02/11/2010
Villa de rêve ( 1)
La Villa Ephrussi de Rothschild
En ce long week-end pluvieux, je vous propose la visite virtuelle de deux minuscules royaumes de rêve ouverts sur la Méditerranée, deux Villas au sens romain du terme, où nous avons pu pénétrer début octobre, à l’invitation d’Edmond.
Nichées toutes deux entre Villefranche et Beaulieu, elles occupent chacune un promontoire, et il faut être esthète et curieux comme notre mentor de ce jour pour dénicher de tels sites. La morale de l’Histoire soulignera que parfois la fortune est bien dispensée, entre les mains de mécènes avisés et pertinents, capables de concevoir et d’ériger des édifices prodigieux, pour leur plaisir d’abord, pour la pérennité d'un raffinement offert à tous, la conservation des lieux étant depuis assurée par l'investissement d'associations culturelles dédiées.*
Quittant Nice vers l'est, la balade s'initie d'abord sur la moyenne corniche où nous marquons une halte pour capturer ce panorama époustouflant :
En abordant le Cap-Ferrat, notre guide reste vigilant car les indications qui mènent à la Villa Éphrussi de Rothschild sont discrètes, dissimulées en plein virage, comme pour préserver le mystère du paradis conçu par Béatrice de Rothschild, au début du XXème siècle.
Richement dotée par sa naissance (1864) autant que par son mariage avec Maurice Éphrussi (1883), Béatrice de Rothschild a mis à profit son éducation et ses dons d’esthète, confiant à Jacques Marcel Auburtin, entre autres, la réalisation de ce petit palais particulier au milieu d’un immense jardin de sept hectares, qu'elle acquiert en 1905 sur la presqu’île de Saint Jean Cap-Ferrat. Il faudra cinq ans (1907-1912)pour finaliser ce projet hors pair, et la légende veut que la baronne Éphrussi en personne ait trié sur le quai de la gare de Beaulieu les chef-d’œuvres acquis à travers l’Europe pour enjoliver sa réalisation. Bien que peu connu sous ce nom, la luxueuse villa de Béatrice est baptisée Île de France, elle s’amuse en effet à comparer la forme de son terrain au pont d’un navire; elle pousse d'ailleurs la métaphore en obligeant ses jardiniers à porter des bérets semblables à ceux des marins, anecdotes révélatrices d'un esprit original et indifférent aux qu'en dira-t-on.
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Les visiteurs découvrent l’entrée du bâtiment après avoir gravi une longue allée bordée de luxuriante végétation, que les regards des curieux dominent pour admirer la côte en dessous.
Un véritable petit palais Toscan, tel qu'il apparaît au détour de la cour ornée d'un faux puits… Au fond à droite, la rotonde qui abrite la salle à manger du restaurant…
À ce moment de l’année, le soleil est encore ardent et le déjeuner** dans les jardins permet de goûter l’ambiance du lieu, le raffinement délicat des extérieurs autant que l’élégance de l’architecture, illustrée par les teintes roses des murs soulignées d’embrasures et de colonnades blanches.
Le génie de l’architecte a dessiné un écrin de végétation original pour mettre en valeur l’édifice
La visite des appartements révèlent bien d'autres découvertes, nous sommes sidérés par la richesse des collections réunies par la baronne Béatrice, des porcelaines de Sèvres au mobilier créés par les ébénistes les plus réputés du XVIIIème siècle. Ses détracteurs lui ont reproché un art de vivre à la Marie-Antoinette, mais les admirateurs actuels des objets exposés ne peuvent que se féliciter de la création de collections aussi somptueuses dont voici quelques exemples:
les porcelaines :
le mobilier magnifique et la garde-robe d’apparat, dans une mise en scène qui illustre parfaitement le mot boudoir, tel qu'il se rencontre dans les récits de Dumas…
quelques tapisseries délicates, broderies ou décors muraux,
Les architectes ont veillé à permettre un large panorama sur la mer depuis les larges baies vitrées des salons de réception autant que de la chambre et le boudoir de la Baronne.
L’atmosphère de la chambre de la maîtresse des lieux comblerait d’aise plus d’un visiteur, tandis que le Patio intérieur, véritable reproduction des Palais italiens de la Renaissance, outre l'élégance de sa structure, offre une galerie de peinture sans pareille, exposant des oeuvres du XVème siècle dignes des plus grandes collections. :
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Notre visite se poursuit dans les jardins étagés sur le promontoire. Nous sommes accueillis justement par la bande sonore d’une valse viennoise, dont les accents entraînants commandent le jeu des jets d’eau…
Tandis que les tortues s’offrent une pause bain de soleil, notre valeureux photographe s'entraîne à marcher sur l'eau, question de foi, n'est-ce pas?
Petite halte bien méritée, avant de gagner la Joliette aménagée, où nous tombons sous le charme de la femme au bain :
Nous quittons ces lieux enchantés, jetant un dernier regard sur le pavillon qui garde l’entrée de ce petit royaume issu d’un conte de fées moderne :
* Depuis 1991, la Villa Ephrussi de Rothschild est restaurée et mise en valeur par l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France, qui l'a achetée et gère ce patrimoine. De plus amples renseignements sur le site:
http://www.villa-ephrussi.com/fr/ephrussi/
** il est en effet possible de se restaurer à la villa Ephrussi, soit dans la vaste salle à manger en forme de rotonde, largement éclairée de hautes baies vitrées, soit dans les jardins, à l'ombre de pergolas charmantes. Les mets proposés sont simples mais exquis, et la cave peut attirer les amateurs de dégustation sans pièges: les bordeaux sont livrés de Gironde et proposés à des prix sans concurrence pour ce genre de crus… Inutile de préciser que nous n'avons pas boudé notre plaisir…
12:52 Publié dans Blog, goutte à goutte, Sources, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal de voyage, villa ephrussi de rothschild, saint jean cap ferrat, collection d'art, architecture, palais, jardin | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer