12/06/2011
Tête-à-tête
Délicieux tête-à-tête avec Mathis, trois jours volés au quotidien et à GéO, moments de tendresse et de complicité avec mon petit-fils…
Nous ne nous étions pas vus depuis février.
Autant dire l’éternité pour Mathis, qui n’a pas encore la pratique des souvenirs…
Bien que nous prenions soin de lui faire entendre le son de ma voix au téléphone, notre bout de chou n’a pas pu mémoriser mon visage, mon odeur, ma manière de me mouvoir, mes intonations et mes rires, tous les indices qui constituent la présence d’un être à vos côtés, tout ce qui manque pendant l’absence …
Mercredi fut une rude journée … Il a fallu de longues heures à ce petit bonhomme pour vaincre l’angoisse de l’inédit: j’étais arrivée la veille au soir cependant, le temps de prendre nos mesures respectives, bain et dîner sous le regard encourageant de Papa et Maman, Mathis s’était montré avenant. Mais voilà, la porte refermée sur la valise de Papa, Maman déjà en vol au-dessus de l’océan… Un abîme d’angoisse s’est ouvert dans le cœur de ce petit homme livré à l’abandon…
À la mi-journée cependant, les esquisses d’une première intimité se sont manifestées…
Un nouveau gros câlin sur le canapé, quelques rires et chansonnettes, je me suis allongée pour soulager mon dos… Mon escargot (ah ! les dents en préparation) s’est autorisé à ramper sur mon ventre et lentement, il est venu pointer son index sur mon visage, poussant l’audace à caresser mon nez… Le souffle d’un ange glisse entre nos regards, Mathis observe attentivement ma face si proche… Un sourire naît du fond de sa prunelle noisette, détend les contractures du visage, étire à peine les commissures de sa bouche… Est-ce gagné ?
La confiance se gagne par étapes. Nous sommes allés goûter avec Jeanne et Sidonie, le temps d’une balade au Parc, Mathis apprécie les retrouvailles avec son univers habituel… Le retour à la maison n’en est que plus cruel ! Loin de la détente, le rituel du bain est devenu mon Trafalgar… Mais le miracle est venue d’une intuition maternelle… Il n’y a qu’une mère pour sentir ces choses-là : le temps d’une pause entre deux réunions, Ma Douce appelle pour prendre des nouvelles. Miracle ! Au son de sa voix, Mon petit Bonhomme oublie son chagrin et retrouve le goût de sa soupe… Pendant que nous bavardons (mon angoisse à moi, c’est qu’Audrey se noue les tripes en pensant que son petit n’est pas bien…) Mathis ouvre grand sa bouche, ses yeux s’illuminent de reconnaissance… Maman encourage une bouchée, puis deux, dix… Nous arrivons au fond du pot, Mathis a dîné royalement!
La chambre est plongée dans la pénombre, volets tirés sur les émotions de la journée… Nous nous installons sur le fauteuil pour l’histoire du soir… Mathis se laisse faire, il s’abandonne au creux de mon bras, puis se redresse sans à coups, tirant sur mon col, il s’appuie sur mon torse, pose la tête sur mon épaule. Je ne bouge plus. De longues minutes, je murmure à voix basse de tendres petits mots d’amour, le souffle de l’enfant me répond, d’abord encore hoquetant, il s’apaise progressivement…
À la détente de ses muscles contre mon corps, je sais qu’il s’est endormi, serein, confiant…
Je pense au Renard du Petit Prince et je sais que notre tête-à-tête sera prodigieux…
19:37 Publié dans goutte à goutte, O de joie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, journal, famille, confiance, joie | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer