23/02/2014
Fable à part ( suite)
De son royal perchoir, Corbeau le Hautain
Arborait son majestueux butin.
Maître Renard, rompu aux courbettes,
Parvint enfin au pied de l’auguste silhouette.
À force de ronds de jambe et de flatteries
Le courtisan joua sa fortune sur son baratin
Étalant sans honte sa vile flagornerie.
— Eh Messire Renard, que vous êtes baveux,
Que votre verbiage me semble ennuyeux
Sans conteste, si votre courage
Ressemble à vos papotages,
Je gage, pour votre outrecuidance
Le gain d’un aller simple à la potence !
À ces mots Renard comprend sa méprise
Prend ses pattes à son cou, rompant là sa vantardise.
À notre connaissance, il court encore, qu’on se le dise !
18:49 Publié dans Conte-gouttes, Sources | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fables, parodie, à la manière de, détournement de fables, la fontaine, acl | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
22/02/2014
L'amour de nos jours…
À portée de clavier, nos cœurs battent numériques
Abolir ici bas une solitude inique
La solution s’offre sur Meetic
Qui ne tenterait Fortune en quelques clics ?
Une Gisquette en mal d’amour tomba sur un Costaud
Bodybuildé comme une icône de magazine porno.
Bluffée par ses reliefs musculeux et vexée d’être roulée comme une paille,
Chez Musclor elle prend pension et travaille sans faille
À sculpter sa taille tout en béton, ça prend un bail…
Plus habile à poster des selfies, sur les réseaux elle vérifie ses avantages,
À renfort de like et de follower , elle guette les babillages.
Rien n’y fait, le faraud ne calcule pas son personnage.
La chétive retourne à l’ouvrage
Redouble d’efforts, de souffrance et s’entraîne jusqu’au claquage.
Epuisée, elle disparaît des écrans sans y laisser le moindre pixel.
Ne cherche pas à cloner ton profil, même pour la frime
De peur de te dissoudre dans la foule des anonymes
Maigrichonne ou replète, pour plaire joue plutôt du violoncelle.
12:21 Publié dans Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, acl, mise en mots, parodie de fables, la fontaine | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
10/11/2012
Sous les étoiles de Néoules
Sous les étoiles de Néoules
Vous doutez-vous qu’il y a foule ?
La nuit d’ici ouvre la voie aux rêves
Qu’ Émile le conteur cueille sans trêve.
Ce soir, il offre à l’auditoire sa chanson brève
Mais la nuit, la nuit noire de Néoules
N’est pas fille servile au conteur malhabile
Largant son récit au hasard versatile
« Sur le miroir glacé du lac, Camille pêche les comètes
Qui s’y reflètent, vacillantes sous les risées nocturnes.
À la pointe de la nuit, il accroche les lucioles célestes.
Dans sa sacoche de brume, il amasse sa parure d’étoiles.
Camille destine sa pêche joaillière
À Ludivine la Mutine,
La gamine orpheline a touché son cœur solitaire.
L’infante réfugiée au faîte d’une ruine fantasmée
Par la grâce de songes patiemment semés
A campé la tour crénelée
Où elle enjolive son destin imaginaire.
Autrefois, l‘homme logeait aux marges du village.
Il ne songeait jamais à la douceur des mots anodins.
Mais l’innocence insolente a chassé son chagrin.
La force de l’enfance a consolé ses larmes.
Ludivine la Mutine dessine à force de charme
Sur les joues burinées l’offrande souriante de doux présages.
Mais l'héroïne s’ennuie en attendant son pêcheur de lune.
À force de guet sur la margelle fictive
Elle s’endort en oubliant sa veillée attentive.
Le pêcheur s’obstine à sa quête de fortune
Aux éclats si fragiles que le point du jour assassine.
Là-haut, sur son parapet futile
Ludivine assoupie frissonne et vacille
Son corps flexible tremble et penche vers l’infortune… »
—Émile, réveille-toi, romps là tes bavardages
Alarme ton ami Camille
Car le sort est cruel pour la Mutine en péril
Oh la nuit, la nuit noire de Néoules
N’est pas tranquille pour les rêveurs puérils,
Insensibles aux dangers des rêves abandonnés
Captive de ses songes, Ludivine bascule dans le vide.
La chute de l’Infante provoque un choc brutal
Dans l’assemblée pétrifiée. La foule se presse avide
Autour du petit corps éclaté, privé de souffle vital…
— Qu’as-tu donc en tête, sinistre conteur,
Colporteur d’horreur ?
Repoussant vivement les participants impuissants,
Anéantis par le sort fatal de leur princesse endormie
Et l’absence coupable de son pêcheur d’astres luisants,
Sur ce cri, la Gitane a surgi au milieu du public ébahi.
Sa longue silhouette se dresse auréolée de jupons
Virevoltants, flammes de voiles vives comme un blason.
Estella, Estella, la foule murmure,
Estella diseuse de bonne aventure
— Enfin, elle est revenue. Que n’est-elle plus tôt survenue!
À défaut d’autres blâmes, la bohémienne magicienne
Se penche au sol et ramasse la poupée de chiffons.
En gestes tendres et précis, elle caresse le pantin, restitue sa tenue
Le pose alangui sur son cœur, et lance à l’adresse du conteur confondu
— Allons, Émile, faut-il encore répéter ce message qui t’oblige
À éviter les cimes, les marionnettes sont sujettes au vertige!
Oh la nuit, la nuit noire de Néoules
N’est pas limpide pour les rêveurs puérils,
Insensibles aux dangers des rêves malmenés
Sous le firmament étincelant des étés étoilés.
PS: Ce petit conte concocté pour l'atelier de Néoules, j'en ai remanié la chute, grâce à l'astuce de Christophe. Ce qui m' a paru amusant, c'est l'attitude face à notre propre texte, où le regard collectif nous engage à modifier l'angle de vue. Comme la plupart des assistants, je crois, notre fin improvisée est bien meilleure que l'originale, simplement parce qu'alors, nous avions du recul par rapport au travail initial.
17:21 Publié dans Blog, Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, slam, conte, acl, néoules, rêves, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
16/03/2012
Trente-six heures avant…
Travail ce jour sur l'idée que l'Apocalypse arrivera dans trente-six heures…
L'idée est d'abord dérangeante, surtout quand Christophe écarte d'emblée les recours aux adieux déchirants de nos êtres chers… Et puis, le crayon se met à aligner sur le papier des mots qui parlent de Moi…
Et finalement, j'accepte cette proposition. Simplement. S'il nous reste trente-six heures à vivre, que s'unissent une bonne fois mon âme et mon corps pour jouir de cette éternité!
Trente-six heures, le délai est très court !
Mon esprit reste figé au bord de cet abîme,
Impossible de choisir comment occuper le décompte…
Qu’est-ce qui pourrait me sembler plus important que la jouissance de l’air du petit matin qui emplit mes poumons,
Me gonfler de cet instinct de vie, respirer, inspirer, aspirer, expirer… Non , pas ce mot-là…
Retenir mon souffle et jouir de toutes les sensations
Emplir à ras bord une mémoire qui explosera bientôt en un Néant étincelant.
Saisir en une seule brassée de souvenirs hurlant les corps de tous ceux que j’ai aimés, touchés, embrassés, enlacés, bercés, soignés, nourris, de la tendresse de mon amour…
Trente-six heures… Il en reste combien maintenant ?
Ne pas s’affoler.
Il n’est plus temps de trancher et d’établir des priorités…
Qu’ai-je fait du temps que j’ai gaspillé ?
Rien qui mérite qu’on y ancre une existence,
Puisque demain nous serons tous éparpillés
Dans le Grand Oubli…
Alors, j’irai là-haut…
Tout en haut de la colline qui domine la mer
Et je me noierai à force de regarder les flots bleus.
Je m’assiérai sur les pierres brûlantes de soleil,
J’irradierai mon corps de lumière et de chaleur
Et quand je saurai que ma peau desséchée sera saturée ,
Quand je ne capterai plus la lumière par mes yeux brûlés
Quand mon corps ne sentira plus la joie du sang qui bat sous le derme
Alors, je saurai que le couperet est prêt à tomber
À l’ultime seconde, je sauterai dans la mer
Je noierai l’idée même de mon existence sous l’écume trop blanche.
19:22 Publié dans Blog, Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Écrire, poésie, acl, apocalypse | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
11/04/2011
Tant de printemps…
Il y a dans la vie des printemps qu’on ne vit pas toujours à vingt ans.
Il y a des printemps en fleurs et des printemps en pleurs.
Il y a des printemps en hiver et des saisons à l’envers.
Sur la planète bleue, les couleurs s’encanaillent
Sur la palette tous les verts virent en pagaille
Vert tendre, vert anis, vert amande, vert d’argent …
Nos prunelles s’ensoleillent sous ce foisonnement.
L’attente est trompeuse qui s ’accroche à l’habituel
Des ardeurs d’accouchement dans ce rituel,
Espérance ou Bienveillance d’une Mère Nature
Parfois si tendre, parfois si crue et dure …
22:39 Publié dans Conte-gouttes, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, poésie, rituel, acl, printemps | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
28/03/2011
A C L…
Comme chaque année, les prémices des beaux jours activent en nous des fourmillements. Les plus rationalistes d’entre nous mettent sur le compte des fameuses hormones ces désirs de changements, ce bouillonnement d’idées nouvelles, cet engouement d’activités renaissantes, voire même un regard soudainement critique vers nos silhouettes enrobées… Selon les âges, les goûts, les préoccupations fondamentales des uns et des autres, le Renouveau de la Nature sonne l’heure des branle-bas de combat dans la garde-robe, des régimes drastiques pour contrer l’invasion des bourrelets, des résolutions et des projets de villégiature…
Eh bien qu’on se le dise, pas pour moi !
Je me remets au travail !
Si, si, vous pouvez me croire. Enfin, quand je dis travail, le mot est un peu trop connoté. Nuançons : j’ai résolu de travailler davantage mon bon plaisir d’écrire. Vous voilà rassurés !
J’ai une petite théorie bâtie au fils de mes ans…Ma vision de la vie est que nous passons notre temps à faire des rencontres, qui influencent nos décisions et pèsent sur nos choix, ce qui oriente nos cheminements, qui nous poussent à aller ici ou là plutôt qu’ailleurs… Ce qui génère d’autres rencontres qui… Bref, le hasard et la nécessité se donnent souvent la main pour ménager au fil de nos destins des surprises. À nous de slalomer entre accidents et catastrophes, et de ne pas manquer de rebondir sur les trampolines à bonnes idées. Ma rencontre avec Christophe Forgeot au moulin des contes en décembre dernier m’est apparue appartenir à la seconde catégorie.
J’ai donc cheminé une partie de l’hiver sur l’idée d’intégrer un Atelier d’écriture, pour voir… Au mois de mars, l’activité a démarré à Néoules et ma foi, après deux séances, je conviens volontiers que l’expérience me paraît positive. Le fait de se réunir à cinq ou six personnes disposées à partager leur goût des mots et leurs envies d’écrire, de ménager des temps d’écoute attentive et réciproque alternant avec les défis de créations à vif, sur un thème imposé ou une structure modélisée, c’est amusant, revigorant pour les neurones. En fait, c’est l’exact pendant des séances hebdomadaires de gymnastique auxquelles je soumets mes articulations et ma musculature. (Parce que j’ai bel et bien une musculature, peut-être discrète, mais… réelle !)
Donc, grâce aux Ateliers de Création Littéraire ( ACL) de Christophe Forgeot*, j’entends bien, deux fois par mois, verser un peu d’huile lexicale dans les rouages de mon cervelet, asperger d’engrais mes lobes temporaux, colmater les fuites de mes synapses par injection de reviviscence grammaticale, ensemencer les friches de mes champs cognitifs, soumettre mon imagination à l’entraînement intensif d’exercices inventifs, fantaisistes ou techniques.
Bien entendu, je ne saurais manquer d’arroser mes gouttesd’o à cette source régénérante.
* À titre informatif et pour les souris intéressées par la démarche, le blog poétique de Christophe Forgeot figure ici http://christopheforgeot.artblog.fr/
Poète aux activités multiples, son parcours est disponible sur Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe_Forgeot
J’ ai également apprécié la page du site ci-dessous intitulée Être sensible.
http://membres.multimania.fr/mirra/poeForgeot.html
19:23 Publié dans Blog, goutte à goutte, Loisirs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, atelier, acl, christophe forgeot | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer