13/08/2014
Une part de ciel
Claudie Gallay n’a décidément rien perdu du talent qui lui permet de mouler ses personnages par la seule force des mots. Dès l’incipit du roman, la narratrice prend vie à travers l’écriture d’un récit en forme de journal où elle note les conditions de son retour dans la vallée de son enfance. Carole retrouve son frère Philippe et sa sœur Gaby, qui n’ont jamais quitté la région. En ces premiers jours de décembre, Carole ne sait pas encore quelle sera la durée de son séjour, mais le motif de son voyage apparaît rapidement telle une convocation quasi immanente de leur père. Celui-ci s’est fait une spécialité d’adresser à sa famille des boules de verre contenant paysages et flocons de neige artificiels en guise d’avertissement de ses passages prochains. Ces messages impérieux autant qu’imprécis agissent toujours sur la fratrie, assignation à une attente inquiète nourrie de souvenirs et d’espoirs…
Le fond des préoccupations de Carole s’épanouit sur cette vacuité forcée aux cours de l’expectative sans limites provoquée par l’envoi du vieil homme. La narratrice retrouve dans cette vallée retirée les connaissances qui ont accompagné sa vie jusqu’à son départ pour d’autres horizons. Entre-temps, Carole s’est mariée, est devenue professeur de cuisine dans un lycée professionnel en même temps que traductrice pour un éditeur de Saint -Étienne. Mais son compagnon— qu’elle nomme toujours le père des filles— l’a quittée et celles-ci, devenues adultes, viennent de partir aussi pour de lointaines expériences. Le cœur de Carole est vide et lourd, disponible pour la nostalgie et l’introspection.
J’aime l’art de Claudie Gallay qui sait dessiner avec vigueur des personnages entiers, sincères et durs : Les trois membres de la fratrie, aux destins bien différents, mais aussi moult personnages secondaires dont les silhouettes peuplent avec vraisemblance les paysages brumeux et pluvieux de la montagne industrieuse. Les états d’âme de ses personnages permettent de développer tout à tour bien des aspects de la vie, conférant une valeur universelle aux cas particuliers décrits. Il est question avec finesse de l’avenir de cette vallée, entre respect des activités traditionnelles et pulsion d’ouverture à une économie touristique, mirages de profits et de dynamisme social. Au plan personnel et affectif, ce retour aux sources peut-il réchauffer les cendres du passé ? Que propose Jean, ami d’enfance et premier amour avec ses multiples attentions ? Que dit cette chasse aux clichés de l’attente et des ombres qui couvent dans les non-dits des habitants de la vallée ?
Le nœud de l’affaire se pressent dans le rapport de Philippe et de Carole à Gaby, la benjamine. Elle est des trois celle qui semble la plus perdue, celle qui fait toujours les mauvais choix, celle que la vie n’aime pas. À la manière du Petit Poucet, Claudie Gallay sème tout au long des lignes du roman des éléments de souvenirs qui peu à peu s’organisent comme les pièces du puzzle de Diego, le restaurateur. Dans le passé, la famille a vécu un terrible drame, l’incendie de leur maison, au cours duquel leur mère, figure tutélaire détenant le pouvoir idéalisé d’aimer, a dû choisir… Et ce choix, forcé ou non, a inscrit de manière indélébile l’avenir de chacun.
Tout est là, cette responsabilité que nous portons à notre égard comme à celui des êtres que nous aimons : Nos parts d’ombre et de lumière, nos élans et nos obstacles, nos pulsions de vie et nos désirs de mort. Les touches de peinture que posent les mots de l’auteur révèlent les drames intimes et les réparations fragiles. La surprise, en toute analyse, apparaît justement dans le secret des forces accumulées dans l’adversité. Qui s’en sort le mieux ? Qui vit au plus près de sa nature profonde ?
La réussite de ce roman tient pour partie au contexte social et économique que Claudie Gallay excelle à bâtir. Elle est également une fine observatrice de la nature dont elle sait transmettre la beauté quotidienne, celle qu’on ne voit plus à force d’y vivre, autant que la grandeur quand les circonstances deviennent inhabituelles ou dangereuses. Elle développe surtout une manière d’écrire au ras de l’âme des personnages, donnant à chacun le ton exact qui l’habille de vérité. Je tiens une part de ciel pour une de mes meilleures lectures de ces dernières semaines et j’ai plaisir à partager mon admiration pour cette écrivaine. Puissiez-vous y trouver le même contentement…
Une part de ciel
Claudie Gallay
Actes Sud (août 2013)
ISBN : 978-2-330-02264-8
16:39 Publié dans Blog, Livre, Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lecture, roman, claudie gallay, littérature française | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
10/08/2014
Lune mutine
La lune est mutine et joue à cache-cache dans le ciel de Provence…
Et les moustiques s’en donnent à cœur joie, dessinant sur mes jambes des colliers de perles roses, gonflées de poison qui démange.
Prédateurs en action, ça donne des frissons
Cet été orageux profite aux insectes, mais il allège aussi les corvées d’arrosage, regardons le bon côté des choses. Et puis la piscine, a enfin retrouvé sa transparence, la bataille contre les algues a été rude, mais Géo ne s’est pas découragé…
12:21 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : été, orage, anodineries, lune | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
06/08/2014
portraits…
11:04 Publié dans goutte à goutte, O de joie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : portraits d'enfants, famille, petits-enfants, photos | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
05/08/2014
Paternité
Des flots de mots ont coulé sur la Maternité…Et le sujet n’est pas clos, loin s’en faut… Mais en ce beau mois de Juillet, c’est la Paternité nouvelle de mon fils qui m’émerveille et m’émeut.
En témoignent les photos qui abondent pour illustrer mon propos, et cette anecdote relatée ce matin par le nouveau SuperPapa :
« Dimanche, grosse frayeur au jardin : une abeille s’est posée sur le visage d’Eve, se promenant du menton au front en passant par la bouche et les paupières. Ça a duré 15 secondes, les plus longues de ma vie. J’ai réussi à ne pas paniquer. D’abord, j’ai essayé de la faire monter sur mon doigt tout doucement, puis finalement j’ai obtenu qu’elle dégage sur une feuille de sopalin froissée.
J’ai revu la scène en cauchemar cette nuit, c’était vraiment flippant. »
Tant de vigilance me touche :Aurélien fin prêt pour la grande aventure, et il en a pour de longues années…
19:44 Publié dans goutte à goutte, O de joie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maternité, paternité, famille, enfants, petits-enfants | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer