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10/04/2009

Erreur de la banque en votre faveur…

Chronique cinéma vu depuis  le Rébubéou.


Hier soir, nous nous sommes extirpés de notre colline et ses senteurs de romarin en fleurs, nous avons faussé compagnie à notre Petit Peuple  pourtant bien énamouré,    et nous avons mis le cap sur une petite  comédie, histoire de lâcher nos zygomatiques et de lutter contre les montagnes de nouvelles négatives qui pleuvent  dans nos oreilles, pèsent  sur nos consciences, engourdissent les volontés, même les plus résistantes et déterminées …

Peu friands à priori des pitreries  kitsch de  Gad Elmaleh et son Coco, méfiants  à l’égard des vantardises chasseresses de Safari, nous avons tout simplement choisi une petite comédie dans l’air du temps, servie par Gérard Lanvin et  Jean Pierre Darroussin : Erreur de la banque en votre faveur, de Michel Munz et Gérard Bitton.
Bien nous en a pris.
Nous avons bien ri, peut-être pas de ce rire innocent et revigorant de la comédie culte type Bienvenue chez les Ch’tis… Mais d’une manière réjouissante et perfide, les deux compères, qui ont réalisé autrefois La Vérité si je mens (1 et 2), décortiquent pour un public justement interpellé,   les arcanes des délits d’initiés. Oh pas façon vengeresse comme l’a fait Chabrol dans l’ivresse du pouvoir, non plutôt farce et attrape du genre "tel est pris qui croyait prendre."

Julien  Foucault ( Gérard Lanvin), maître d’hôtel au service d’une grande et vénérable institution bancaire privée deux fois centenaire, a reçu son préavis de mise à l’écart, sèche, malgré ses dix-sept ans de loyaux services…La  banque d’affaires se modernise et envisage d’externaliser les somptueux repas au cours desquels se trame le sort des grandes entreprises qui  gèrent la marche du monde. La course contre un malheureux cafard  met tout à coup Julien,  en position d’entendre les secrets de ceux qui tirent les ficelles. Aussi, quand il constate, malgré son zèle, l’incommensurable dédain  dans lequel le tient son  futur ex-employeur  Espinasse (Philippe Magnan), arrogant à souhait, il cède à la tentation bien naturelle d’utiliser les informations qu’il a été amenées à entendre. Julien a l’heurt d’être  l’ami du délicieux Étienne (Jean Pierre Darroussin), adolescent de 45 ans, qui perd son talent de grand chef dans la cuisine d’un gargotier populaire.   Le hasard, il en faut dans les scénarii, leur permet de rencontrer l’homme de la situation, ce qui les amène à mettre à profit les secrets boursiers qu’ils détiennent. Mais quand on est issu de la classe laborieuse, comment rester insensible aux difficultés des voisins et connaissances ?…  Peu à peu le cercle des bénéficiaires s’agrandit…Et donne l’occasion de scènes savoureuses, où la morale et les faiblesses humaines sont justement croquées,   sans jugement de valeur,   mais avec une finesse réjouissante. Chacun en prend pour son grade, sans charge excessive, par un jeu de  petites touches faussement innocentes.
Ajoutez à ces portraits deux intrigues amoureuses pour assaisonner la vie perturbée de nos deux acolytes, et vous obtenez un délicieux moment de cinéma. À recommander en cas de crise de morosité ou si votre banquier vous chatouille trop méchamment pour quelques euros manquant à votre crédit. Au fait, le banquier…n’a-t-il pas commis une erreur en votre faveur ? Voilà une petite phrase qu’on aimerait bien entendre plus souvent.