14/04/2013
Dimanche à la campagne
Il s’est fait attendre, mais le voilà, le premier dimanche printanier…
Il se reconnaît bien sûr aux parures multicolores qui se trouvent partout, balcons et plates- bandes, parterres chamarrés des parcs, jardinières des centres commerciaux, pas de jaloux :
Ah, il devait être difficile de trouver une chaise libre dans les jardins publics cet après-midi !
Pour nous qui n’avons pas besoin des belles allées du Luxembourg pour aérer nos mines hivernales, il existe d’autres repères qui permettent d’anticiper la promesse de farniente…
— Pii pii pii tirlouit, pii pii pii tirlouit…
Dès potron minet, l’appel pressant résonne.
Est-ce dû au printemps tardif , il me semble que cette année le concert est encore plus insistant que d’habitude. Comme si la gent oiselle voulait rattraper le temps perdu.
Mais la véritable caractéristique d’un dimanche printanier à la campagne ne se limite pas aux chants des oiseaux, qui se fichent comme d’une guigne du jour de la semaine. Non, ce qui marque vraiment le dimanche à la campagne, ce n’est ni les cloches de la basilique appelant à l’office dominical, ni l’odeur des barbecue qui sont encore en stand-by, ce sont les bruits de tondeuses et de Kärcher qui sont entrés en action. Le premier dimanche de printemps n’est pas celui où l’on s’invite à partager le rosé et la côtelette grillée. À la campagne, il faut d’abord nettoyer, couper, gratter, frotter le mobilier de jardin…
En ville, les citadins se sont promenés.
Dans les campagnes, les ruraux ont briqué.
Vivement lundi, qu’on aille se reposer au boulot !
Demain, la colline nous sera rendue à l’écoute des tchii tchii pirlouit !
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13/04/2013
Chagall au musée du Luxembourg
Le retour du soleil donne des envies de lumières, de couleurs et d’audace. L'occasion de raconter hier à nos amis ma visite à Chagall au musée du Luxembourg le mois dernier nous donne envie de prolonger les bienfaits de cet enchantement. L’exposition parisienne est intitulée Une vie entre guerre et paix, et permet de prendre la mesure d’un destin chahuté par les turbulences de l’histoire. Nombre d’adolescents, trop jeunes pour les avoir vécus, peuvent ainsi comprendre combien le XXème siècle, si proche encore, a été une période historique mouvementée.
Mais Chagall l’exilé possède l’incroyable vertu de surmonter les horreurs vécues par le pouvoir de ses couleurs et de sa vision onirique. L’espace, dans ses œuvres, perd la lourdeur de la gravité. Les perspectives s’ouvrent autant horizontalement que verticalement, les plans se superposent et s’enroulent avec grâce.
Un des thèmes dominant célèbre toujours l’amour, et le moment précis du Mariage comme acmé du bonheur :
Le déroulement de l’exposition montre l’enracinement dans les origines, et la peinture devient une relation du vécu, une narration sublimée des horreurs du pogrom, à la symbolisation des racines :
Impossible de ne pas être touché par le syncrétisme spirituel que nombre d’œuvres mettent en évidence. Marc Chagall possédait une lucidité spirituelle qui lui a permis d’illustrer bien avant les Églises le rapprochement de nos symboles religieux :
Toutefois, évoquer Chagall sans nommer la puissance de sa palette, ce serait ignorer la rémanence des couleurs qui continuent d’enluminer notre vision bien longtemps après que l’on ait quitté les lieux. Les bleus, les rouges, les jaunes, la lumière étrange qui auréole les traits, contribuent à l’intensité des œuvres, même quand beaucoup d’entre elles ont été réalisées sur des récupérations de carton.
Paysage bleu
bouquet et cirque rouge
cantique des cantiques
Certes, de notre côté, nous attendons toujours avec impatience l’ouverture du Mucem, qui nous promet un panorama des arts méditerranéens. Cependant, Jocelyne et Jean Pierre ont mis dans leur poche à surprises une autre adresse qui méritera le détour, pour tous les heureux habitants de la région comme pour tous ceux qui s’apprêtent à la grande migration vers le Sud. Depuis le 8 mars dernier et jusqu’au 5 janvier 2014, les carrières de Lumières des Baux de Provence sont le cadre d’une exposition projection d’œuvres regroupées sous l’appellation « Monet, Renoir... Chagall. Voyages en Méditerranée ». La palette est bien plus large que le titre ne le laisse entendre: s’y côtoient , outre les maîtres cités, Vernet, Signac, Cross, Camoin, Derain, Vlaminck, Manguin, Valtat, Matisse, Bonnard et Dufy.
À bon entendeur…
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