Ressentir (09/11/2007)

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La fraîche coulée de l’eau glissant sur mon corps surchauffé.
Il existe plusieurs façons d’entrer dans l’eau, selon l’humeur. Lui préfère plonger, sans même se mouiller d’abord la nuque ou le ventre, il ne s’attarde pas à regarder la masse ondoyante sous lui. Du bord de la piscine ou du pont du bateau, il plonge dans le mouvement, surtout attentif à conserver le rythme de sa démarche.
Je pratique les variantes, miroir de mes ressentis. Très souvent prudente, nuque douchée, mes pieds jaugent d’abord, puis les mollets jugent jusqu’aux genoux, avant de lancer mes cuisses dans l’étau de fraîcheur jusqu’à sentir qu’enfin ma peau se décontracte et accepte la sensation. Alors d’un coup, sans plus réfléchir les nuances de températures, je me fonds dans le liquide, ventre, poitrine, épaules, cou.
Il faut attaquer ces premières brasses par coulées goulues, comme on boit cul sec. Et quand ma respiration se débloque, se tourner et retourner comme un phoque et assurer à ceux qui sont restés sur le plat-bord :
- Mais venez enfin, elle est si bonne !

Et puis au deuxième ou troisième bain, l’astuce pour retrouver cette délicieuse rupture de température, c’est de lézarder suffisamment, face A et B. Prendre le temps d’y penser, de faire naître l’envie, le désir intense de fraîcheur. Imaginer, paupières closes sous les lunettes sombres la couleur verte mentholée et le scintillement de la masse fraîche, à deux pas. Si on le peut, écouter attentivement le clapot, très important le clip clap quand on a chaud, si chaud que des gouttes de sueur dessinent des rigoles abhorrées sur le buste. Il devient impératif de laver cette disgrâce. C’est là qu’il faut vite se lever, jeter les lunettes sur le premier siège rencontré, secouer la tête pour chasser le bourdonnement du sang dans les oreilles, avancer jusqu’à recroqueviller les orteils sur l’extrême bord de la planche, penser plié- tendu… Cette fois, la sensation vient par la tête, la nuque s’annonce premier récepteur, la plénitude de la sensation éclate quand le corps se cambre à la remontée.

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