de la tour de verre qui symbolisera le renouveau de la ville.
Un peu tranche napolitaine je vous l’accorde, mais majestueuse néanmoins. Pour vous reposer l’œil, je propose de poser votre regard sur cette église au combien plus modeste, qui lui tient lieu de voisine.…
19:46 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marseille, travaux, patrimoine | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
06/05/2008
Émotion
Un numéro de portable …et la voix qui répond n’a pas changé. Quelque part sur le canal de Bourgogne, il enchaîne si naturellement et calmement, à mon questionnement :
- Oh oui, bien sûr je reconnais ta voix, elle n’a pas changé du tout !
La sienne non plus n’a pas changé, il parle avec calme et douceur, comme à cette période vieille de…, je n’ose le calculer, mais oui, voilà plus de trente ans, trente-trois même, carrément.
Nous avons longuement échangé des nouvelles, nos enfants respectifs d’abord, bien entendu. Il a une fille de vingt-trois ans, que je n’ai jamais vue, puisqu’il était reparti depuis longtemps. Mais l’oncle Jimmy de mes AA les a vus naître, il a été témoin de tant de nos joies, de nos efforts pour bâtir notre vie et aménager l’Atelier. Durant ces années de bonheur inconscient, il était à nos côtés, plus frère que nos fratries biologiques.
Parfois, quand je rangeais la cuisine en fin de soirées animées, il venait m’aider gentiment à ces petites tâches et nous discutions à voix feutrées, pour ne pas déranger les bébés qui dormaient dans les chambres contiguës. Tandis que des conversations encore fiévreuses qui se poursuivaient dans le séjour jaillissaient de temps à autre les derniers éclats, je m’employais à limiter la pagaille et James ponctuait mes gestes de remarques apparemment anodines … Il cassait la solitude de la maîtresse de maison, il adoucissait le dilemme entre profit des petites heures nocturnes au salon et préparation des biberons de l’aube et autres joies maternantes. Puis, le dernier toujours, il quittait l’Atelier, traversait Paris juché sur son immense vélo antique, pour dormir quelques heures lui aussi et revenir en fin de matinée prêter la main aux interminables travaux entrepris pour transformer le hangar de verre en appartement.
Il y a eu ces dix-huit mois de vie quasi commune, il y a eu l’épisode tragi-comique de sa chute sur la dalle de pierre qui nous servait de table, à cause d’une échelle mal calée. Il y a eu tant et tant d’anecdotes, de gags liés à l’approximation de la langue, de gestes gentils, de mots d’auteur qui dressent nos balises d’amitié:
- Je n’ai pas dit merci parce que chaque fois, on me répond : c’est pas la peine…
Et à moi, ces soirs de fatigue où je ne me sentais plus du tout en forme, à force de petites nuits dans ce chantier voué à l’éternité, il savait me tendre la vaisselle sale avec ces quelques mots articulés de sa voix si douce :
- Euoh toua, Eodil, tou es quand même la Plou Belle !
18:57 Publié dans O de joie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amitié, souvenirs, travaux, ami, américain | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer