Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/01/2012

Bonheur et Bien-Être…

 Point d’orgue des échanges dans notre société si bien policée, pas une  seule nouvelle rencontre personnelle ou professionnelle n’échappe à la formulation, quel que soit son degré de sincérité et d’implication.

 

Bonne et Heureuse Année 2012.

 

Afin de souligner l’importance du message, on  met couramment des majuscules à tous les mots. Lorsque l’échange est oral, ce sont nos yeux qui se chargent de souligner l’empathie du locuteur, et l’on s’empresse d’ajouter :

  Et surtout la santé !

Ce qui ne manque pas d’être complété aussitôt par notre interlocuteur :

  Quand la santé va, le reste suit

             Ces formulations rituelles fonctionnent comme un  régissant la bonne marche de nos relations sociales, dernier vestige de deux exquises vertus en voie d’extinction: politesse et courtoisie. Mais j’y vois aussi une défense ultime en pleine œuvre de résistance : cette volonté  de bonheur reste au centre de toutes nos projections individuelles. Les deux premières décennies du XXIème siècle ont parachevé le déclin du Bonheur conçu comme bien collectif.   Dans la confusion idéologique de l’époque présente, entre proclamations  d’intention radicales de nos politiciens et les retraits égotistes de ceux qui se sentent pourvus, le bonheur de chacun d’entre nous ne se jauge pas forcément à la même aune. En ce début d’année, deux interventions différentes m’ont interpellée par leur pertinence et l’intérêt de les partager avec vous, ne serait-ce que pour secouer le scepticisme général.

 

         Fin décembre, j’avais relevé dans un des hebdomadaires que je parcours volontiers, ce dossier consacré au bonheur. La réflexion y était introduite en exergue par cette remarque :

Recevoir, mais aussi inventer son bonheur… Et  si le bonheur était une question de regard, de disposition de l’âme, une façon d’accueillir le bon et le moins bon ?

L’idée n’est certes pas neuve, mais il est peut-être intéressant d’y revenir de temps à autre, ne serait-ce que pour éviter d’en perdre de vue le principe. Notre bonheur dépend de nous, et de l’appréhension de notre vécu. C’est à Martin Steffens, enseignant de philosophie à Metz que revenait le développement de cette posture. Outre l’article qu’il a réservé à La Vie pour le dernier numéro de  2011, il a produit chez l’éditeur Salvator, un Petit traité de la joie, sous-titré consentir à la vie, afin de mieux définir la notion de témoignage.  Avec une simplicité de bon aloi, Martin Steffens nous ouvre la voie par cette évidence : «  Le bonheur, on en est le témoin un peu honteux — quand il s’agit du nôtre— ou un peu envieux — quand c’est celui des autres. Le bonheur, on en rayonne ou il nous éclabousse. » Il est vrai que se dire heureux sonne parfois comme une provocation incongrue, tant la parole semble toujours plus volontiers donnée à ceux qui revendiquent, jusqu’à l’absurde il me semble.     

Contester, grogner, râler,   se plaindre … Quel art de vivre bien français, quand on y pense…

Nos amis d’outre-Rhin, pour amoureux  sincères de la France et de ses mœurs qu’ils s’affichent, s’amusent parfois à souligner combien il est vain d’espérer changer nos (mauvaises) habitudes. Au cours de nos discussions conviviales, ils observent avec malice que les réformes si fréquemment proclamées par nos gouvernants successifs, sont rarement menées à terme, face à l’insurrection levée systématiquement. Nos institutions malades des avantages acquis, nos efforts paralysés par la peur de l’autre et du lendemain,   la méconnaissance des forces  intimes mobilisables contre le Mal, ainsi qu’en témoigne Anne Dauphine Juilliand dans Deux petits pas sur le sable mouillé,son admirable relation du  drame personnel qui a bouleversé sa vie. Tout comme Valérie Donzelli à travers le film La guerre est déclarée, Anne Dauphine Juilliand fait part des étapes cruelles de la maladie qui a emporté sa petite fille. Elle prend le parti d’assumer avoir illuminé les quelques mois de vie de sa petite malade, et déclare « le bonheur ne dépend pas de nos humeurs, il est intimement inscrit en nous.… Le véritable ennemi du bonheur, ce ne sont pas les épreuves, mais c’est la peur. »

 

Quelque temps plus tard, au  hasard des ondes radiophoniques, j’ai entendu l’interview de Thierry Janssen menée par François Bunel sur France Inter.  Ce chirurgien belge  a abandonné l’exercice de son métier  valorisant et lucratif à la suite d’une sorte de burn out et se  consacre dorénavant à la compréhension du dialogue permanent entre notre corps et notre esprit. Nous pourrions, affirme-t-il, gérer plus habilement notre santé  si nous étions plus à l’écoute du sens de nos maladies . Raisonner nos maux, ne pas fuir honteusement les constats réalistes comme le décrié effet placebo, accepter le rôle de notre psyché dans le développement des maladies, apprendre à écouter le langage du corps dans son intégralité.

L’une des étapes- clefs du déroulement de la pensée de Thierry Janssen m’a semblé résumée par ce qu’il appelle l’unicité de notre être : pour lui l’erreur consiste toujours à dissocier les activités du corps et celles de l’esprit. Toute pensée ne peut se développer que par notre corps ; en corollaire, celui-ci n’existe pas sans la perception de l’esprit. 

J’ai relevé  quelques sites où sont exposées les idées de Thierry Janssen qui posent en outre le rapport du Bonheur à la notion de Bien-être.  Ce qui peut sembler un lieu commun, une évidence, mérite au contraire qu’on se reformule intimement cette notion de bien-être intérieur au long de tout  ce que nous vivons. Le bien-être ressenti à un instant T, (coucher de soleil sur une plage aux côtés de l’être aimé, petites étoiles dans les yeux de nos enfants à l’heure du Père Noël, joie profonde  à la réception d’un message amical…), ces bien-être ponctuels sont-ils suffisants pour construire le Vrai Bien-Être atteint quand on réalise  de la pointe des cheveux au bout des orteils que l’on est la bonne personne à la bonne place ?

Si le sujet vous intéresse, je vous suggère les sites suivants :

http://zenbelgique.skyrock.com/618517968-LA-SOLUTION-INTE...

http://www.thierryjanssen.com/

 

 À la lumière de ces petites gouttes qui m’ont abreuvée  ici ou là ces derniers jours, je vous souhaite donc de cueillir en votre sein l’ harmonie complète  qu’on appelle sérénité… 

04/08/2008

Protestants / Catholiques, le progrès !!

Des nouvelles du Monde Moderne, à n’en pas douter !

Que penser de cette comédie macho-religieuse, relevée hier dans les pages de La Vie, sous la plume de Joséphine Bataille, à la rubrique Religion.

On se croirait revenu en plein Moyen-âge, alors que, dans une veine similaire je viens de suivre dans le Lire de Juillet-Août la réponse de Sylvain Gouguenheim à ses détracteurs à propos d’un sujet crucial : au Moyen Âge, l’influence hellénistique a-t-elle touché d’abord le monde chrétien ou plutôt les Lumières de l’Islam … La question semble d’importance, à cinquante ans près… Qu’Aristote ait d’abord été traduit par les moines du Mont-Saint-Michel ou vulgarisé en passant par les sages de Bagdad, voilà un dilemme qui pourrait coûter sa place à ce maître de conférence de l’Université de Lyon. Ce n’est ni du rêve ni de la science-fiction, c’est l’objet d’une vindicte d’importance qui oppose de très sérieux savants, à coups de pétitions et d’intrigues d’amphithéâtres. On peut rester médusé. Toutefois l’article relevé dans le magazine catho d’actualité, La Vie, dont j’apprécie le plus souvent un certain recul face à l’exubérance de la presse d’opinion, nourrit comment dire…un gratouillis de mes neurones. Jugez plutôt :

Dans le 1er paragraphe de l’analyse, on admet que » la crise profonde que traverse actuellement la communion anglicane, et plus précisément L’Église d’Angleterre, pourrait bientôt provoquer une véritable vague de conversions parmi les traditionalistes du courant anglo-catholique ». Ah bon, même Tony Blair est devenu catholique, grand bien lui fasse !

Mais on découvre peu après que « ce n’est pas la question de l’ordination et de la bénédiction des homosexuels qui hérisse ces candidats au départ ». Ouf, nous voilà rassurés, quelle belle ouverture d’esprit sur les évolutions de la société. Mais alors, quelle grave question théologique fait naître ainsi des conversions vers l’Église de Rome, Une et indivisible, comme on le récite si bien dans le Credo ?

Eh bien, je vais sans doute créer un grave choc émotionnel chez mes lectrices, un rien de contentement bonhomme chez certains lecteurs, surtout les mécréants, athées, bouffeurs de curé comme … suivez mon regard . Mesdames, soyez courageuses, nos contemporains chrétiens protestants ( quand même), protestent contre…je cite : « la validation par l’Église d’Angleterre, le 7 juillet dernier, de la consécration des femmes évêques » ! Plus fort quand même que la course philosophique islamo-chrétienne du « c’est nous les 1ers qui avons lu Aristote ». Au fait, entre nous, là, dans le secret de mon bureau-alcôve, les femmes, même si elles savent lire et (rien qu'un peu) écrire, ont-elles vraiment une âme? Enfin, au moins Une âme pour toutes- les- femmes- du- monde- entier, ce serait déjà bien, alors une chacune, faudrait voir à pas exagérer!

Je vous le disais en introduction, en plein cœur de l’été, malgré l’apathie générée par la fournaise dans ce bureau (mon thermomètre signale 34,7° C ) , il faut admettre que les perturbations de la météo anglicane valait bien ce détour.

réf : La Vie n° 3283, article page 31, en date du 31 Juillet 2008

Lire , n°367 été 2008 pages 58 et 59, signature de Marc Riglet, à propos de l’ouvrage Aristote au Mont Saint Michel de Sylvain Gouguenheim, édité au Seuil.