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05/12/2014

Rituel matinal aux douceurs anodines

 

Ça commence dès potron-minet, quand le jour peine à percer l’épaisseur des  rideaux. J’ai beau me retourner sous la couette, enfoncer la tête plus pesamment dans le duvet de l’oreiller, rien n’y fait. Au bout de quelques minutes, mes jambes gambadent sous le drap,   je n’ai plus le choix, le lever devient impératif.  À contrecœur, je me résigne à quitter la tiédeur de la couche, abandonner la chaleur moelleuse du sommeil,  enfiler à la hâte le gros pull informe qui traîne à portée,   et renoncer  au silence engourdi de la chambre.

Dans la cuisine, la nuit est déjà oubliée: depuis ses multiples sources, la lumière  électrique triomphe facilement de la clarté timide qui s’anime à travers les vitres. Je voudrais éteindre et profiter un moment  de la douceur tendre de ce bout de ciel, l’esprit accordé à la lente sagesse du lever astral.

Plafonnier et néons ne sont pas les seuls ennemis des petits matins calmes. La vie frémit ici sous toutes les fourrures, les truffes noire et rousse de Copain et de Gus sont parties à l’assaut des caresses, sous mes mains, le long des jambières de mon pyjama, les chiens hument bruyamment l’odeur de la maîtresse retrouvée après la longue absence nocturne. Les queues battent le rythme  sourdement sur les portes des meubles, frappent la cadence métallique au coin  du radiateur, couvrant à peine l’éructation vaporeuse de la cafetière.

 Aux bruits de la maison s’ajoute maintenant l’odeur forte et caractéristique du breuvage. L’appel du café   prend la dormeuse vaincue par le bout des narines. Tous les sens captifs du rituel,   même la chaise  tend sa galette rembourrée juste à ma place habituelle, devant la tasse fumante où un nuage mousseux tourne délicatement.

— Tiens,    dit-il,  tu arrives à point…