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17/12/2007

Ma Crèche

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Samedi matin, j’ai monté ma crèche.
Seule dans la maison, je me suis décidée à passer à l’action… La mi-décembre est arrivée et nous n’avons commencé aucun préparatif, honte à nous !
Pourtant, les listes des petits-enfants de GéO sont complètes, voilà une jolie motivation…
Manque encore quelques souhaits de proches, manque aussi les nôtres. Que pourrions-nous bien désirer pour Noël ? Nous sommes ensemble, nous sommes heureux, nos enfants semblent tous bien se porter, et mieux que ça… Il y a du Bonheur dans l’air, et ça, c’est Le Cadeau.
Pourtant, côté magasin, rien ne vient. … Aucune envie particulière de rouler nos bosses dans les rayons surchargés, et mes doigts ne décident pas davantage de pianoter vers les pages des sites spécialisés. Panne de Noël. C’est certainement la première fois que ça m’arrive…
Et justement, ce matin en feuilletant l’un de nos multiples magazines hebdomadaires, il me saute aux yeux que la chronique de Philippe Mérieux, vilipendant les dépenses superficielles et inutiles de la période, voisine, par un bien curieux hasard, avec la page des cadeaux recommandés ! Bizarre cynisme de la part de la rédaction, c’est marrant… Bon, ces journalistes ont une bonne excuse, certains articles plébiscités sont produits sous le label « commerce équitable », ouf, ça justifie la dépense…
Parce que cette dépense, elle est incontournable…
Essayez, pour voir, de vous dire que vous n’allez rien offrir à votre cher et tendre ou aux prunelles de vos yeux… Vous tenez cinq secondes, puis vous les imaginez les mains vides au moment de se souhaiter Bon Noël, et là, franchement, non, ça ne le fait pas…, Et oui, nous irons remplir notre hotte, demain…

Ce samedi matin aurait dû être neigeux, il n’est que pluvieux, ce qui tient déjà du miracle, enfin, plutôt du phénoménal…
Décidée à mettre tous les atouts de concentration et d’allégresse de mon côté, j’installe dans la chaîne les CD qui me tentent : Orphée et Eurydice, oratorio génial de Monsieur Gluck, œuvre subtile et dynamique, ( tiens- tiens , je sens revenir une petite période baroque …) servie dans ma version par Shirley Verret, Judith Raskin et Anna Moffo, excusez du peu… Ce n’est certes pas récent, mais quelles voix !
L’ouverture tonitrue dans le séjour tandis que je découpe les rubans adhésifs qui ferment ma boîte… Je dispose délicatement les sujets retrouvés sur la grande table et installe sur le confiturier le support en bois que GéO a assemblé, voilà quelques années. Le papier qui sert de décor est encore impeccable, l’opération en est simplifiée. Me reste à aller chercher ma Provende de mousse et petits morceaux de végétation pour planter mon décor. Sous la pluie, c’est moins charmant, certes, mais encapuchonnée sous ma doudoune et munie du sécateur et d’une pelle plate, me voilà le cœur léger dans le jardin… J’ai abandonné Orphée à son deuil, mais qu’importe, je ferai marche arrière sur le programmateur… Ce moment de cueillette procure un contentement puéril, une vraie bouffée de fraîcheur retrouvée… Il est là, ce sens de Noël qui me manquait tant ! Ces préparatifs réactivent des émotions oubliées depuis que nos noëls sont devenus des fêtes d’adultes…
GéO est résolument athée, méfiant en diable de toute incursion du religieux dans sa vie. La dimension spirituelle de Noël n’existe définitivement pas dans sa sphère. De plus, depuis que nous préparons des festivités ensemble, j’ai remarqué qu’il se prête sans enthousiasme à la chasse aux cadeaux, exprimant souvent une désaffection qui va bien au-delà d’une simple phobie shopping assez masculine… . Pour ma part, j’ai conservé malgré les aléas cette vivifiante envie que quelque part, quelque chose de BEAU et BON nous accompagne et nous attire. Une croyance enfantine mais structurante, fortifiante comme des vitamines spirituelles, un phare pour traverser les orages et dépasser les mesquineries et emmerdements de la vie ordinaire. Notre différence de vue n’empêche nullement GéO de participer à la réalisation technique de ma mise en scène, je crois même qu’il s’en amuse.

Revenons à nos Santons. Ma récolte est propice, j’ai détaché dans le sous-bois de petits pavés de mousse drue, brillante et chatoyante. Reconstruire comme une mosaïque mes parterres de verdure s’annonce facile. Quelques rameaux de thuyas ramassés après la taille de la semaine passée, une extrémité de branche prélevée sur un olivier figureront une forêt, à tout le moins des bosquets, fichés dans la terre dont j’ai empli deux verres à liqueur. L’Amour, par la tonicité de Judith Raskin encourage Orphée à chercher son Eurydice jusqu'aux enfers , je me laisse transporter par l’éternité de cette quête… Voilà, Noël arrive sur ces harmonies retentissantes, et mon humeur s’illumine à cette résonance…
Reste la mise en scène de mes personnages : J’ai limité ma scène à treize Santons, plus trois moutons, un lapin, le bœuf et l’âne, ces derniers comptant presque pour des personnes…
À cet instant, je m’amuse comme une gamine dans une maison de poupée et mon divertissement me ramène à ces fantaisies déistes qui font le nid d’une littérature imaginative. Je décide de l’ordre de mes figurines emblématiques que sont les Santons provençaux… Je tire les ficelles d’une mini-société que j’organise en fonction de critères capricieux.
Pour ce matin, je n’irai pas plus loin dans le destin des personnages… Je ne remodèlerai pas toute l’histoire…

Oui, ce matin, ma crèche m’a réconciliée avec l’esprit de Noël, loin des mélopées figées des cantiques, du rythme alourdi d’un rituel sectaire, détachée du cérémonial mercantile racoleur et vain des magasins.
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