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04/11/2008

Trois petits tours et s'en reviennent…

Cette semaine parisienne est passée si vite, si riche de bons moments et de tendresse…

J’ai devancé GéO de quelques jours pour cocooner un peu, retrouver ma nichée en célibataire. Ce voyage s’est révélé instructif à plus d’un égard, je vous prépare une décoction à ma façon.
Entre ma Douce et mon Aurel, nous nous sommes offert quelques doux moments, régalades de fous rires à garder en mémoire. L’avantage de voir grandir ses enfants, c’est qu’à un certain niveau de relation, ils vous considèrent facilement comme la tête de turc, et vous devenez la cible favorite de leurs taquineries. Ce qui, à tout prendre, montre qu’on existe bel et bien et qu’on tient une place singulière dans leur environnement. L’inconvénient d’habiter loin d’eux entraîne une certaine nostalgie qui se compense par la densité des échanges quand nous nous retrouvons. J’aime ces confidences croisées au matin, autour de la séance de manucure, ou l’hilarité d’Aurélien tentant vainement de m’apprendre à piloter, à l’aide d’un stick, un bolide bondissant dans les rues virtuelles d’un circuit. Heureusement qu’à l’écran, la voiture est incassable, il y avait de quoi mobiliser tous les services d’urgence des hôpitaux londoniens !

Autre Grand Moment, la journée passée en compagnie de John et Jean-Claude.
Nous avions programmé le grand palais et L’exposition Picasso et ses maîtres. Naturellement, quinze jours à l’avance, il n’y avait plus moyen d’obtenir les billets coupe fil et nous nous sommes retrouvés le long du serpentin de queue. Mazette ! La chance veut que nous ayons toujours quelques sujets de conversation pour occulter les trois heures d’attente nécessaires pour accéder enfin au guichet d’entrée. Dans la file, les esprits s’échauffaient tout de même et des applaudissements « bon enfant » marquant la fin des deux heures consenties au départ, le ton est monté nettement au cours du dernier tiers, soit une heure pour parcourir dix mètres environ. Eh oui, quand vous êtes si près du but, la marche d’accès au perron du bâtiment si proche semble narguer ceux qui patientent… de moins en moins. Une brave dame dernière nous s’est mis à crier de plus en plus fort, réclamant « plus de démocratie dans l’accès à la culture », s’offusquant sans doute que quelques privilégiés entrés avant nous demeurent si longtemps en extase devant les toiles des Maîtres, bloquant l’accès aux visiteurs suivants…
L’exposition enfin offerte à nos yeux, nous nous sommes égaillés dans les salles combles. Le concept consiste à mettre en parallèle les toiles qui ont stimulé et inspiré le travail de Picasso, de son enfance à son grand âge, et l’on conçoit bien ce travail incessamment mis et remis en place, alors même que l’artiste cherche une voie d’expression différente, la technique et l’inspiration réalisent un aller-retour permanent. Picasso ne renie jamais ses prédécesseurs, il cherche une autre forme. Le fond constitué est richissime, de Zurbaran au Greco (son saint Martin) , Goya évidemment, mais aussi, à ma surprise, deux petits Cranach, Manet, Nicolas Poussin, Ingres, Cézanne, vous pourriez me reprocher de ne pas tous les citer, Delacroix et son célébrissime autoportrait, où l’on mesure le cheminement de Picasso sur deux de ses autoportraits 1901 et 1906, l’approche est intéressante. Bref, égoïstement, nous avons consacré deux larges heures du précieux temps de ceux qui faisaient la queue à contempler toutes les œuvres présentées, à en déguster avec délectation la substantifique moelle, à en boire l’intrinsèque essence jusqu’à plus soif… Mais nous avions tout de même faim… Mes amis m’ont alors invitée à satisfaire cette faim charnelle grâce aux bienfaits de l’omelette aux cèpes, concoctée amicalement par le patron du Sancerre en plein après-midi… Il n’y a décidément qu’à Paris que de telles omelettes se préparent : nos assiettes étaient recouvertes d’un dôme de cèpes de Bordeaux, à l’arôme et la saveur inégalée, à croire qu’il les avait cueillis à l’instant, dans le sous-bois du champ de Mars !

Bref, vous pouvez en juger, de Superbes Grands Moments.

Mais il m’a bien fallu interrompre ce douillet séjour chez ma Douce, et retrouver mon GéO, si généreux de m’avoir prêtée ainsi à mes enfants. J’avais oublié ce que l’expression temps-de-Toussaint veut dire… Rude rappel aux considérations d’un temps révolu… Ce mercredi-là, la température du ciel seine et marnais a refusé de monter plus haut que 3°. Malgré les indispensables allées et venues dans les locaux de Chanteloup, nous étions frigorifiés et bien heureux du feu de bois préparé par André et Éliane à Santeny. Une chaude et chaleureuse soirée, comme toujours, où nous avons fait la connaissance de leurs deux charmantes pensionnaires. Paloma est une adorable petite fille de deux ans, qui a bien vite surmonté sa timidité. Quant à DEAL, que nous avons plus ou moins secrètement promis à Copain, la mignonne est encore un peu agitée, il faudra remettre le moment de convoler, attendre que sa fièvre adolescente passe et offre quelques répits pour apprécier les caresses.

Vous dire que notre petit peuple nous attendait avec impatience est un euphémisme. Inutile de les cantonner derrière la grille à notre retour. On se serait cru à l’Olympia un soir de concert à la belle époque de Johnny ! Après les grandes démonstrations de joie est venue l’heure du bilan… GéO n’étant parti que quatre jours, comment Copain a-t-il pu saccager autant de lampes solaires, de toile verte, de tuyaux d’arrosage, de… J’arrête l’inventaire, on va encore se fâcher tout rouge, piquer une colère noire, lui faire une peur bleue… Arc-en-Ciel de sentiments, que sa langue toute rose a tôt fait de tempérer.

19/03/2008

Paris promis, pari tenu

Sur les conseils avisés de Nucie et de Mireille, nous avions projeté de voir Paris lundi dernier. Nous aimons bien réserver nos soirées de Lundi ou Mardi au cinéma, car ce sont des jours où le public est clairsemé, les salles moins chaudes et nauséabondes, petits avantages qui contribuent au confort de la séance… mais en ce moment, le Mardi, c'est… Maupassant!
Nous voici donc à Aix ce lundi. Le Cézanne se situe près de la Place de La Rotonde, dans une petite rue habituellement déserte. Quelle ne fut pas notre surprise de déboucher sur la ruelle pour slalomer entre les badauds; Les trottoirs encombrés, les files d'attente déjà fort longues nous intriguent. Un panneau retient notre attention:
"Pour le film Bienvenue chez les Ch'tis, réservez à l'avance…" Nous n'en revenons pas, ce film rencontre un succès phénoménal, et nous avons bien apprécié, mais quand même!
Nous arrivons à nous glisser jusqu'à la caisse,et là, surprise: 7 € seulement pour nos deux places! Nous n'en revenons pas, mais la caissière sourit… et ça nous revient, le petit encart annexé à la couverture de Télérama: le Printemps du cinéma, quelle heureuse initiative! Dire que nous avons failli le louper, après s'être évidemment promis d'en profiter. Quelle négligence coupable eussions-nous commise!
Petit apparté socio- économique: À Aix, la place de cinéma plein tarif est à 7,5€, voire 8€ pour certaines productions. Il existe un tarif senior dont je ne peux pas bénéficier pour quelques années encore… Le tarif étudiant, c'est râpé depuis longtemps… ce qui signifie que le budget cinéma d'un couple au revenu moyen est soumis à rude épreuve, puisqu'il faut ajouter environ 3 € de parking. Si l'on opte pour le cinéma du centre commercial le plus proche, le parking sera gratuit, mais la place couramment à 9 €, sans pratique de réduction, autre que les cartes de fidélité , lesquelles ne deviennent intéressantes qu'au bout de 6 à 8 séances, ce qui veut dire qu'on ne choisit plus le cinéma en fonction des films ou des horaires, mais du lieu… Liberté chérie…
Bravo donc pour cette opportunité offerte de profiter davantage des ressources du cinéma… J'ai lu récemment qu'en région parisienne, la municipalité de Bagnolet subventionnait une salle pour permettre au jeune public désargenté de bénéficier de séances à tout petit prix, tant mieux, même si les gros producteurs ( MK2 si ma mémoire est bonne) s'insurge et menace de procès pour concurrence déloyale…

Revenons quand même à Paris de Cédric Klapisch, que nous avons vu dans une salle bondée…
C'est un vrai régal, ce film choral où tous les comédiens sont remarquables, même dans des prestations brèves. Saluons d'abord Karin Viard, extraordinaire condensé de commère commerçante. C'est truculent! Albert Dupontel excelle à la nostalgie, ses yeux se perdent dans les brumes internes de sa mélancolie, il est touchant et très humain. Je ne peux pas citer tous les comédiens, mais retenez qu'il n'y a pas une seule fausse note dans le casting. Même Lucchini fait du Lucchini en mode mineur, ça l'améliore… Romain Duris, grand habitué de Klapisch est très crédible en équilibre entre vie et mort et la répartie adressée à sa soeur ( Juliette Binoche, très crédible elle aussi en femme saturée de difficultés ) touche juste:
" Ne te plains pas, profite… T'as quoi, t'as pas mal, t'as deux jambes, deux bras qui fonctionnent, tu bouges comme tu veux, profite, profite de la vie…".
Tout le thème du film est ainsi résumé et il ne nous reste qu'à adopter le point de vue du personnage, prenant notre part des pages de vie tournées par les différents protagonistes. Certains se rencontrent, se croisent, leurs destins interfèrent ou pas, nous passons tous les jours à côté de situations identiques, dont nous n'apprécions pas assez le sel, faute de recul.
Ce fut donc un beau lundi soir, que nous aimerions vous faire partager…