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30/05/2008

La piscine est en crue…

Il y a seulement quelques semaines, nous pleurions sur la sécheresse endémique et les fissures griffant la terre au sortir de l’hiver…

Je me suis largement répandue sur les promesses de prouesses nautiques que le dispositif ingénieux de GéO allait nous permettre, m’appuyant sur ma longue expérience de sept printemps pleins vécus ici, sur ce bout de colline provençale.

Et voici le cycle rompu, Dame Nature, en sa sagesse, sait ménager des ruptures. Elle nous a réservé le printemps le plus pluvieux que les indigènes maximinois aient connu, de mémoire trentenaire, bien sûr…

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GéO s’emploie à vider la piscine, j’ai eu le temps de fixer le niveau de l’eau : record absolu, les skimmers sont totalement submergés et GéO s’inquiète d’un éventuel débordement. Nous voici dans la situation paradoxale d’arroser un jardin saturé par les pluies drues de ces deux jours…

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Sur la bâche, les traînées de boue saharienne sont bien visibles à nouveau, malgré un nettoyage complet mercredi.

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Et notre ourson noiraud, poil hirsute sous la douche improvisée, me suit comme une petite ombre piégeuse, il contourne le grillage qui entoure la piscine et s’infiltre sous la haie de lauriers cerise, histoire de ne pas perdre de vue la maîtresse et son curieux œil noir…

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04/03/2008

Alerte aux processionnaires !

Avec la douceur de ce début Mars, nos activités horticoles se réactivent. GéO a entrepris d’améliorer encore son chauffage de piscine, je reviendrai ailleurs sur ses astuces et leur mise en place.
Ce matin, il entrouvre brusquement la porte du bureau où j’essaie de mettre un peu d’ordre, et m’enjoint de descendre séance tenante :
- Lâche tout de suite ce que tu fais et suis-moi !
Faute d’explications complémentaires, je quitte derechef la pièce et suis mon guide, du rythme alerte et militaire qu’il m’impose, jusqu’au bord de la piscine. GéO stoppe d’un signe du bras notre avancée, et notre petit escadron tombe en arrêt sur un mince ruban ondulant sur le pavement. Issu de la plate-bande gazonnée qui borde la piscine, celui-ci se dirige manifestement vers la bâche bleue qui recouvre le bassin durant la morte-saison.

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En remontant la bande sinueuse vers sa source, nous découvrons au milieu de l’herbe maigre un amas grouillant tout à fait répugnant, réel danger mortel pour notre petit peuple. L’année dernière, la petite chienne de nos voisins a été sauvée de justesse par Lydie, la véto de St Max. Bambou n’avait pu résister à la tentation de jouer avec le serpent ondoyant qui traversait le terrain et fort heureusement Marie-Ange s’était immédiatement alerté en l’entendant gémir, bavant de la mousse. Depuis, nous y sommes attentifs et la première réaction de GéO a été d’enfermer Zuko sur la terrasse, afin de lui éviter pareille mésaventure.

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Comme on peut l’observer sur les photos, la chaîne produite par les processionnaires est exemplaire : elles se tiennent l’une à l’autre en alignement régulier et parfait, comme les maillons d’un collier, par un mince fil de soie qui les maintient en contact. Pour en savoir davantage sur les mœurs de ces redoutables visiteuses, et apprendre à s’en défendre, je vous convie à vous connecter sur le lien ci-après, qui me semble très clair et précis.
http://jpgallou.free.fr/chenilles.html.
JP Gallou recommande de détruire les œufs dès la ponte en fin d’été, ou les larves tant qu’elles colonisent les branches basses des pins qui les hébergent, ce qui est possible donc plus tôt en saison. À Saint Gilles la semaine dernière, nous avons trouvé un de ces nids sur la branche basse d’un petit pin, et Daniel, se munissant de pinces métalliques, a pu déloger le nid et le détruire dans la foulée. Ce matin, il n’est plus temps manifestement, et notre surprise n’est pas tant de contempler la colonne que de constater comment elles émergent de leur nid souterrain. Il faut porter un regard attentif sur le pourtour du monceau principal pour distinguer « l’accouchement » des chenilles, qui se créent chacune leur propre trou d’émergement. Comment s’est constitué le premier regroupement de centaines d’individus tel qu’il apparaît sur la photo, je ne sais pas. Mais je suis fascinée par le frémissement de la surface de terre, prélude à la sortie d’insectes beiges minuscules, ailés me semble-t-il et munis de pattes, qui se faufilent rapidement au milieu des brins de végétation, laissant surgir à leur place la chenille, en position verticale, qui s’extirpe en quelques convulsions, d'où me vient l'image d’accouchement . Une fois que l’insecte s'est hissé hors de son trou, impossible de distinguer l’orifice de sortie ! Voilà ce qui m’ébahit le plus, cette émergence ex-nihilo, disparition totale des traces. Si vous n’êtes pas miraculeusement présent au bon moment, rien ne pourra vous laisser deviner leur présence ; D’ailleurs, depuis combien de temps habitent-elles au bord de la piscine, elles aussi ? Si j’en crois JP Gallou, ce pourrait être un cas de colonisation clandestine à longue durée, et de penser que nous avons marché pieds nus sur ce gazon hirsute pendant tout l’été puis l’automne, alors qu’elles étaient peut-être tapies juste en dessous me fait frémir !

Impossible de laisser ces bestioles poursuivre leur chemin, quel que soit leur but, et les pulsions qui guident leur errance. Notre ami Hans a été l’an passé victime de leur pouvoir urticant, faute d’avoir porté des gants de jardin au moment du nettoyage de printemps. Il a souffert de démangeaisons et de brûlures conjonctives pendant plusieurs semaines, nous ne prendrons pas ce genre de risques. Comme GéO l’a déjà imaginée, notre solution passe par le feu. Impressionnant et barbare, mais efficace.
Au garage, GéO remplit une bouteille d’alcool, munie d’un bec de sa fabrication. Je confectionne une torche dans une feuille de papier journal, et nous nous préparons à allumer ce mini- bûcher expiateur. Sur le pavement autour de la piscine, la colonne s’enflamme très rapidement, et nous assistons, peu fiers, à l’agonie de nos ennemies qui se tortillent lamentablement sous l’effet des flammes. Implacable, GéO arrose le gros nœud qui continue de grossir de minute en minute : il y a là-dedans plus d’une centaine de ces chenilles qui, dans une immense cohue, s’apprêtent à rejoindre leurs congénères.

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Bourreaux méticuleux, nous entreprenons de ratisser et balayer le carnage, et c’est alors que nous constatons la poursuite de l’invasion. À mesure que nous nettoyons l’herbe de ces cadavres, les frémissements annonciateurs de nouvelles « naissances » reprennent et sur un périmètre élargi, les sentinelles émergent, ouvrant la voie à de nouvelles créatures boudinées dans leur robe larvaire. À cet instant, dans ce jardin méditerranéen à peine éveillé de son assoupissement hivernal, naît un sentiment complètement dissonant, une sorte de vécu « gore », l’attaque des processionnaires contre le monde résolument civilisé et policé de vos amis GéOde. Serons-nous vainqueurs des affreuses intruses ? Pour mettre fin à cet insoutenable suspens, rendez-vous dans les prochaines rubriques jardinages…

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29/01/2008

Feuilles mortes…

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La colline où nous habitons culmine à 350 mètres.
C’est une colline à l’écart de la petite ville, toute de garrigue à l’origine, que les maisons ont progressivement colonisée, depuis un bon quart de siècle maintenant.
La terre est de roc, la végétation naturelle constituée de chênes, chênes verts pour la plupart, cistes et genêts, le sol couvert de touffes de thym sauvages, bataillant au milieu de gros cailloux. Quelques pins s’y exhibent aussi, dont on sent bien qu’ils n’en sont pas les habitants naturels, car on croise beaucoup d’entre eux malades ou réduits à l’état de squelettes desséchés, par manque d’eau ou par négligence, quand personne n’est passé pour les abattre après une de ces catastrophes naturelles propres à notre microclimat.
Et puis au milieu de cet amalgame, dans un désordre sans règle ni logique, quelques silhouettes majestueuses s’imposent. Ce sont des Chênes blancs, gigantesques, qui rappellent un peu l’arborescence des chênes du Nord, excepté la nature de leur feuillage.

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Notre jardin n’est pas un terrain apprêté, les jardiniers qui s’y sont succédé, nous compris, finissent par renoncer à domestiquer ce lopin coriace, où quelques poussières de terre dissimulent mal la densité du roc. L’outil le plus précieux ici est la barre à mine, puis viennent la serpette pour les lavandes, le sécateur et ses dérivés pour les tailles. En emménageant il y a dix ans, GéO a investi dans les camions qui livrent de la « bonne terre » et a répandu plusieurs mètres cubes de terre arable en vain. La terre s’est dissoute progressivement dans l’entrelacs de rochers plus ou moins gros, et la nature a repris ses droits. À mon tour, je me suis lancé quelques défis, des centaines de litres de terre de bruyère et quelques essais malencontreux plus tard… Je me contente d’observer les Iris en mai (eux poussent tout seul dans le calcaire), les lauriers roses tout l’été, les haies de Pyracanthas réchauffant le paysage d’hiver. Il fait trop froid pour les Mimosas qui ensoleillent la côte dès Janvier, trop sec pour les arbustes et les fleurs qui s’épanouissent un peu partout en France.
Le charme de notre jardin, c’est son sous-bois… Les chênes verts sont restés en place à la construction de la maison et occupent l’essentiel du terrain. Ils procurent une ombre agréable, leurs troncs frêles se divisent en petits groupes, mais dessous, rien ne pousse. À longueur d’année, les petites feuilles sèches, restées vertes, et les glands minuscules tombent sur le sol glabre ; il faut régulièrement ratisser pour contrer ces promesses de pousses à venir. Fastidieux mais simple.

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Sur ce terrain, nous avons aussi deux splendides Chênes blancs. L’un domine le sous-bois central, l’autre appartient au voisin et déborde largement sur notre allée. C’est celui-ci qui est cause de mon souci.
En s’étalant au-dessus de la haie, ce feuillu ne procure guère d’ombre, dans un passage où nous ne la recherchons pas. Mais il existe à ses pieds une petite plate-bande que GéO a protégée d’un grillage, évitant aux chats et aux chiens d’arroser les touffes de thym et autres timides asters qui se plaisent bien, accotés au mur mitoyen. C’est le point où tout se complique.
Car le chêne blanc, pour imposant qu’il soit, est un despote, qui perd son feuillage de Novembre à Avril. Et des feuilles, il en produit plus qu’il n’est décent. Il faut avoir vécu ailleurs puis ici pour comprendre que la tâche relève du mythe de Sisyphe. Chaque coup de vent, chaque pointe de gel provoque une chute partielle qui jonche l’allée et s’insinue sous le roncier de la plate-bande. Trois ou quatre grosses poubelles sont alors nécessaires pour retrouver un peu d’ordre… Jusqu’au petit coup de mistral suivant. Cette année, une exceptionnelle série de jours pluvieux a rompu les lancinantes périodes de vent d’ouest, et notre chêne s’est très vite défeuillé, pour mon contentement. J’allais
entrevoir la fin de la corvée. Que nenni ! Jugez plutôt sur pièce et regardez cette branche basse qui me nargue.

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En dépit des fureurs du Mistral et des pluies abondantes, les feuilles rousses et sèches, survivantes des gels matinaux vont continuer à s’accrocher ainsi jusqu’aux bourgeons d’Avril, où enfin elles cèderont la place aux pousses suivantes. Il me reviendra alors d’épouiller une nouvelle fois les thyms en fleurs, les lavandes et tous les épineux qui offrent un abri à la feuillée récalcitrante.

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